Des améliorations à consolider La prochaine rentrée parlementaire promet d'être aussi palpitante que prometteuse. Après un début dans l'expectative, du fait de la délicatesse de la nouvelle mission post-constitutionnelle, le législatif est en passe d'amorcer ses réels déclics dont notamment l'examen des multiples textes organiques et la réponse aux doléances du peuple qui, elles, n'attendent pas. C'est dire combien nos honorables députés ont du pain sur la planche... Leur assiduité sous la coupole de l'hémicycle est encore une fois, mise sous la loupe, d'autant plus que la constitution régit, dans la globalité, la conduite des représentants de la Nation, afin de mettre un terme au phénomène de l'absentéisme qui sévissait depuis des lustres. Au moment où le parlement était conçu par les citoyens comme une chambre d'enregistrement et de roupillon, la vie parlementaire sombrait dans la dérision et la désuétude. Pour faire le point sur cet état de faits, nous avons contacté Rachid Roukbane, président du Groupe du progrès démocratique à la chambre des députés, pour un entretien sur cette situation sensible, à la veille de l'entame d'une nouvelle session qui promet beaucoup. Al Bayane : Dans la rue, la maison, le bureau comme ailleurs, on ne parle, ces derniers temps, que de l'attitude des députés dont la plupart sont connus pour une manie absentéiste déconcertante. Qu'en pensez-vous ? Rachid Roukbane : Certes, il y a quelques années, ce tic comportemental était très répandu dans l'enceinte du parlement. Les séances plénières ainsi que les réunions des commissions fonctionnelles étaient désertées par certains parlementaires inciviques qui préféraient vaquer à d'autres occupations hors du siège ou, dans le meilleur des cas, faire un somme en pleine activité parlementaire. Bien évidemment, ce comportement condamnable suscitait vive colère chez les populations, fort indignées de voir leurs élus bouder les lieux ou somnoler sans scrupule devant les caméras allumées. Ceci dit, il n'est pas juste de mettre tous les députés dans le même sac, car nombre de leurs collègues, empreints de civisme, s'ingénient à honorer leurs engagements vis-à-vis du peuple. Face à cette démission d'un nombre considérable de représentants défaillants, l'action parlementaire semblait mordre de la poussière et trouvait toutes les peines du monde à se procurer une place au soleil au firmament d'un pouvoir législatif fort et influent... Qu'en est-il aujourd'hui, au lendemain du printemps des peuples tout autour et de l'adoption de la nouvelle constitution ? Lors de ces soulèvements populaires, conduits dans notre pays particulièrement par des jeunes, il était question d'un réquisitoire sans appel contre, justement, le comportement des députés à l'adresse desquels on avait crié haut et fort : «Dégage !». Bien entendu, la réaction des masses était significative et impose, en conséquence, un autre mode de traitement, tenant compte des mutations profondes qui s'opèrent dans notre entourage et qui risquent de contaminer encore davantage notre société, au cœur de la gestation et de l'ébullition permanentes, autant que les attentes du peuple s'intensifient. Dans ce sens, il faut bien souligner que les changements substantiels qui ont marqué notre pays, à l'issue de ces turbulences au Maghreb et au Moyen Orient, ont grandement influé sur les conduites des représentants de la nation, avant d'avoir des incidences positives sur le cours de la vie des citoyens. Donc, depuis quelque temps, on assistera à une présence potentielle des parlementaires pendant les délibérations publiques et les audiences au sein des commissions. Cette nouvelle dynamique a permis alors de faire de l'hémicycle un réel espace d'étalage d'idées et d'opinions politiques, par la participation d'un nombre impressionnant de députés. Bien entendu, le phénomène de l'absentéisme ne saurait être radicalement annihilé, puisqu'il y en a toujours des dérobeurs qui constituent, fort heureusement, une minorité. A-t-on, jusqu'à présent, appliqué les mesures drastiques contre l'absentéisme, comme cela a été légiféré dans la nouvelle constitution ? Je ne pense pas, car aucun député, à ma connaissance, n'a été «verbalisé» pour son absence. Il est vrai que les groupes parlementaires soumettent à la présidence des listes de leurs parlementaires. Cependant, pour des raisons liées directement aux députés eux-mêmes, les défalcations des salaires n'ont pas eu lieu pour tout engagement par rapport à la ponctualité et la régularité au parlement. Ces réserves contre la «punition» ont, depuis longtemps, émaillé l'action parlementaire, ce qui a grandement émoussé le rendement. Aujourd'hui, une prise de conscience de cette situation néfaste se fait de plus en plus ressentir pour donner à l'activité parlementaire tout l'éclat escompté. A mon sens, puisque ce rappel à l'ordre s'installe progressivement et insuffle au travail des députés de nouvelles bouffées d'oxygène, malgré la lassitude et la contrainte, on a tendance à reléguer la réflexion sur les mesures rédhibitoires contre l'absentéisme au second plan. Toutefois, il convient d'instituer les normes d'exercice parlementaire, au sein du règlement intérieur afin de mettre fin à toute déchéance et caprice nocives.