Adieu Tatum... Le football national en deuil. Il vient de perdre un de ses géants. Brahim Zahar, connu sous le nom de Tatum, a rendu l'âme, mardi dernier à Casablanca, à l'âge de 77 ans. Né le 25 mars 1935, feu Brahim Zahar qui doit son surnom de Tatum à sa ressemblance impressionnante avec le vrai Reece Tatum, joueur de la fameuse équipe américaine de basket-ball les Harlem Globe Trotters, avait également joué au basket dans sa jeunesse avant de trouver sa raison d'être dans le football. Il pratiquait le basket dans le vieux quartier casablancais Imam Ghazali à Derb Lihoudi où il a grandi aux côtés de ses deux frères, Ahmed et Mokhtar, en compagnie de fabuleux footballeurs de l'époque résidant à Derb Soltane. Son coin préféré a toujours été le café «Ba Allal» aux côtés de ses amis et copains du vieux quartier Al Ahbass. Feu Tatum, un retraité de la Samir, a frappé dans son premier ballon dans les années 40. Il a joué dans les quartiers et les terrains vagues de Derb Soltane, où il faisait partie d'un groupe de gamins de l'époque comme Mustapha Bettache, Driss Bennis... et Bennouna, entre autres. Chacun d'entre eux avait son idole qu'il essayait d'imiter en assistant à des matches de football opposant plusieurs joueurs qui évoluaient en France et qui avaient rejoint le Maroc en 1946, pour cause de la deuxième guerre mondiale. Ces virtuoses du ballon rond avaient comme noms Larbi Benbarek, Lahcen Chicha, Khamiri, auxquels s'étaient joints Abdelkébir Zhar, Petchou, Omar Beggadi, Naoui, Simohamed Soubiss, Bouchaib Morceau et Ahmed Ould el Byad... Ils constituaient les véritables stars d'une équipe à Derb Lihoudi, venant jouer pratiquement chaque après-midi des matches sur la grande place située devant la mosquée d'Al Habous. C'est là où Feu Tatum a appris les premières notions de football, même dans des conditions difficiles, car il faut se lever tôt le matin pour avoir un ballon et disputer des matches à pieds nus. Tatum, qui avait comme idole Omar Beggadi dont il appréciait beaucoup la détente pour marquer des buts de la tête, a été formé dans son quartier pour aller briller en équipe nationale, même s'il n'a pas beaucoup joué au championnat national. Son club d'adoption reste l'USA, au sein duquel, il a fait ses premières armes de 1949 jusqu'à 1953 sous la direction de Lolich, qui dirigeait une équipe composée essentiellement de Français dans un tournoi post indépendance, vu que le Maroc était encore sous protectorat français. Tatum, qui a brûlé les étapes, est passé par les minimes et cadets avant d'être intégré directement en équipe «seniors» sans passer par la catégorie des juniors de l'USA qui s'entraînait à cette époque dans l'actuel complexe du WAC, alors que les matches se jouaient au terrain de l'Idéal. Tatum a porté également les couleurs de l'USM avant de partir en France en 1955 rejoindre Abderrahmane Belmahjoub à Paris pour suivre un stage, d'abord avec les amateurs du Racing Club puis, juste après, avec les professionnels du club parisien. Il a eu le mérite de jouer quatre saisons au Racing Club de Paris, avant d'être prêté à Besançon en 1958 pour une année et la saison suivante sous les couleurs d'Alex aux côtés de Khalfi. En retournant à Paris en 1960, il a évolué sous les couleurs du club Athletic de Paris en seconde division aux côtés de Tibari et M'barek. Mais c'est à Bordeaux que Tatum allai s'éclater durant trois saison de 1961 à 1963 avant de passer à Bastia avec laquelle il a réussi l'accession en division des grands, la saison suivante. Il finira sa carrière professionnelle à Beziers, en 1965. Feu Tatum, avec une carrière riche de 10 ans de professionnalisme, avait toujours pensé à l'équipe nationale du Maroc à chaque fois qu'il est sollicité par Feu Ahmed Antifit, le fin connaisseur de l'âge d'or du football national. Le beau souvenir de Tatum reste le match barrage contre l'Espagne pour la qualification au Mondial de 1962, et où l'équipe du Maroc n'a pas démérité, même en s'inclinant difficilement à Madrid comme à Casablanca. Tatum qui faisait partie des cinq joueurs issus de Derb Lihoudi et d'Al Habous qui ont affronté la sélection d'Espagne, à savoir Mustapha Bettache, Abdellah Zhar, Jdidi et Larbi Ben Mbarek, a brillé dans d'autres matches contres de grandes équipes qu'il a souvent surprises avec ses coups de tête comme l'Algérie, la Tunisie, l'Egypte ou encore la France, l'Italie, la Hongrie, l'Espagne... Voilà une belle carrière d'un grand footballeur qui vient de nous quitter définitivement et dont l'âme restera à jamais gravée dans les mémoires des footballeurs, aussi bien marocains que français. Toutes nos condoléances sincères à sa famille, ses proches et ses amis. Repose en paix, Tatum. Que Dieu ait ton âme en Sa Sainte Miséricorde.