En dépit de l'augmentation des montants accordés par Bank Al Maghrib, le marché monétaire a connu une tension palpable au cours de la dernière séance du juillet. Les tensions sur la liquidité bancaire persistent toujours et les analystes restent toutefois prudents quant à un éventuel relâchement des taux interbancaires. Lors du dernier appel d'offres hebdomadaire, la banque centrale a injecté 2 milliards DH supplémentaires, en servant 56 milliards DH, poursuivant ainsi sa politique accommodante de fourniture des liquidités nécessaires au financement de l'économie. Selon les analystes d'Attijari Capital Markets, le marché monétaire ne connaît toujours pas d'accalmie. Les pressions sur les liquidités bancaires exercent ainsi des tensions considérables sur le loyer de l'argent qui continue à évoluer au dessus du taux directeur fixé à 3% depuis mars dernier. En dépit de la présence accrue de l'argentier de l'Etat qui a placé à blanc et avec prise en pension plus de 1,4 milliard DH sur le marché monétaire ainsi qu'une injection supplémentaire de 2 milliards DH à travers le canal des avances à 7 jours, les taux interbancaires demeurent très tendus. Ils ont dépassé les 3,25%. Cette situation peu confortable de la liquidité des institutions financières, dont les besoins hebdomadaires auprès de la banque centrale touchent un nouveau sommet à 56 milliards, s'est traduite par une hausse fulgurante des taux sur le compartiment interbancaire de plus de 25 points de base. Paradoxalement, les soldes bancaires affichent une moyenne très satisfaisante au titre de la réserve obligatoire pour le mois de juillet, constatent ces mêmes analystes. La banque d'affaires s'attend toutefois à une légère détente des taux la semaine prochaine. «Nous pensons que la rentrée de la paie des fonctionnaires et l'action conjointe du Trésor et de la Banque Centrale devraient alléger les tensions sur la liquidité et calmer l'envolée des taux interbancaires dès le début de la semaine prochaine», explique un analyste de la première banque privée au Maroc. A noter, par ailleurs, que sur le marché obligataire, la demande des investisseurs en bons de Trésor a accusé un net repli cette semaine. L'assèchement des liquidités sur le marché monétaire s'est fortement ressenti au niveau des adjudications sur le marché primaire. Dans ce sens, l'argentier de l'Etat s'est abstenu d'impacter les maturités courtes dans un environnement marqué par une sous liquidité apparente du marché monétaire traduite par un creusement des soldes bancaires et l'envolée des taux interbancaires. C'est ainsi que la levée du Trésor a été totalement concentrée sur la maturité 2 ans qui est restée quasi-stable par rapport à la dernière séance d'adjudication à 3,73%. «Une stabilité passagère qui pourrait rapidement s'inverser, notent les analystes. Cela dit, compte tenu des besoins grandissants du Trésor annoncés pour le mois de juillet dépassant les 9 milliards DH et des perturbations sur la liquidité du marché monétaire, les taux obligataires pourraient, à leur tour, repartir à la hausse à court terme, estiment les analystes, en soulignant l'absence de visibilité quant à la perspective de l'émission à l'international prévue par le gouvernement en 2012.