Il y a quelques années, un ex-ministre de la Santé était tout fier de pouvoir annoncer à l'assistance, venue l'accueillir dans cette région montagnarde déshéritée, l'ouverture de quelques dispensaires ruraux. Aussitôt qu'il a entamé son allocution, il fut vertement apostrophé par un jeune militant politique, très énervé : «Nous les gens d'ici, nous n'avons pas besoin de pénicilline, nous avons besoin de pain, ou au moins de routes pour pouvoir aller le chercher ailleurs. Vouloir nous maintenir en vie dans le dénuement, cela ressemble à du sadisme». Gêné, le ministre répondit : «Avouez qu'en bonne santé, les gens pourront sûrement produire leur pain ou se déplacer pour le chercher. Et sans santé, c'est vraiment rien... ni thé, ni pain, ni boursin». La forte phrase du militant a, tout de même, fait tilt. Le gouvernement a mis cette région au centre de son intérêt.