En collaboration avec le barreau auprès des cours d'Agadir et de Laâyoune, le club régional de la presse d'Agadir a tenu, vendredi dernier à l'amphithéâtre de la chambre de commerce, d'industrie et de services, une conférence scientifique autour du thème « pouvoir de la communication et pouvoir de la juridiction ». Au préambule de cette rencontre qui a drainé un parterre de journalistes, toutes catégories confondues, d'avocats, de procureurs, de magistrats..., Mustapha Iraqui, membre du bureau exécutif du syndicat national de la presse marocaine, a mis en exergue le parcours du règlement régissant la profession de la presse, depuis 1914, bien avant l'indépendance. Au fil du temps, cette loi a connu des amendements, toujours dans le sens de l'étouffement de la mission du journaliste, en termes de sanctions coécrives à son encontre. En 1998, le corps de la presse a énergiquement revendiqué la promulgation d'une loi avancée qui réponde aux revendications des journalistes, conformément aux recommandations du colloque national de l'information. Hormis quelques améliorations, poursuit-il, ces textes tardent à voir le jour, jusqu'à présent, quoique certains passages aient joui de l'approbation unanime, tel le respect de la personne du Roi, la religion islamique et l'intégrité territoriale. La profession attend toujours l'apparition de cette loi qui refléterait le degré de croissance de cette mission, tout en sachant, conclut l'intervenant, que les journalistes aspirent à la mise en fonction d'une instance de déontologie qui veille à la lutte contre la diffamation et le dénigrement. Pour sa part, Lahcen Moufsih, avocat au barreau d'Agadir, a mis l'accent sur l'importance de l'action de la presse dans la société et son acuité, en paraphant la fameuse citation de Napoléon : « Je pourrai appréhender trois journaux, mais pas cent soldats !». La presse, souligne-t-il, est constamment à l'origine d'une panoplie de thématiques en débat et permet de cerner les problématiques à grande échelle. Par ailleurs, il affirme que l'appellation consacrée à la presse, à savoir le 4éme pouvoir est une erronée, car il n'existe, en fait, que trois pouvoirs, législatif, exécutif et judiciaire. De son côté, Saoudi El Amalki, président du club régional de la presse d'Agadir a relevé que la presse partisane avait joué, à l'époque, un rôle militant au côté du mouvement national pour le recouvrement de l'indépendance et l'instauration de l'Etat moderne. Peu après, suite à l'élargissement des libertés, indique-t-il, cette presse s'est diversifiée, avec l'entrée en lice de la presse écrite dite indépendante, les supports audiovisuels privés et la presse électronique. Cependant, en dépit de cette éclosion des titres, on notera que l'entreprise de la presse proprement a du mal à se consolider, ainsi que la diffusion qui reste restreinte, à cause du niveau d'instruction et de conscience au sein des masses populaires. De ce fait, l'impact de la presse sur les événements demeure insuffisant, d'autant plus que le support télévisuel public reste trop « officiel ». Dans sa dernière communication, Ahmed Inane, magistrat à Inezgane, a surtout prôné que les dossiers relatifs aux affaires des journalistes doivent être traités séparément. Pour ce faire, il convient de prévoir une magistrature spécialisées dans les affaires ayant trait à la presse. Il va sans dire, également, ajoute le magistrat, que ces dossiers doivent subir les mêmes traitements car la loi est au dessus de tous.