Le phénomène n'est pas nouveau, mais depuis le début de cette année, le besoin de liquidités chez les banques de la Place prend plus d'épaisseur. Pourtant, au terme du premier trimestre 2012, les crédits à l'économie sont loin d'atteindre leur niveau historique des années de bonne fortune. La décision prise par Bank Al Maghrib de ramener son taux directeur à 3% ne pouvait, à elle seule, apaiser la tension sur les marchés. Les taux interbancaires ont connu des hausses sensibles, largement au-dessus du taux directeur. Les analystes de la banque centrale expliquent ce resserrement accentué de la liquidité bancaire par « l'effet restrictif exercé sur les trésoreries bancaires (par les facteurs autonomes de liquidités) en relation essentiellement avec la baisse de 10,3 milliards DH ou 6,1% des avoirs extérieurs nets sur l'ensemble du premier trimestre 2012. Le document de l'institut d'émission rappelle, par ailleurs, que Bank Al Maghrib a augmenté ses interventions sur le marché monétaire à travers les avances à 7 jours sur appel d'offres, en injectant un volume moyen de 35,1 milliards DH durant le mois de mars (représentant 86,8% du montant demandé par les banques), après 32,7 milliards DH en février 2012 et 26,3 milliards DH en janvier. Parallèlement, le taux d'intérêt interbancaire (TMP) s'est stabilisé autour de 3,31%, niveau légèrement supérieur au taux directeur. Pour les analystes financiers d'Attijari Capital Markets, la banque centrale, en parfait régulateur de la liquidité du système bancaire, use de son instrument de politique monétaire, notamment les avances à 7 jours pour alléger les pressions sur les liquidités bancaires. Ainsi, « le creusement du déficit de liquidité qui a atteint des records début mai, à plus de 50 milliards DH, a poussé Bank Al Maghrib à soutenir fortement le marché monétaire pour contenir la hausse des taux interbancaires. Le régulateur a ainsi injecté 46 milliards, la semaine du 10 mai, contre 45 milliards une semaine auparavant, alors que transitent déjà dans le circuit monétaire 15 milliards DH à travers les pensions à trois mois, notent les analystes de la banque d'affaires. Pendant ce temps, les taux interbancaires se sont dépréciés de quelques points de base mais demeurent à des niveaux supérieurs à celui du taux directeur à 3%. De son côté, l'argentier de l'Etat (le Trésor) continue à soutenir l'équilibre du marché monétaire à travers ses placements à blanc et avec prise en pension. Le Trésor a ainsi injecté dans le circuit bancaire plus de 1,2 milliard en moyenne quotidienne, précise-t-on de même source. Cette semaine, la troisième séance d'adjudication du Trésor du mois de mai, enregistre une hausse des taux de rendement sur plusieurs maturités de la courbe primaire. Sauf que cette fois-ci, le Trésor se contente de lever 300 millions DH seulement, entièrement concentrée sur la maturité 52 semaines. Pour la plupart des analystes, l'argentier de l'Etat semble marquer « un temps d'arrêt au lendemain de l'adoption de la loi de finances 2012 », en attendant de voir plus clair quant à une éventuelle sortie sur le marché financier international, tel que prévu dans le projet de loi de Finances.