Les toges noires se retirent du dialogue national sur la réforme de la justice. Par une telle décision, les avocats ont voulu adresser un message au ministre de la Justice et des Libertés : non à la marginalisation. Contacté par Al Bayane, Hassan Ouahbi, président de l'association des ordres des avocats du Maroc a confirmé cette décision estimant que l'association n'a pas été tellement impliquée dans les étapes préparatifs à l'instar des autres composantes du pouvoir judiciaire. Hassan Ouahbi juge aussi que la composition de la haute instance de la réforme de la justice demeure largement empreinte des institutions officielles tout en soulignant que les critères de nomination ont été assujettis à des normes non objectives. En fait, cette instance devrait normalement refléter le poids et la représentation de tous les acteurs majeurs du monde de la justice, laisse-t-il entendre. «Cela relève de l'injustice», proclame-t-il. Selon les statistiques, le nombre des avocats au Maroc s'élève à 12.000 et constituent dans l'ensemble 17 barreaux. S'agissant des programmes du dialogue national, l'association des ordres des avocats du royaume considère que les thèmes sélectionnés pour les débats ont un caractère trop académique et ne traitent aucunement l'essence de la problématique. Autrement dit, les véritables points névralgiques de la réforme ont été mis au placard, comme c'est le cas du statut principal du magistrat ou du conseil supérieur de la magistrature. En tournant le dos à l'Etat, les avocats ont décidé d'avoir leur propre dialogue national pour diagnostiquer le secteur et présenter leur vision quant à la réforme du secteur. Ainsi, il a été décidé d'organiser un colloque national qui aura lieu le mois d'octobre prochain. Rappelons que la 1ère conférence régionale sur le dialogue national pour la réforme de la justice a eu lieu récemment à Rabat. Les participants ont décortiqué le fonctionnement de l'appareil judicaire marqué essentiellement par «l'inflation du nombre des tribunaux en plus des grandes disparités entre les villes en termes d'activité judiciaire». Le Maroc connait actuellement un manque crucial en nombre de magistrats, soit 12 pour 1.000 habitants. Le manque en matière de logistique et de ressources humaines a fait que 9000 affaires n'ont pas été traitées, en 2011 seulement.