Les tractations menées par le chef de gouvernement désigné Abdelilah Benkirane pour la formation du nouvel exécutif sont entrées dans leur quatrième semaine, dernière ligne droite avant l'annonce de l'architecture et de la composition du gouvernement. Alors que les leaders des partis politiques formant la coalition gouvernementale ont signé vendredi dernier “la charte de la majorité” et sont parvenus à trancher la présidence de la chambre des représentants, qui est revenue à M. Karim Ghellab du parti de l'Istiqlal, l'architecture et la composition du gouvernement continuent de focaliser l'attention de l'opinion publique et de la presse nationale. En effet, la classe politique et l'opinion publique, en général, ont les yeux rivés ces derniers jours sur l'organigramme du prochain gouvernement, la répartition des portefeuilles ministériels et les noms des ministrables qui font l'objet de pronostics et animent les débats dans les terrasses des cafés, voire même en milieu de travail. Certes, M. Benkirane a réussi, sans difficultés, à former une majorité qualifiée de “confortable” à l'issue de ses concertations avec différentes parties, à savoir les partis de la Koutla démocratique, le Mouvement populaire et l'Union constitutionnelle. Toutefois, ces concertations ont été entourées de silence cette semaine, sachant que M. Benkirane a été, le long de la première phase de ses concertations avec ses alliés, ouvert à la presse et aux médias pour les informer au fur et à mesure des développements de ces concertations. Ce silence a suscité plusieurs interrogations aussi bien sur les colonnes de la presse qu'auprès des observateurs, des interrogations relatives notamment au nombre des ministères, aux noms des ministrables et aux propositions des formations de la coalition gouvernementale. Approché par la MAP, l'universitaire et sociologue Najib El Hajoui a estimé que le temps mis par M. Benkirane pour annoncer l'architecture de son cabinet reste “raisonnable”, sachant qu'il s'agit du premier gouvernement après l'adoption de la nouvelle constitution et que le chef de gouvernement désigné se dit déterminé à mettre en œuvre les différentes attributions que lui octroie la nouvelle loi fondamentale. Il ne s'agit pas d'un “retard” dans la mesure où des expériences précédentes ont mis plus de temps avant l'annonce de la formation du gouvernement, a expliqué ce professeur de sociologie politique à la faculté Hassan 1er dans une déclaration à la MAP, ajoutant que l'architecture du prochain gouvernement doit prendre en considération les nouveautés apportées par la nouvelle constitution qui prévoit la création de nouvelles institutions. Citant des informations colportées par la presse nationale, M. El Hajoui a relevé que l'architecture du nouveau gouvernement sera marquée par l'intégration de Hauts Commissariats et d'autres établissements publics au sein de certains ministères, notant que cette procédure technique nécessitera davantage de temps. Dans une déclaration similaire, M. El Habib Achibane, membre du secrétariat général du PJD, a, pour sa part, qualifié de “normal” le climat dans lequel se déroule le processus des concertations qui se poursuivent normalement pour parvenir à un consensus sur la structure du gouvernement et la répartition des portefeuilles et ce, en consécration de la méthodologie démocratique adoptée à ce propos. S'agissant des candidatures et des propositions des partis de la coalition gouvernementale pour les postes des ministres, M. Choubani a expliqué que chaque formation est appelée à en référer à ses instances internes, d'où la nécessité de davantage de temps pour trancher cette question. Il a, d'autre part, relevé que l'architecture et la composition du prochain gouvernement sera dévoilée dans les trois prochains jours. Enfin, si la formation de gouvernements précédents, notamment celui de l'alternance présidé par le charismatique Abderrahmane Yousoufi et celui conduit par le Premier ministre sortant Abbas El Fassi, a pris plus de temps que celui mis jusqu'ici par M. Benkirane depuis sa désignation au lendemain de la proclamation des résultats du scrutin du 25 novembre, cette attente et cet intérêt grandissant porté à la formation de ce nouveau gouvernement aussi bien par la presse que par les observateurs s'explique par le contexte politique particulier dans lequel elle intervient et le fait que le prochain exécutif sera dirigé par un chef de gouvernement issu d'un parti politique à référentiel islamique.