L'emploi moins loti, le tourisme gâté Difficile de croire que le PLF 2013 marque la fin d'une époque ou le début d'une nouvelle ère des réformes. Le budget général de l'Etat, tel qu'il est présenté par le ministre de l'Economie et des finances, en cette période un peu particulière, ne manque pas de paradoxes. Nombre de ministères dits stratégiques, comme celui de l'Emploi, de l'Energie et des mines ou encore de l'Equipement, ont vu leurs dotations se rétrécir -ou du moins stagner- en comparaison avec celles de l'année dernière. Difficile à comprendre, sauf si l'argentier du royaume a d'autres variables d'ajustement que l'on ne connaît pas. Bien entendu, d'autres ministères, comme celui de la Santé publique et du Tourisme, ont vu leurs budgets augmenter de manière plus ou moins significative. De là à dire que 2013 annonce un monde nouveau, c'est ignorer les pathologies du Maroc d'aujourd'hui. On a cette impression que le projet de loi de finances n'a pas osé faire émerger les nouvelles priorités du pays, ou tout au moins crayonner le nouveau modèle de croissance. L'ambiance de récession que vit le monde aujourd'hui serait-elle une raison pour réduire les ambitions du Maroc de l'après Constitution ? La question, qui taraude les conjoncturistes, est de savoir quels seront les ressorts dans les 12 prochains mois de l'économie nationale. Tabler sur la demande intérieure pour tirer la croissance est un autre paradoxe de ce PLF qui, pour la première fois, pioche dans les salaires pour boucher quelques trous budgétaires. Malmenée par ces nouvelles taxes, la consommation des ménages risque de tomber en panne. En dehors de cela, l'économie marocaine parviendra-t-elle à trouver les voies d'une croissance équilibrée ? On s'interroge. L'autre paradoxe, dont on parle peu, celui de l'inflation du coût de la vie. Car, jusqu'ici, la question du pouvoir d'achat, qui a mérité tout de même une place de choix dans la campagne électorale, demeure une confusion totale. Autant dans le rapport du PLF 2013 que dans les déclarations et sorties médiatiques du ministre délégué chargé du Budget, on laisse croire que l'année 2013 «sera l'année des réformes» (lire en page 5). Lors de l'émission «Qadaya Wa Ara'a», mardi dernier sur la chaîne Al Aoula, Idriss El Azami El Idrissi affirmait que «le projet de loi constitue une concrétisation de l'exécution du programme gouvernemental». Le ministre s'est montré convaincu que le gouvernement a adopté «une approche participative et consultative dans l'élaboration du PLF et ce, dans le dessein de répondre aux attentes réelles des citoyens». Avis non partagé par nombre d'intervenants invités sur le plateau, pour qui le gouvernement «ne dispose pas de vision claire et n'a pas adopté une approche participative dans l'élaboration du projet de Loi de finances». Ces observateurs, probablement pour des raisons politiques, estiment que le PLF 2013 «n'apporte pas une nouvelle génération de réformes mais consacre le principe de la continuité, pénalise le pouvoir d'achat de la classe moyenne et la compétitivité des entreprises».