Le lavage des mains, préalable à une bonne santé L'hygiène corporelle est un préalable pour prétendre à une bonne santé, comme c'est aussi le cas pour l'hygiène alimentaire ou vestimentaire à laquelle il faut adjoindre l'adoption de bonnes attitudes pour une vie saine, c'est-à-dire éviter le tabac, l'alcool et tous les facteurs de risque. Concernant l'hygiène corporelle et plus particulièrement le lavage des mains avec de l'eau et du savon, ce geste peut sembler élémentaire, voire même anodin, pour certaines personnes. Mais il ne faut pas s'y tromper, il est lourd de sens. Qui de nous n'a pas entendu cette rengaine : «Vas te laver les mains». Avant de passer à table à la maison, c'était automatique, surtout quand il s'agissait de parents intraitables concernant l'hygiène et la propreté de leurs enfants. Il faut dire qu'en bons musulmans, on est obligé d'observer de très bonnes règles d'hygiène comme le recommande l'Islam. Puis à l'école nous avons tous connu le contrôle quotidien des mains et des ongles avant de rentrer en classe. Ce sont certes des souvenirs, mais ils nous ramènent vers une pratique qui se perd, une pratique qui contribuait énormément dans la prévention de plusieurs maladies. Il est évident que des mains sales contribuent énormément dans la transmission des maladies d'un individu à un autre. C'est notamment le cas pour la grippe, les gastro-entérites dont la salmonellose qui est appelé à juste titre la maladie des mains sales. Des études réalisés a travers le monde ont permis de démontrer que le lavage des mains avec du savon réduit jusqu'à 50% les cas de diarrhées. Un facteur de propagation des maladies Il apparaît donc clair que ce geste banal, simple, mais qui revêt une très grande importance dans la lutte contre les maladies doit être enseigné aux enfants dès leur jeune âge à la maison et à l'école. Il faut bien expliquer aux parents, aux enseignants et aux enfants que ce n'est pas un geste anodin, mais que le lavage des mains avec du savon est la meilleure manière de se protéger des microbes, germes, parasites et autres agents infectieux qui s'y déposent par milliers. Tous les médecins, tous les spécialistes des maladies infectieuses et les hygiénistes vous le diront, nos mains sont le facteur de propagation le plus important. D'abord parce qu'en devançant le corps, elles attrapent tout, ensuite parce qu'on les porte sans arrêt à notre visage, et particulièrement au nez et à la bouche qui sont des endroits ou existent des germes. On a tendance à l'ignorer, mais il faut savoir que 8 maladies sur 10 pourraient être évitées avec une bonne hygiène des mains. C'est la mesure la plus importante et la plus simple pour prévenir les infections et la propagation des germes. On comprend ainsi tout l'intérêt d'un bon lavage des mains avec du savon. Il faut surtout se laver les mains avant de préparer des repas, avant de manger, après avoir été aux toilettes, avant de s'occuper d'un bébé. Les enfants doivent se laver les mains quand ils touchent des objets sales dehors, après avoir joué. Il en est de même pour les adultes, et aussi souvent que cela est nécessaire, même après avoir bricolé à la maison, ils donner l'exemple aux jeunes qui pourront s'imprégner plus facilement et acquérir des reflexes et automatismes forts utiles pour une meilleure santé. En effet le lavage des mains avec du savon chaque fois que l'exige la situation est le moins le plus sur pour limiter la propagation des microbes, des bactéries et des virus qui sont responsables de plusieurs maladies infectieuses contagieuses. Mais pour avoir des mains propres, il faut respecter certaines règles et ne pas se contenter de les passer sous le robinet pendant quelques secondes et de les essuyer avec un torchon qui traîne là depuis plusieurs jours Pour faire cela dans les règles de l'art, les mains doivent être frottées dans leurs moindres recoins et ce, jusqu'aux poignets, pendant au moins une minute. Une serviette propre ou du papier à usage unique pour se sécher, et le tour est joué. Pour dépanner, mettez au fond de votre sac un savon antiseptique ou antibactérien ou une solution hydro-alcoolique. C'est plus pratique. Qu'en est-il à l'hôpital ? « Au lieu de s'ingénier à tuer les microbes dans les plaies, ne serait-il pas plus raisonnable de ne pas en introduire»? se demandait Louis Pasteur. C'est là une grande et importante question. L'hygiène des mains à l'hôpital, ce n'est pas automatique. C'est hélas vrai. Ce n'est pas un geste bien ancré dans les esprits, ce n'est pas encore un reflexe, un automatisme qui doit couler de source, eu égard aux réels enjeux sanitaires que pose la présence des microbes au sein des établissements de soins. L'hôpital est un lieu ou pullulent les