L'examen de la presse partisane et du champ médiatique en général a été au cœur du débat initié par l'USFP à Agadir. Abdelhamid Jmahri, directeur de rédaction du quotidien Al Ittihad Al Ichtiraki était l'hôte de cette rencontre publique, animée par Seddik Benzina, chef de la station d'Agadir de 2M, Saoudi El Amalki, président du club régional de la presse et correspondant régional d'Al Bayane et Ahmed Hamma, ex représentant du journal arabe Ach Chark Al Awsat et directeur de publication du magazine local Al Ghad. Abordant cette thématique d'actualité, Jmahri a, d'emblée, souligné que la presse partisane avait fait son apparition, en parfaite corrélation avec l'émergence des partis progressistes d'opposition qui se trouvaient contraints de créer leurs organes afin d'y émettre leurs opinions et positions, au moment où l'accès aux médias audiovisuels publics, hermétiquement monopolisés par l'Etat, était quasiment impossible. Cette dualité, ajoutait l'intervenant, sévissait jusqu'aux années 90, où le Maroc s'introduisait dans une ère marquée par la décrispation politique, à travers nombre d'indicateurs, notamment le retour des exilés à la mère-patrie, la libération des détenus politiques, le renforcement des principes des droits humains… La vie médiatique commençait donc à bénéficier de cette ouverture, en particulier, avec l'avènement de l'alternance qui tentait résolument à bousculer cet hégémonisme de l'Etat dans le secteur médiatique, par la mise à contribution des titres et des chaînes radiophoniques et télévisuelles indépendants. Cependant, au regard de cet épanouissement médiatique, la presse partisane régressait au niveau des ventes, ces dernières années, pour des raisons objectives, mais aussi subjectives, quoiqu'elle ait contribué potentiellement à l'instauration du processus démocratique. Dans ce sens, Jmahri précisait que le pays a toujours besoin d'une presse partisane forte tant que l'Etat s'acharne à conquérir les médias audiovisuels et que des lobbys politiques et économiques exercent des pressions à des fins personnelles. Après cette intervention introductive, les journalistes interviewers amorçaient un tas de questionnements ayant trait au rôle de la presse partisane dans l'édification démocratique, à la reconversion en presse entreprise avec une nouvelle génération de jeunes compétences, aux contraintes budgétaires et de gouvernance… Pour Jmahri, la régression se place dans un contexte national, dans la mesure où le lectorat est en décadence, car la presse écrite marocaine, toutes tendances confondues, ne produit que 450 000 exemplaires par jour, alors qu'un journal comme Al Khabar d'Algérie, à lui seul, en met dans le marché beaucoup plus. En fait, malgré cette dégringolade qui caractérise aussi bien la presse partisane que certaine presse indépendante, même si d'autres versant dans le sensationnel et les dérapages professionnels, la presse nationale se doit de persévérer tant que l'Etat s'obstine à s'accaparer les médias officiels. D'autre part, Jmahri n'a pas omis d'insister sur cette notion de responsabilité dans la pratique médiatique, car la liberté d'expression dont jouit le pays a tendance à jouer de mauvais tours à certains débordements portant préjudice à l'espace démocratique dans lequel se déploie la presse en général.