Deux amis résidant au quartier mythique Hay Mohammadi, dans la préfecture de l'arrondissement de Aîn Sbaâ, se rencontraient presque chaque soir depuis qu'ils ont quitté la prison d'Okacha. Ils choisissaient souvent un endroit éloigné et peu fréquenté par les passants tard le soir pour se saouler. Mais la beuverie de la dernière rencontre a viré au drame. L'un est retourné derrière les barreaux pour une longue période et l'autre a trouvé la mort dans des circonstances horribles. Péripéties de ce fait divers ayant défrayé la chronique au Hay dernièrement. Hay Mohammadi. Au fond d'une ruelle peu éclairée, deux énergumènes qui viennent de quitter la prison d'Okacha, se rencontraient presque chaque soir pour se saouler. Un jour, ils ont acquis trois bouteilles de vin rouge et élu domicile au même coin. D'un verre à l'autre, les deux compères s'enivraient comme bon leur semblait et discutaient de tout et de rien. Certainement, les sujets d'actualité politique et autres scandales du marché de gros et de drogue n'étaient pas au centre de leur discussion. C'est le désœuvrement, sous toutes ses formes. Conséquences directes de l'échec scolaire, l'ignorance et le manque d'encadrement au sein du complexe pénitencier où ils ont vécu plusieurs mois. Dès qu'une bouteille est complètement vidée, l'un d'entre eux fait un saut chez le geurrab de la zone (vendeur clandestin d'alcool) pour s'approvisionner. La beuverie continue et les deux amis sautent d'un sujet à l'autre et se saoulent tranquillement la gueule. Ils ne se souciaient pas des regards indiscrets des rares passants qui empruntent cette ruelle obscure. Au fur et à mesure que la dose d'alcool montait, le ton de la discussion s'en suivait. Soudain, un vieux différend entre eux refit surface. L'effet d'alcool aidant, le premier s'acharne sur l'autre en lui assénant plusieurs coups au niveau de la tête. Une grande dispute éclate au quartier. L'un des deux ivrognes est descendu par terre grièvement blessé et l'autre a pris la poudre d'escampette. Les passants alertent les limiers de Aîn Sbaâ qui débarquent immédiatement sur les lieux. Le blessé a rendu l'âme aux services des urgences de l'hôpital Mohammed V à Hay Mohammadi et l'autre a été repéré par la police d'après les indications des passants. Il a été arrêté la même nuit. Après la reconstitution du crime, il a été déféré devant le parquet. Il a été jugé et condamné selon les charges qui ont été retenues contre lui. Deux familles endeuillées. Un jeune est parti pour longtemps derrière les barreaux et l'autre a trouvé la mort dans des circonstances horribles. Voilà les conséquences d'une beuverie au coin d'une ruelle au quartier Hay Mohammadi.