La question de l'avortement requiert un “débat profond" et une approche participative associant l'ensemble des intervenants concernés par ce problème, a affirmé lundi le ministre de la Santé, El Hossein El Ouardi. Ce sujet “devrait cesser d'être tabou tant il concerne la santé des citoyennes. Il devrait faire l'objet d'un débat profond associant tout le monde pour parvenir à une solution consensuelle et auxquels prendront part oulémas, juristes, spécialistes, partis politiques et société civile", a souligné le ministre, en réaction à une question à la Chambre des représentants présenté par le groupe du RNI. Selon lui, la réglementation de l'avortement ne constitue pas une priorité pour le ministère, dès lors qu'elle est perçue d'abord comme un problème engage la santé même des citoyennes. Sur les mesures prises par le département de la santé en ce sens, il a évoqué entre autres la contraception, la planification familiale, la sensibilisation des femmes mariées et l'intégration de programmes sur la santé reproductive dans les cursus scolaires. En dépit de leur importance, ces mesures restent toutefois “partielles" en l'absence d'une approche participative associant les départements concernés et les organisations de la société civile dans l'élaboration d'une stratégie destinée à réduire l'ampleur de l'avortement clandestin et à sensibiliser à ses dangers. Il a fait observer que le ministère ne dispose pas de données précises sur l'avortement du fait qu'il s'agit d'une pratique clandestine sanctionnée par la loi, relevant dans ce cadre la nécessité de revoir certaines dispositions de la loi pénale relative à l'avortement, sachant que le dernier amendement remonte à 1967. La semaine dernière, le président de l'Association marocaine de lutte contre l'avortement clandestin (AMLAC), Chafik Chraibi, avait souligné qu'entre 600 à 800 cas d'avortement clandestin sont enregistrés quotidiennement au Maroc.