Les festivals de cinéma se poursuivent dans le royaume. Celui de Marrakech est bien au dessus du lot. D'autres brillent par leur aspect thématique, à Salé, Tanger, Khouribga, Tétouan, Agadir...Tous trouvent un cinéma où passer leur cinéma. Sauf la capitale du Souss qui abrite un thème attractif, mais trouve toutes les peines du monde à placer ses bobines de projections. Cette année encore, le festival Agadir cinéma et Migrations refait surface, en début de mars prochain. La traditionnelle cérémonie d'ouverture sera très probablement marquée par la présence d'Amine Sbihi, ministre de la Culture. Sa présence à cet événement d'envergure qui souffle, cette année son édition, est très attendue, d'autant plus que ce sera, sans conteste, le premier responsable de ce département qui, sans doute, acceptera d'honorer une aussi prometteuse activité thématique nationale. Durant quatre jours d'affilée, les festivaliers et les grandes foules vivront, à coup sûr, des moments de haute intensité à la fois émotive et cognitive. De par son caractère convivial et festif, cette tradition tisse constamment les fils de partage et de communion entre une flopée d'artistes jeunes et une cohorte de visiteurs de la cité et sa banlieue. Les multiples séquences de tares et d'avatars que vivent les compatriotes dans les pays d'accueil font aussi émerger des sentiments de compassion et de révolte, au creux du contexte migratoire dilemmatique. A la fois passionnel et passionnant, le menu proposé dont une partie relève d'un registre caricatural ne manquera pas de hardiesse et d'ardeur, crânement entrepris par des jeunes talents, en pleine aventure artistique. La manifestation sera pareillement caractérisée par la diversité des volets mis en avant, joignant l'utile à l'agréable. En effet, outre les projections, plus de trente films du long au court et documentaire, ce rendez-vous de taille auront le mérité d'étendre savamment l'éventail de l'offre pour mettre à contribution une série de rencontres à caractère idéel et scientifique autour de l'industrie du cinéma et ses messages, à travers des conférences qui seront animées par d'éminents experts en la matière, des professionnels, des chercheurs. Cet axe qui insufflera à ce bouquet éclos une pimpante touche de débat sérieux et accrocheur, pour se propager aussi dans l'enceinte de l'université qui se taille, pour le reste, sa part de participation dans cette fête symbiotique. Comme à l'accoutumée, le festival d'Agadir Cinéma et Migrations conviera une multitude de stars marocaines qui ont imprimé, encore une fois, à ce rassemblement, une note d'intimité de liesse avec les fans qu'ils ne cessent pas de côtoyer et choyer. Il est bien clair que, au-delà des programmes variés et attractifs que l'association Al Mobadara, organisatrice de cet événement annuel, a bien eu le soin de mettre sur pieds, le festival se distingue, chaque année, par cette sorte complicité émotionnelle qui unit les vedettes de cinéma marocain et leurs fans. Cependant, après la disparition du cinéma Salam, c'est au tour désormais du cinéma Rialto de fermer. Deux monuments culturels historiques qui ont fait vivre aux générations des moments pathétiques avec les géants du cinéma mondial. Une métropole comme Agadir, second pôle économique, première station balnéaire du royaume et dépositaire de Souss Al Alima, bastion de la science, de la création et de la connaissance, est donc privée de l'une de ses assises infrastructurelles culturelles les plus notoires. Cinéma Rialto était non seulement un havre de projection cinématographique, mais également un âtre soyeux de débats sereins des chefs d'œuvre lors des séances de ciné clubs, de meetings politiques et de prestations théâtrale et musicale. Le festival d'Agadir Cinéma et Migrations qui souffle aujourd'hui sa première décennie est, sans doute, orphelin de son parrain dont on s'évertue à signer l'attestation de décès. A moins qu'on ne le rouvre rien que pour cet événement. On ne peut que déplorer cette situation déconcertante qui, en fait, vient crucifier, sur l'autel du massacre, un des rescapés de survivance, Cinéma Sahara, en état de délabrement alarmant, connaitra-t-il le même sort ? On peut toujours comprendre l'état désastreux dans lequel se trouve une bonne partie de nos cinémas, du fait, justement, que les gens ne vont plus au cinéma et ont sûrement perdu cette fameuse maxime «qui aime la vie, va au cinéma». Devant cet abandon, les propriétaires vivotant, se trouvent dans l'obligation de fermer boutique et d'aller voir ailleurs, où le foncier devient alléchant. De même, il faut bien dire que ces même gens, contaminés par les mutations profondes du commerce et l'urbanisme, ne cherchent plus à investir dans le cinéma aussi aléatoire que velléitaire, surtout qu'ils ne déploient aucun effort pour restaurer et rénover son local transformé en taudis. Cependant, il serait incivique de sacrifier un patrimoine culturel et sociétal qui appartient, dorénavant, à toute une conscience collective. C'est le cas du cinéma Salam qui git toujours tel un pachyderme éventré et, maintenant, le cinéma Rialto qui tire sa révérence au grand dam des populations. Un débat profond auquel sont conviés les institutionnels, les élus, la société civile, les professionnels... pour sortir la ville du marasme de la privation consternante.