A l'issue des négociations marathoniennes à Bruxelles, qui avaient duré neuf heures, les ministres de l'économie de l'euro-Groupe sont parvenus, dans la nuit de lundi à mardi, à se mettre d'accord sur la manière de venir en aide à l'Espagne pour sauver son système bancaire. Tout paraît indiquer que l'Euro-Groupe avait réussi à atteindre un accord politique qui prend en considération les intérêts de l'Espagne mais aussi ceux de ses membres tout en garantissant l'engagement du gouvernement de Madrid de se soumettre à la discipline de contrôle du déficit public, comme le souhaitent certains partenaires, telles l'Allemagne et la Finlande. Le sauvetage du système bancaire espagnol est garanti pour le moment. Sur la table, les ministres de l'économie de l'Euro-Groupe avaient pour gageure de s'entendre sur les termes du mémorandum comportant les conditions retenues pour autoriser l'octroi de 100 milliards d'euros nécessaires pour le sauvetage de la banque espagnole, a résumé dans une déclaration aux médias le président de l'euro-groupe Jean Claude Juncker. Le mémorandum sera complété et signé le 20 juillet pour permettre le dégagement d'un montant de 30 milliards d'euros à mettre à la disposition de l'Espagne à la fin du mois en cas d'urgence pour le secteur bancaire. Le délai de remboursement sera de 15 ans, a précisé Juncker notant que la recapitalisation directe de la banque espagnole sera disponible à partir du moment où sera nommé un superviseur unique. C'est le fonds de sauvetage qui sera responsable des éventuelles pertes et non l'Etat espagnol, a expliqué Juncker. Toutefois, les montants à engager seront canalisés par le biais du Fonds espagnol de Restructuration Ordonnée Bancaire (FROB) et considérés comme une dette publique. En détail, les conditions de sauvetage bancaire comportent des « mesures pour renforcer le cadre de régulation et supervision en Espagne ainsi que des engagements à titre individuel de la part des banques bénéficiaires des aides », a précisé de son côté le vice-président de la Commission responsable des affaires économiques, Olli Rehn. Ce qui est à retenir est que le mémorandum représente un véritable test pour le système bancaire espagnol dans la mesure où il exige un diagnostic indépendant des besoins de capital des 15 entités ou groupes d'entités bancaires qui constituent 90% du secteur, prévu pour fin septembre. Outre le soutien financier, l'Euro-groupe a également approuvé une prorogation jusqu'à 2014 du délai de correction du déficit public d'Espagne pour le ramener à moins de 3% du Produit Intérieur Brut (PIB). Pour l'actuel exercice, le déficit se réduira à 6,3% du PIB (au lieu de 5,3% initialement). L'Espagne devra le ramener à 4,5% en 2013 et à 2,8% en 2014. En contrepartie, l'Euro-groupe exige que soit appliqué avec rigueur le budget de 2012, les programmes d'austérité aux gouvernements régionaux et l'adoption sans délai de réajustements structurels. Ce qui est douloureux dans ce paquet de conditions est l'éventuelle réduction des pensions des retraités et des indemnités de chômage pour pouvoir accomplir ces engagements. Le soutien de l'Euro-groupe a été salué, mardi à la bourse, par un relâchement au marché secondaire de la dette où la prime de risque a légèrement régressé pour se situer à 570,5 points, contre 575 points la veille à la clôture. Le taux d'intérêt marque 7,04% pour les bons du trésor à dix ans en comparaison avec leurs homologues allemands de la même durée. Il s'agit d'un indice qui place la dette souveraine espagnole dans la zone « rouge » en prélude à un éventuel sauvetage global de l'économie. Désormais les regards sont tournés vers le président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, qui est acculé à prendre des mesures drastiques dont la hausse de l'Impôt sur la Valeur Ajoutée (IVA) et l'élimination des avantages fiscaux au profit des acquéreurs de logements neufs. Le système bancaire est sauvé mais la facture sera assumée par l'ensemble des contribuables.