L'amendement de la charte communale en 2008 constitue un nouveau tournant vers l'instauration des mécanismes performants de la gestion des affaires publiques locales, à travers des assises fondamentales, à savoir les services décentralisés dispensés, les prestations démocratiques consacrées et les atouts multidimensionnels attribués. Cependant, il se trouve qu'avec le passage au concret de tous ces préceptes théoriques, des dysfonctionnements se manifestent à plus d'un titre, notamment la carence des ressources humaines, les déséquilibres de nombre de cadres d'intervention, les approximations des plans de travail et le manque d'intégration dans les champs environnementaux… Les défis à relever sont alors immenses et nécessitent une réelle mutualisation des efforts à plusieurs niveaux. Tarik Kabbage, président de la commune urbaine d'Agadir est, sans doute, l'un des acteurs potentiels de l'expérience communale les mieux indiqués à en faire part, de par sa réélection, deux mandats successifs, à la tête de l'une des entités communales les plus prisées du pays, vu son énorme potentiel économique et ses grandes opportunités développementales. Très connu pour son franc parler et son intégrité qui peuvent paraître parfois irascibles dans un entourage peu habitué à ces entrains, Kabbage nous livre ici ses impressions et ses opinions relatives à l'évolution de la chose communale, à l'horizon 2015, ainsi qu'au Plan de Développement de la Commune (PCD) d'Agadir. Selon lui, la charte communale est loin de répondre à tous les besoins sur le plan pratique, en particulier le statut du personnel dont on attend toujours les décrets d'application. Car, s'explique-t-il, on ne peut parler de mutation dans ce sens sans l'amélioration des conditions des ressources humaines dont le rythme de recrutement s'amenuise et le mouvement procédurier s'alourdit. En fait, poursuit-il, une commune performante est celle qui renferme des compétences formées et avérées, susceptibles de la mettre dans le sillage des fonctionnements adéquats. Pour ce faire, il met l'accent sur la nécessité de la bonne gouvernance, en tant que fondement primordial dans cette optique d'ajustement. Ensuite, il insiste sur la primauté de l'emploi de nature à assurer le déploiement économique, par le truchement de la synergie public/privé. Enfin, il plaide pour le devoir d'accéder à un niveau auquel il excelle manifestement, à savoir l'attractivité dont il fait son cheval de bataille. En effet, le renforcement du cadre de vie, par le biais de la qualité urbanistique, la consolidation écologique, le renforcement des secteurs du sport, des loisirs, de la culture…Dans le même ordre d'idées, Kabbage fait étalage de son Plan Communal de Développement (PCD) dont les ingrédients sont soumis à des consultations approfondies pour son peaufinement. Outre la continuation des projets mis en place, ce labeur touche les zones économiques, les infrastructures urbaines, les gestions déléguées de l'éclairage public et la collecte des ordures, à travers des sociétés locales de développement, les équipements dans les quartiers tels Bensargao, Tikiouine…Dans un autre registre, Kabbage se montre réprobateur de l'actuelle tentative de certains députés locaux qui, à son sens, ont l'intention, par des maquettes confectionnées à cet effet, de permettre à des investisseurs étrangers de la ville de se lancer dans des constructions de plus de 25 étages le long de la baie du côté des ports. Un certain Dubaï que ces initiateurs veulent rééditer dans une véritable ruée urbanistique aveugle. D'autre part, il déplore cette situation périlleuse dans laquelle se trouve Hay Mohammedi, pris d'assaut par une multitude d'édifices au point d'hypothéquer l'avenir de toute une métropole. Enfin, Kabbage s'exalte du fait que la constitution de l'association de l'environnement mise en œuvre, il y a quelques temps, est confortée par le ralliement d'environ quinze communes, notamment, Sidi Ifni, Tata, TanTan, Oulad Issa…, afin de mettre en place des concepts communs pour la fortification des actions écologiques à même de hisser la qualité des conditions de vie des citoyens