Abolir la peine de mort au Maroc et la constitutionaliser La Coalition marocaine contre la peine de mort a renouvelé, mardi, son appel à l'abolition de la peine de mort au Maroc dont la Constitution protège désormais le droit à la vie. L'article 20 de la Constitution stipule en effet que "le droit à la vie est le droit de tout être humain. La loi protège ce droit". Pour ce faire, la coalition demande à présent la constitutionnalisation de l'abolition de la peine de mort dans le Royaume. (A lire sur l'édition du Mercredi 10-10-2012 sur le journal) Peine capitale : un meurtre commis au nom de la loi Selon la Coalition, la peine capitale n'a rien de dissuasif. Elle ne constitue en fait : qu'un meurtre commis au nom de la loi, pour satisfaire des sentiments de vengeance et de revanche, d'après des représentants des associations de défense des droits humains. S'exprimant lors d'une conférence de presse, donnée en commémoration de la 10ème journée mondiale contre la peine de mort (10 octobre), des membres de la Coalition ont estimé que le Maroc a tout à gagner surtout en image en abolissant la peine de mort du code pénal et du code de la justice militaire et en ratifiant le 2ème protocole facultatif annexe au pacte international des droits civils et politiques et aussi à la Cour pénale internationale. Ils l'ont également appelé à ne pas s'abstenir, comme il l'a fait lors des trois derniers votes de l'Assemblée générale de l'ONU en se prononçant pour le moratoire mondial sur le moratoire sur les exécutions Le pays est également appelé à être le premier pays du monde arabo-musulman à supprimer la peine de mort, indiquent d'autres observateurs étrangers, qui saluent les progrès réalisés dans le pays en matière de protection des droits humains. Après l'adoption de cet article 20 de la Constitution, la balle est maintenant dans le camp du parlement, qui doit désormais se prononcer sur la question et avaliser toute proposition devant lui être soumise dans ce sens, selon nombre d'observateurs. Confronté à la menace terroriste, le Maroc hésite toutefois dans sa démarche, bien qu'aucun condamné à mort n'ait été exécuté depuis 1993 dans le pays. Le dernier supplicié par fusillade était le commissaire Tabit, condamné à la peine capitale pour une série de viols abjects, ayant secoué la société. Au Maroc, la peine de mort est toujours considérée comme une sanction pénale principale, selon le code pénal marocain de 1962 et le code de la justice militaire. Son application, prévue par fusillade, s'étend bien au-delà des seuls crimes de sang (incendie volontaire, enlèvement, délits financiers, trahison et multiples infractions militaires). Le Maroc compte près de 103 condamnés à mort dont deux femmes Selon les chiffres officiels, le Maroc compte près de 103 condamnés à mort dont deux femmes pour la plupart incarcérés dans la prison centrale de Kénitra. En 2010, 4 condamnations à mort ont été prononcées. Le 28 octobre 2011, la Cour d'appel de Salé a condamné à la peine capitale, le principal accusé dans l'attentat terroriste d'Argana à Marrakech. Le 12 janvier 2012, la Chambre criminelle de la Cour d'appel de premier degré de Casablanca a prononcé de nouvelles condamnations à mort, en vertu de l'article 392 du Code pénal, qui prévoit la peine de mort pour meurtre commis avec préméditation ou guet-apens. Née le 10 octobre 2003, la Coalition marocaine contre la peine de mort rassemble une quinzaine d'associations de défense des droits de l'homme. Depuis sa création, la coalition a entrepris de nombreuses actions et initiatives couvrant les domaines du plaidoyer, de la communication et de la sensibilisation. Elle a effectué aussi une visite dans le couloir de la mort de la prison centrale de Kénitra. Elle mène des campagnes de sensibilisation dans les lycées et universités, organise des débats publics sur les questions concernant la protection du droit à la vie et l'abolition de la peine de mort au Maroc. Elle mobilise chaque année à l'occasion de la journée mondiale contre la peine de mort ses composantes en organisant tables rondes, rencontres, conférences de presse, et sit-in. Elle saisit à chaque fois que l'occasion se présente comme c'est le cas maintenant les autorités en adressant des mémorandums au chef du gouvernement et aux ministres de la justice et des affaires étrangères et de la coopération plaidant en faveur de l'abolition de la peine de mort. Elle est devenue un membre actif de la Coalition mondiale contre la peine de mort où elle participe à son comité de pilotage. Elle bénéficie du soutier financier de plusieurs organismes dont l'Union européenne, l'Agence française de développement et l'Agence suédoise de coopération. Au cours des dix dernières années, des progrès notables ont été accomplis dans le monde pour mettre fin à la peine de mort, selon Amnesty international. C'est ainsi que 141 pays sur 198 sont abolitionnistes de la peine de mort en droit ou en pratique, 97 pays ont aboli la peine de mort pour tous les crimes, 36 pays ont aboli la peine de mort en pratique et 8 pays ont aboli la peine de mort pour tous les crimes de droit commun.