L'année 2011 a été particulièrement riche pour la diplomatie marocaine qui a réussi à confirmer un certain nombre d'acquis cumulés durant la dernière décennie. De la promotion de l'intégrité territoriale de notre pays, jusqu'au rapprochement entre le Maroc et son entourage maghrébin, arabe, africain et européen, en passant par le renforcement de la présence du Royaume dans les plus hautes instances politiques et économiques mondiales, l'appareil diplomatique a multiplié les succès durant cette année, à marquer d'une pierre blanche. “Le Maroc est en droit d'être fier des acquis réalisés au niveau de sa diplomatie politique, économique et sociale, lesquels doivent être renforcés pour relever les défis du 21ème siècle, notamment ceux relatifs à la mondialisation et à la crise économique internationale”, a déclaré à la MAP M.Tajeddine El Houssaini, professeur universitaire et membre de la commission des personnalités éminentes de l'Organisation de la conférence islamique (OCI). Concernant la question du Sahara, placée en tête des priorités, M. El Houssaini estime que la diplomatie marocaine a réussi à convaincre la communauté internationale du bien-fondé de l'initiative marocaine accordant une large autonomie aux provinces du Sud dans le cadre de la souveraineté nationale. Besoin d'une diplomatie offensive et convaincante pour consacrer davantage la prééminence de l'initiative marocaine d'autonomie Tout en s'appuyant sur les acquis accumulés à la faveur de la multiplication des annonces de retrait de reconnaissance de la prétendue RASD et de la large adhésion suscitée autour de l'initiative marocaine d'autonomie, la diplomatie “doit jouer à fond ses cartes pour expliquer davantage la richesse et la pertinence de l'initiative marocaine”, ajoute cet expert auprès de l'Académie du Royaume. Il plaide, dans ce sens, pour une mobilisation sur tous les fronts et le déploiement d'une politique offensive au niveau des organisations internationales et régionales, dans la perspective de l'adoption définitive de cette proposition par le conseil de sécurité de l'ONU qui l'a déjà qualifiée de crédible et sérieuse. La pertinence et la dynamique insufflée par l'offre marocaine ont été d'ailleurs saluées par nombre de personnalités et instances étrangères qui ont réitéré leur soutien résolu au projet d'autonomie. A titre d'illustration, le député européen M. Gilles Pargneaux considère que le plan d'autonomie est de “nature à réconcilier et sécuriser la région tel que nous le souhaitons, nous les parlementaires européens”. L'initiative marocaine a eu aussi des échos positifs auprès du Royaume-Uni. Le parlement britannique a estimé, ainsi, dans un rapport sur les élections législatives au Maroc, qu'”en 2007, le Maroc a fait une initiative sérieuse pour faire avancer les négociations (sur la question du Sahara), en offrant une autonomie au territoire sous souveraineté marocaine”, rappelant que l'ancien Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations-unies pour la question du Sahara, avait conclu en 2009 que “l'indépendance n'était pas une option réaliste” pour régler la question. Le Maroc, partenaire pour la démocratie du Conseil de l'Europe, une distinction particulière confortant le Royaume dans ses choix stratégiques Après le Sahara, le rapprochement avec l'Europe constitue le deuxième grand succès de l'appareil diplomatique marocain. Quatre ans après le statut avancé, l'octroi au Maroc du statut de “Partenaire pour la démocratie” auprès de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, illustre la crédibilité de l'expérience démocratique et des choix stratégiques du Maroc, tout en consolidant un partenariat stratégique très étroit. “Maintenant que le Maroc est devenu notre premier partenaire pour la démocratie, le Conseil de l'Europe acquiert une dimension nouvelle. Une dimension qui peut être comparée à ce que nous avons vécu après la chute du mur de Berlin”, s'est félicité Mlvut Cavusoglu, président de cette institution parlementaire paneuropéenne à l'issue du vote à l'unanimité de la résolution entérinant ce statut. Pour M. Taj Eddine, le statut avancé et celui de partenaire pour la démocratie sont des acquis qui doivent être renforcés par un travail constant au niveau de l'Union pour la Méditerranée (UpM) dont le secrétaire général n'est autre que le Marocain Youssef Amrani. C'est dans cet ordre d'idées que le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, avait déclaré que le Maroc est un acteur “absolument essentiel” de l'Union pour la Méditerranée qui doit favoriser “l'intégration régionale intermaghrébine escomptée dans le cadre de cette Union”. L'intégration inter-maghrébine, une option stratégique Cette intégration maghrébine a longtemps été érigée en priorité de la politique étrangère du Maroc, qui a réaffirmé, à