La communauté d'étrangers résidant et travaillant dans l'Union des Emirats Arabes Unis (EAU) fait partie des éléments qui sont solidement associés au processus de développement, de métissage culturel et de tolérance religieuse. Ce fait adopte son expression la plus réelle pendant le mois de ramadan. A la rupture du jeûne, Abou Dhabi la capitale se transforme en un grand espace de convivialité où des dizaines de milliers de fidèles deviennent les hôtes des grands ftour collectifs, organisés sous des tentes géantes. C'est là où se développent le sentiment communautaire et d'humilité entre musulmans autochtones et étrangers, dénommés « mouhajiroune ». La condition du fidèle s'affirme à partir du moment où les jeûneurs se partagent le même espace de la prière et par la suite la même table du ftour dans une initiative dite « iftar as-saim » (ftour du jeûneur). Uniquement à Abou Dhabi, les khaimas réunissent à l'appel du muezzin pour la prière d'Almaghrib plus de 120.000 fidèles pour réaffirmer la valeur de la solidarité et de béatitude de ce mois sacré, ont signalé à Albayane diverses sources proches des fondations caritatives et sociales. Les khaimas sont dressées à côté des mosquées pour créer ainsi un espace commun de recueillement et d'enjouement. Des intellectuels et citoyens moyens de toutes catégories sociales, rappellent, dans des entretiens avec Albayane, que leur pays a opté, dès le départ durant le règne de Cheikh Zayed Ben Soltane Al-Nahyane, fondateur et premier président de l'Union des EAU, pour la création d'un Etat musulman modéré et ouvert à toutes les communautés. C'est dans ces conditions que sont arrivés les étrangers pour y travailler, ajoutent-ils, signalant à titre d'exemple que Cheikh Zayed avait autorisé la construction d'une église pour permettre à la main d'œuvre chrétienne de disposer d'un lieu de culte propre. Désormais, l'Etat des EAU abrite plus de 200 nationalités s'érigeant comme un parfait kaléidoscope de cultures, de races, de religions et d'ethnies. Celles - ci représentent 70% des 8.458. 455 habitants du pays, « une donnée suffisante qui corrobore la tolérance et la pluralité culturelle et confessionnelle », soutiennent-ils. C'est précisément ce climat de tolérance qui permet aux musulmans, chrétiens et bouddhistes de partager ensemble le même espace de travail, de recueillement et de loisir, a expliqué à Albayane un sociologue à Dubaï. «Nous réservons à la main d'œuvre étrangère une haute considération, ce qui nous a amenés à créer toutes les conditions idoines pour leur rendre le séjour plus commode et confortable. Dans ce contexte, ils sont exempts du paiement de taxes et peuvent effectuer sans restrictions des virements à destination de leur pays d'origine», a précisé une source officielle. Pendant le ramadan, tous les étrangers sont conviés, à l'iftar collectif qui et fait partie de la philosophie de convivialité adoptée par l'EEAU. «D'ailleurs, l'assistance accordée pendant le mois de ramadan concerne également les personnes nécessiteuses dans plusieurs pays, dont ceux de l'Europe occidentale», a confié un acteur social agissant dans le monde caritatif. Pour Ahmed, un intellectuel franco-marocain de passage à Abou Dhabi, le ramadan prend une grande signification dans un pays musulman pour quelqu'un résidant dans un pays occidental. « A Paris, par exemple où je réside, la population fait preuve d'une grande ignorance de l'islam et de manque d'humilité à l'égard des personnes qui font leur devoir de jeûneur », a- t-il dit. Dans ce contexte, déplore-t-il, « je me sens souvent assailli par des personnes, voisins et amis, qui me font tous les ans les mêmes questions concernant le ramadan, ce qui signifie qu'elles ne font aucun effort pour comprendre l'autre ». A Dubaï ou à Abou Dhabi, par contre, « je vis l'ambiance du ramadan dans la mesure où est appliqué un horaire de travail spécial pour les travailleurs et dans les administrations publiques et privées, la rupture du jeûne intervient beaucoup plus tôt qu'en Europe », a-t-il ajouté. Dans la majorité des pays européens, dont la France et l'Espagne, l'iftar est tardif et intervient à 21 heures et demi à cause du décalage horaire (GMT plus 2), une circonstance qui prive le fidèle d'organiser sa vie privée et familiale, « faire de la marche pour digérer ou réaliser des activités professionnelles ». Le ramadan revêt ainsi une importance primordiale pour les communautés musulmanes installées aux EAU, y comprise la marocaine, pour représenter un mois spécial au calendrier musulman mais constitue aussi une opportunité pour un grand rapprochement entre les membres de la communauté musulmane et le raffermissement des liens de fraternité dans un espace d'ouverture et de tolérance.