L'entreprise hôtelière française « Accor » est largement implantée dans la quasi-totalité du territoire national. Récemment, elle vient d'inaugurer un joyau du genre dans la capitale du Souss, première station balnéaire du royaume. Pas moins de quatre ministres dont celui du département de tutelle ont été présents lors de la cérémonie de coupure du ruban. Un nouveau Sofitel s'érige dans le firmament des icones de haut standing. Une prouesse qui agrémente le répertoire infrastructurel marocain de haute facture. L'inauguration qui s'est déroulée dans une ambiance fastueuse a rassemblé pour la circonstance une kyrielle pléthorique à l'échelon national, composée des décideurs institutionnels, des acteurs politiques, des opérateurs de l'économie et des finances et des intervenants représentatifs de haut calibre. Sauf un seul, le maire d'Agadir qui a jugé bon de boycotter un événement d'envergure se passant sur son périmètre de compétence. On ne cherchera pas longtemps les raisons de cette défection, si l'on sait qu'elle est due à un désaccord d'ordre procédurier. En effet, le complexe hôtelier en question, bien au début des travaux initiaux, avait déposé les plans de conformité auprès des services techniques de la municipalité pour se faire délivrer l'autorisation de construire. Ce qui fut fait. Toutefois, comme l'appétit vient en mangeant, les chantiers se sont propagés bien au-delà des délimitations prévues. Ces débordements nécessitent, bien naturellement, le dépôt des plans additifs conformément aux procédures urbanistiques requises. Ce qui ne fut pas fait. L'infraction est bel et bien criarde. La mairie est donc folle furieuse de constater qu'un trust aussi prisé ne se soit pas plié aux lois en vigueur, comme il en est fait, il y a quelques temps, lorsque les autorités s'étaient lancées dans la démolition des constructions non réglementaires. On croit savoir que le directeur général de l'hôtel, quelques jours avant l'inauguration officiel, se serait rendu à la commune pour déposer les documents modificatifs et aurait manqué de respect vis-à-vis de ses interlocuteurs, quand ces derniers lui avaient, probablement, reproché cette bourde procédurale de ne pas avoir fait le nécessaire bien avant les exécutions des travaux supplémentaires. Le dilemme est, en effet, grand. Comment peut-on alors cautionner officiellement, une réalisation loin de remplir les engagements urbanistiques appropriés, si infimes soient-ils ? Aurait-on la latitude de s'opposer à autoriser le fonctionnement d'une grande firme touristique dont les apports bienfaiteurs au Maroc ne sont plus à démontrer ? Devrait-on se monter intransigeant devant une bévue et d'en faire tout un drame ? Il est bien évident que le respect des normes urbanistiques est une nécessité impérieuse dans un Etat de Droit et des institutions. Dans ce cas, quelle que soit la notoriété de tel ou tel établissement, la mise en application rigoureuse s'avère une mesure machinalement adoptée, afin de mettre un terme aux dérapages des contrevenants. Néanmoins, le besoin de renforcer et élargir l'éventail investissemental convie à une certaine souplesse envers des opérateurs dont la réputation et l'imprégnation sont de mise. On ne saurait alors blâmer toute une dynamique à cause d'une bavure réparable. Comme on ne peut également tolérer tout dépassement portant préjudice à la normalité urbanistique. La gestion de tous ces imbroglios nécessitent, assurément, beaucoup de rigueur, mais pareillement beaucoup de sagesse et de perspicacité.