maintes reprises, son engagement en faveur de l'édification de l'espace maghrébin en tant que choix stratégique, opportunité économique et exigence sécuritaire, un engagement qui a été exprimé au plus haut niveau de l'Etat. Dans son discours du 6 novembre dernier, à l'occasion de la célébration du 36ème anniversaire de la Marche verte, SM le Roi Mohammed VI a affirmé que “le Maroc réitère sa disposition à tout mettre en œuvre, tant sur le plan bilatéral - et notamment avec l'Algérie sœur, dans le cadre de la dynamique constructive actuelle ‘ qu'au niveau régional, pour la concrétisation commune des attentes des générations présentes et à venir qui aspirent à l'avènement d'un ordre maghrébin nouveau”(‘), qui “serait un véritable moteur de l'unité arabe, un partenaire agissant de la coopération euro-méditerranéenne, un facteur de stabilisation et de sécurisation de la zone sahélo-saharienne, et un acteur structurant de l'intégration africaine . C'est dans ce cadre que s'inscrit la main tendue du Maroc en vue d'une normalisation des relations et d'une réouverture des frontières entre les deux pays. Selon Tajeddine El Housseini, une normalisation avancée des relations entre le Maroc et l'Algérie, considérés comme les principaux piliers de l'intégration maghrébine, est de nature à favoriser l'édification du Grand Maghreb, condition de survie face aux enjeux de la crise économique mondiale. A ses yeux, le vent de changement démocratique qui souffle dans la région représente une occasion judicieuse que la diplomatie marocaine doit saisir pour relancer le processus d'intégration maghrébine. C'est d'ailleurs cet engagement irrévocable du Maroc en faveur du rapprochement entre les pays du Maghreb qui a déterminé sa position vis-à-vis de l'offre d'adhésion au Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui lui a été adressée en mai dernier. “Nous sommes toujours disposés à coopérer avec le CCG, mais en protégeant la relation historique que nous avons avec la région du Maghreb”, a affirmé le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Taib Fassi Fihri, qui voulait lever tout équivoque sur l'engagement de principe que le Maroc a pris vis-à-vis de l'Union du Maghreb arabe (UMA). La diplomatie marocaine engrange les dividendes du processus de démocratisation en cours dans le Royaume Outre son succès en matière de raffermissement des relations entre le Maroc et son entourage arabe, la diplomatie marocaine peut se targuer d'avoir pu mettre en valeur, à l'échelle internationale, le processus de réformes enclenché dans le Royaume depuis le discours historique du 9 mars dernier. C'est ainsi que l'influent G8, qui regroupe les plus grandes puissances économiques du monde, a décidé, en septembre dernier, d'inclure le Royaume parmi les pays soutenus financièrement pour leurs réformes, ce qui faisait dire au journal El Pais que “Rabat a réussi à marquer un autre point au Maghreb, sur le plan géostratégique”. Certes, cette nouvelle vague de démocratisation a été pour beaucoup dans le vote massif en faveur de l'élection du Maroc comme membre non permanent du Conseil de sécurité, ce que la France a considéré comme une consécration de la diplomatie “responsable et efficace” du Maroc sur le continent africain. Il s'agit, selon Tajeddine El Houssaini, d'un autre signe de prestige que la diplomatie marocaine se doit de mettre à profit pour défendre son intégrité territoriale. Pour le politologue et professeur de droit, Mustapha Sehimi, le meilleur capital qui doit être mis en avant par la diplomatie marocaine, c'est “le label réformes du Maroc”. “La valeur ajoutée dont dispose le Maroc, par rapport aux précédentes décennies, est bien la démocratisation engagée depuis une dizaine d'années et dont le scrutin du 25 novembre dernier est une nouvelle illustration”, relève-t-il dans une déclaration à la MAP.Mieux encore, en réussissant cette épreuve de démocratie, le Royaume peut inspirer, d'après M. Sehimi, d'autres pays voisins pour réussir consécration d'un système démocratique.Autant de réalisations et autres qui ont fait de la machine diplomatique marocaine un puissant levier de promotion de l'image du Maroc à l'échelle mondiale et de défense de ses intérêts suprêmes. Toutefois, le besoin se fait sentir, plus que jamais, pour la mobilisation de tous les intervenants, officiels ou non, de manière à créer une réelle synergie autour des grandes causes nationales et à accroître la force de frappe de l'appareil diplomatique. M. Sehimi souligne ainsi la nécessité de développer une diplomatie parlementaire et de la société civile qui œuvre côte à côte avec la diplomatie étatique. De nos jours encore, ces deux types d'action diplomatique, qu'on appelle communément diplomatie non-gouvernementale ou diplomatie parallèle, demeurent sous-investis.