germes. Pourquoi ? Parce que c'est là ou sont hospitalisés les malades qui présentent toutes sortes de maladies infectieuses (bactériennes, virales, parasitaires...) et donc un lieu où on doit prendre toutes les mesures nécessaires pour lutter contre la transmission des maladies dites manu portées. Que se passe-t-il dès lors que l'on ne respecte pas les bonnes pratiques d'hygiène et de prévention lorsqu'on soigne les malades. Il y a un réel risque d'infections nosocomiales qui sont des infections associées aux soins (c'est-à-dire acquises quel que soit le lieu des soins), et qui constituent un paradoxe car les soins sont destinés non pas à contaminer un patient, mais à améliorer son état de santé. Or, les lieux où les soins sont dispensés concentrent un nombre important de micro-organismes pathogènes, apportés et véhiculés par le patient lui-même, par d'autres patients porteurs ou infectés, le personnel et les visiteurs. De manière générale, plus les soins sont invasifs et plus les risques de contracter une infection sont importants. Ce qui explique la fréquence des infections nosocomiales dans les services de réanimation où les patients, déjà fragilisés, sont ventilés, sondés, perfusés... La plupart des infections associées aux soins peuvent être évitées par une bonne hygiène des mains si le personnel de santé respecte la consigne avant de faire un soin. Mais en moyenne, 60% de ce personnel ne respectent pas cette consigne dans le monde entier (OMS). Ce constat est valable chez nous. Il ne faut pas s'y tromper ou croire que c'est une vision de l'esprit. J'en parle en connaissance de cause (40 ans au sein des hôpitaux). Les personnels soignants des différents établissements hospitaliers ne respectent pas les consignes et pourtant les moyens existent. Mais à côté, le personnel médical est beaucoup plus respectueux du lavage des mains. Selon l'OMS, chaque année, des centaines de millions de patients, de par le monde, sont touchées par des infections liées aux soins. Bien que celles-ci soient la manifestation indésirable la plus fréquente dans le contexte des soins de santé, on ignorait quelle était la véritable charge de ces infections dans le monde en raison de la difficulté qu'il y a à collecter des données fiables, explique l'OMS. Des travaux récents réalisés par l'OMS et d'autres organismes montrent que les pays en développement sont les plus touchés. Et que la plupart des infections liées aux soins peuvent être évitées grâce à une bonne hygiène des mains - si les agents de santé se nettoient les mains quand il faut et comme il le faut. La maîtrise des infections nosocomiales Actuellement, l'OMS estime que plus de 1,4 million de personnes dans le monde souffrent d'infections nosocomiales, en permanence. Dans les pays développés, qui disposent d'hôpitaux modernes, entre 5 à 10% des patients admis contractent une ou plusieurs infections. Un taux qui dépasse parfois 25 % dans les pays en développement. Au Maroc, l'enquête de prévalence des infections nosocomiales, réalisée en 1994, a montré une prévalence variable selon les hôpitaux. Evaluée à 4,1 et 7,7% au niveau des hôpitaux provinciaux et régionaux, elle dépassait 10,5% dans les centres universitaires. Or, les infections nosocomiales sont une cause importante de morbidité et de mortalité Il faut être sans concession, les personnels de santé font un travail merveilleux, souvent dans des conditions difficiles, mais le savon existe, l'eau existe, les serviettes aussi. Alors il ne reste que la volonté d'appliquer les bonnes recommandations d'hygiène et d'avoir toujours présent à l'esprit que le lavage des mains constitue le premier moyen de lutte contre l'infection nosocomiale C'est la barrière déterminante pour limiter les infections nosocomiales à transmission inter-personnel. Le lavage des mains avec du savon ou une solution hydro-alcoolique en milieu hospitalier doit intervenir chaque fois que des soins sont effectués successivement d'un malade à l'autre. Ceci suppose de mettre à la disposition du personnel tout le matériel nécessaire pour la réalisation du lavage des mains dans de bonnes conditions. La lutte contre les infections nosocomiales est l'affaire de tous les professionnels de santé, il faut de ce fait que chacun apporte une pierre à cet édifice, que chacun assume pleinement ses responsabilité pour la réalisation de ce projet. Et dans le cadre de la qualité des soins en milieu hospitalier, un thème cher au professeur Louardi et aux professionnels de santé, il y a lieu de mettre en place des procédures de qualité qui soient clairement énoncées, compréhensibles, simples, réalisables par ceux à qui elles sont destinées, mais surtout applicables dans le contexte du soin, partout, par tous, à tout moment.