«España - Marruecos : Heridas sin cicatrizar» (Espagne-Maroc : plaies non cicatrisées) est le titre d'un essai sociologique qui vient de paraître en espagnol à Madrid. Ecrit par le journaliste-sociologue marocain, Mohamed Boundi, l'ouvrage décortique le discours des médias espagnols sur le traitement de la question marocaine et explique les causes qui motivent la persistance dans le temps et dans l'imaginaire collectif espagnol d'un ensemble de préjugées, stéréotypes et images déformées de la société marocaine. Chapitre III : un voisinage conflictuel (Pages 193-205) Analyse prospective Dans l'étude préliminaire du corpus, nous nous sommes rendu compte, que les commentaires rejoignent les thèmes qui sont ressassés dans les colonnes des quotidiens pendant les quatre dernières décennies : Sahara, pêche, possessions territoriales espagnoles en Afrique du nord, immigration, religion et système politique. Ce sont aussi les thèmes, en période de tension, qui occupent de larges espaces dans la presse. Durant les trois moments retenus pour l'analyse, nous avons constaté aussi une importante production d'articles et d'éléments graphiques sur le Maroc en comparaison avec les périodes sans incident dans les relations bilatérales. Pour atteindre notre objectif, nous nous sommes placé dans la perspective de l'analyse quantitative du contenu des titres formant notre corpus. Dans l'étape suivante, nous avons retenu pour chacune des unités d'analyse ou période de crise (migratoire, diplomatique et territoriale) les 20 premiers titres, triés de manière chronologique dans chacun des cinq quotidiens pour obtenir un corpus de 100 titres ou unités de registre. Dans la dernière étape, nous avons tenté de saisir le message que la presse espagnole procure transmettre à l'opinion publique en rapport avec les relations avec le Maroc en temps de crise. Pour atteindre cet objectif, nous avons formé un corpus global de 300 unités (articles, graphiques, chroniques, entretiens, reportages, etc.), qui va nous permettre d'étudier les motifs qui justifient la tendance de la presse d'abonder dans l'explication du pourquoi et du comment des motifs des tensions et de privilégier la défense de l'intérêt national conformément aux penchants de ses lecteurs. L'analyse de contenu serait utile pour obtenir des titres ou expressions qui traduisent des états d'opinion, attitudes, préoccupations ou croyances de la société en rapport avec des questions bien déterminées. L'étude des 300 unités de registre nous exige le recours à une analyse quantitative et à une autre qualitative dans la mesure où nous admettons que l'analyse de contenu est une méthode scientifique idoine qui révèle des interférences à partir de données essentiellement verbales, symboliques ou communicatives. En vue d'atteindre le contenu manifeste, nous devons nous interroger sur la qualité de l'émetteur : Qui transmet ? Quels sont ses objectifs ? Dans quelles circonstances ? Et, quel est le destinataire? Les journalistes espagnols affirment qu'ils respectent le principe de l'objectivité et accomplissent le devoir d'informer de l'actualité marocaine. Toutefois, cette position se considère au Royaume comme un discours monologique et stéréotypé. L'analyse de contenu des composants du corpus nous aidera à résoudre cette problématique. Notre objectif est donc de vérifier les hypothèses que nous avions énoncées précédemment mais pour l'atteindre nous devons nous situer dans une perspective quantitative pour étudier le contenu du corpus en fonction des variables. Dans une seconde phase, nous abordons l'analyse qualitative qui va nous conduira à évaluer les catégories obtenues de la classification des unités de registre (titres) comportant un attribut informatif ou interprétatif plus intense, large, riche ou complexe. Dans les textes journalistes, le titre constitue une relation synthétique, lexique, organique ou transparente avec le corps de l'information. En général, il est cohérent ou en cohésion avec le corps de l'information eu égard à la préoccupation du journal de présenter une unité communicative complète, compréhensible et intelligible. De ce mode, le contenu de l'article de presse se résume en peu de mots. A cause des conflits en suspens entre le Maroc et l'Espagne, le titre est la première prise de contact avec la nouvelle pour faire partie de l'article qui suscite un grand intérêt de la part du lecteur. L'importance du titre peut être mesurée selon le nombre de colonnes qu'occupe l'article, la dimension, l'extension ou le type de caractères d'imprimerie utilisés. Nous considérons le titre comme un élément fondamental dans la constitution d'un système catégoriel. Dans notre étude, nous insistons sur le genre (informatif, explicatif, interprétatif ou sensationnaliste) et voir si le titre reflète la réflexion développée plus bas dans le corps de l'article. De notre point de vue, le message est élaboré de manière méticuleuse et en peu de mots dans le titre, en vue de diriger ou persuader le lecteur de tirer les conclusions qui s'adapte à la conjoncture. Le titre est de ce fait une catégorie obligatoire dans le schéma des informations et définit subjectivement le plus important de la nouvelle tout en assumant un rôle primordial en ce qui concerne la construction sociale de la réalité dans la communication de masse. Le titre sert aussi pour identifier les textes à introduire. Il existe une relation sémantique et de cause entre l'information et le titre, laquelle aide à détecter le sens de l'énoncé journalistique et une unité communicative complète. Nous nous limitons finalement à définir le titre comme un extrait d'une manifestation plus large et circonstancielle qui se manifeste aussi comme une macrostructure sémantique, comme l'explique Van Dijk dans on essai « Structures et fonctions du discours » (Siglo XXI, n1983 : 43-45). Nous prospectons dans l'évaluation du contenu du titre, la connotation qui représente un élément qualificatif du discours de la presse dans la mesure où l'analyse de contenu offre des interférences à partir de données essentiellement verbales, symboliques ou communicatives. Pour élucider cette attitude, il serait donc pertinent de voir comment la presse espagnole traite, en périodes de crise, des relations hispano-marocaines, institutions du royaume et contentieux bilatéraux. L'échantillon pourrait être analysé selon divers critères tels le contexte du discours lu dans un environnement social ou l'échelle de calcul de 1 à 7 points à accorder à chaque élément. Pour des considérations d'ordre méthodologique, nous avons opté pour le second critère pour le fait que nous estimons qu'il s'agit de technique qui va faciliter davantage la tâche d'évaluer les unités de l'échantillon du point de vue qualificatifs. Notre objet n'est pas l'analyse du discours. Nous nous situons entre deux valeurs extrêmes: la plus basse (1 point : « totalement contre ») et la plus haute (7 points : «très favorable»). L'évaluation se justifie ici par le niveau interprétatif de l'émetteur, le degré d'acceptation du contenu de l'unité thématique, les jugements significatifs et le concept évalué. (A suivre)