Selon le HCP, les caisses des retraites au Maroc vivront bientôt une situation financière intenable. Mauvaise ancienne nouvelle qui, en ces temps d'incertitude, va ne pas plaire à tout le monde. Pour dire les choses autrement, les principales caisses (CNSS, CMR, RCAR et même CIMR), confrontées au financement incertain, vont devoir puiser dans leurs réserves pour payer les retraités de demain. Cette vérité est connue, hélas, depuis plusieurs années. Divers rapports -dont celui élaboré par le cabinet «Actuaria»- alimentent débats et séminaires. Tout le monde en parle, mais rien n'a été fait pour éviter une mort lente et certaine de ces caisses. Comme si personne ne pourra rien y faire. Pourtant, l'état actuel des différentes caisses de retraite “ ne permet absolument pas de faire l'économie d'une réforme “. Ne rien faire c'est pousser au pourrissement du système et donc à sa faillite. Ce sont les actifs d'aujourd'hui ou retraités de demain qui vont payer l'addition. Le débat initié par le Haut Commissariat au Plan, mercredi à Rabat, sur la « soutenabilité du système des retraites au Maroc », tentait d'évaluer la capacité des différentes caisses de retraites d'honorer leur engagement envers les générations futures ; de mesurer aussi leurs déficits et esquisser enfin quelques pistes de réforme pour sauver l'équilibre du système des retraites au Maroc. Des études actuarielles sérieuses ont révélé que l'ensemble des organismes de retraites au Maroc ne couvrait que 35% des engagements envers les affiliés actifs et retraités, laissant ainsi apparaître une dette agrégée représentant l'équivalent d'une année de PIB. Comme chacun sait, pour freiner le déficit financier des régimes de retraites, deux moyens peuvent être retenus : l'augmentation du taux de cotisation et le retard du bénéfice de la prestation. Or, si l'allongement de l'âge de la retraite ne risque pas de poser problème, le relèvement du taux de cotisation, lui, est plus difficile à mettre en œuvre. Il se traduirait par une réduction du pouvoir d'achat des salariés et une aggravation des charges sociales de l'entreprise. Menacé par le vieillissement de la population, les principaux régimes de retraites au Maroc ont enregistré, au cours des 30 dernières années, une détérioration de leur rapport démographique. Ce rapport est passé de 15 actifs en moyenne pour un seul retraité en 1980 à 5,8 actifs en 1993 et à 4,6 actifs en 2009. L'évolution non équilibrée de la population des actifs cotisants et celle des bénéficiaires explique cette baisse sensible. Selon les chiffres avancés par le HCP, la population cotisante à ces régimes de retraite a enregistré, au cours de la période 2000-2009, un accroissement annuel moyen de 3,9%. Elle s'élève à près de 3,2 millions de travailleurs, ce qui représente 30% de la population active occupée en 2009, niveau jugé relativement faible comparativement à d'autre pays (60% dans les économies de transition, 80% dans les pays de l'OCDE). Ce niveau faible du taux de couverture s'explique, selon les experts du HCP, par les facteurs structurels du marché de l'emploi, notamment un taux d'emploi de l'ordre de 45% et un taux de sous emploi d'environ 11%. Sans oublier le poids du secteur agricole dans l'emploi, avec plus de 40% des actifs occupés, en majorité des emplois saisonniers. L'analyse de l'évolution de chaque caisse laisse apparaitre des tendances contrastées. Le rapport démographique pour la CNSS reste relativement élevé, aux alentours de 8,3 actifs pour un bénéficiaire, au lieu de 2,7 actifs pour la CMR et de 2,1 actifs pour la RCAR. La dégradation du rapport démographique à entrainé un déséquilibre entre les dépenses et les ressources des différents régimes. En effet, alors que le niveau des cotisations des différentes caisses est en baisse continue, passant de 3,43% du PIB en 2005 à 3,2% en 2009, celui des dépenses s'est accru progressivement, de 2,51% du PIB à 2,97% respectivement. En conséquence, l'excédent financier de l'ensemble des caisses a tendance à diminuer, passant de 0,93% du PIB en 2005 à 0,23% en 2009. A plus longue échéance, si aucune mesure de réforme n'est prise, les finances publiques devraient consacrer en moyenne pas moins de 5% du PIB chaque année d'ici à 2050 pour résorber les déficits qui s'accumulent d'une année à l'autre. On estime à 80 milliards de dollars les besoins en ressources permettant de garantir l'équilibre financier du système. Les différents scénarii élaborés par le HCP concernant les ajustements nécessaires pour garantir l'équilibre de chaque caisse sont tout simplement colossaux pour ne pas dire difficilement réalisables.