A quelle levure seront préparées les collectivités territoriales de demain? L'expérience communale au Maroc, de presque cinq décennies, est loin de rassurer les plus optimistes. En dépit de la révision de la charte, il semble bien que des dysfonctionnements majeurs persistent encore en termes de gouvernance, de conception et de cohérence. D'aucuns diraient que le maintien de la tutelle sur le fonctionnement des communes alourdit les démarches procédurières et entrave le libre cours des conseillers. En revanche, certains rétorqueraient que, heureusement, les services de l'Intérieur ne quittent pas d'une semelle les évolutions communales, sinon c'est la dérive ! En fait, les premiers plaident pour la main levée sur une institution censée mouvoir, conformément aux dispositions en vigueur, mais avec de larges marges de manœuvres spécifiques aux régions. Par contre, les seconds avancent le fait que nos communes sont entachées de dilapidation des deniers publics et d'incompétence en matière de gestion. Il y a lieu également de dire que la plupart des communes, en particulier rurales, vivotent dans la carence et le dénuement. Dans la même lignée, on s'empressera de dire aussi que des communes qui paraissent aisées s'enlisent dans des conflits intestins. L'exemple des métropoles comme Casablanca ou encore Agadir est criant. Si ce n'est l'amendement porté à l'actuelle charte selon laquel le maire achèverait son mandat malgré la constitution des fameux deux tiers, un Mohamed Sajid aurait sauté, il y a belle lurette. Même chose pour Tarik Kabbage, lors du précédent mandat où sa majorité tenait au bout du fil, à cause des rixes implosives qui n'en finissaient jamais. D'autre part, nombreuses sont les communes qui sont quasi-absorbées par les autorités locales, au point d'être trop fébriles pour tenir tête à leurs voracités. D'autres se montrent prédisposées à jouer le jeu de leur environnement tentant, parmi les tuteurs directs, les barons de l'immobilier, les spéculateurs, les malfrats des affaires louches...La situation est donc critique dans les entités les plus élémentaires des enjeux de développement. Comment alors prétendre la concrétisation d'un chantier d'envergure de la taille de la politique de la ville, lancée récemment à brides abattues par le ministère de tutelle ? Une refonte de la vision communale s'avère une nécessité sine qua non, en vue de mettre à niveau ces tâches de prime abord, à même d'accompagner les innovations repensées pour les villes futures. La question n'est aussi simple que l'on imagine, si l'on sait que d'autres facteurs du vécu quotidien interviennent. En effet, la Baladia c'est également le citoyen, cœur de l'émancipation des conditions et du cadre de vie. Une forte révolution de sensibilisation est à ancrer dans le tissu sociétal, afin que le citoyen s'approprie la ville où il mène sa vie. La réaction positive du citoyen n'est possible, assurément, que si l'environnement s'y prête, au niveau des infrastructures de base et des équipements publics rudimentaires. Du surcroit, la Baladia c'est enfin la reconnaissance des attributions vitales des conseillers et leur dotation en moyens institutionnels et matériels adéquats, susceptibles de relever tous ces défis. Pour ce faire, le relèvement du niveau des échéances électorales, sur la base des principes de transparence et de probité, est une obligation primordiale, dans le but de mettre en place des conseillers en mesure de mener à bien leur besogne de haute vitalité.