Code de ... la roue «On ne réforme pas une société par décrets». La citation est de Montesquieu. Cette citation s'applique bien chez nous dans le domaine des transports avec toutes ses catégories. En raison du nombre effrayant des victimes des accidents de la circulation sur nos routes (plus de 4.000 morts par an), les responsables ont réagi à l'hécatombe en instaurant un code de la route en octobre 2010. Celui-ci, rappelle-t-on, n'a été adopté qu'après moult grèves, de chauds débats au sein de l'Hémicycle, des polémiques... Pour convaincre les récalcitrants à adhérer au projet, on exhibait ces tableaux noirs de nos routes qui enregistrent chaque jour, chaque semaine, chaque mois, des bilans de morts supérieurs dans certains cas à ceux dénombrés dans des contrées déchirées par des guerres civiles ou ravagées par des épidémies endémiques. Finalement, le code en question a été adopté par les 2 chambres du Parlement, seulement par une trentaine de députés en raison de l'absentéisme qui continue jusqu'à présent de ternir l'image de l'Hémicycle. Juste après cette étape et la publication des lois en question au bulletin officiel, le ministère de tutelle communiquait comme à l'accoutumée les bilans des accidents de la route, en relevant qu'il y a une nette diminution du nombre de morts et de blessés. Mais est-ce, grâce à l'entrée en vigueur du code de la route ? Les premières semaines passent, les premiers mois suivent, la première année s'écoule et voilà la deuxième qui dévoile au grand jour que les lois aussi dissuasives soient-elles ne peuvent pas changer des comportements enracinés dans les mentalités des chauffards. En effets, l'été de cet année et sa rentrée ont été des plus meurtriers sur nos routes. Des autocars transportant des dizaines de voyageurs se renversent dans les différentes régions du royaume comme des jouets des petits enfants. Des horribles bilans de morts et de blessés sont enregistrés. Même les petits écoliers n'échappent pas à cette hécatombe. Et à chaque drame, les communiqués de la DGSN indiquent que de tels accidents ont été provoqués essentiellement à cause des infractions du code de la route par des chauffards. Et dans certains cas, la situation mécanique des engins est pointée du doigt. L'élément humain et le facteur mécanique sont ainsi mis sur la sellette. Alors que le troisième facteur (infrastructure) qui pourrait intervenir dans la cause d'un accident n'est cité que très rarement. Admettons que nos infrastructures routières sont aux normes et que seuls les premiers facteurs, humains et matériel qui sont à l'origine des drames de nos routes. Il en ressort que les lois, adoptées et accompagnées de campagnes de communication et de sensibilisation ayant occasionnées des dépenses faramineuses, s'avèrent insuffisantes pour arrêter l'hécatombe, pour ne pas dire qu'elles n'ont servi à rien. Il en ressort surtout qu'un véritable diagnostic n'a pas été établi au départ pour pouvoir agir là où il y a le mal. Des études, pourtant nécessaires, sur les chauffeurs des autocars, des poids-lourds et des taxis n'ont pas été réalisées. Qui sont ces personnes ? Leur niveau d'instruction ? Leurs conditions de travail ? Leur situation sociale ? Un flux de questions, aussi crues les unes que les autres, se pose dans ce cadre. L'informel, le phénomène de ruralisation des grandes villes et l'anarchie, en plus de la rente, à l'origine des comportements de plusieurs chauffards, sont toujours là. Les lois pourraient-elles alors être efficaces dans un contexte pareil ? Ne fallait-il pas aller attaquer le mal à sa racine ? Pour cela, il faut mettre en place une véritable stratégie de nature à endiguer le phénomène.