La rencontre médiatique à la province de Tinghir avec les conseillers et les responsables locaux des différents départements a suscité un véritable déclic pour une nouvelle dynamique de la région, longtemps soumise au fardeau de l'abandon. Pour le décollage escompté, il appartient à toutes les compétences institutionnelles et administratives, ainsi que tous les acteurs politiques, syndicaux et associatifs de secouer le cocotier, de concert et de front, au sein d'une zone dotée d'un potentiel naturel et patrimonial de haute notoriété. En fait, les dix commandements d'une telle opération de développement multidimensionnel se résument : 1- Etincelle psychique : il est bien évident que les multiples démissions ont cumulé un sentiment de frustration et de morosité chez les populations lassées par le mensonge et l'indifférence de l'ancienne Autorité dépecée. Il va donc falloir relancer l'espoir et la confiance en installant un discours franc et authentique et en mettant en place des mesures plausibles et tangibles, en direction des citoyens et de la province. 2- Synergie collective : depuis la création de cette province, il y a plus de deux ans, cette même Autorité s'est lancée dans une politique de division et de disparité pour mieux étendre sa mainmise. Il est donc opportun d'adopter une politique de resserrement des rangs et de mutualisation des efforts de toutes les énergies, à travers une stratégie commune à laquelle s'identifient toutes les parties intervenantes, sans exclusive ni favoritisme 3- Brassage ethnique : nul ne saurait occulter l'existence d'une pléthore de tribus et d'ethnies qui émaillent une région dont les flammes de discorde ont été longtemps attisées par l'ancienne Autorité dans le sillage de son attitude de ségrégative. Aujourd'hui, il conviendra de décrisper toutes ces divergences tribales et ethniques, par le biais d'une vision de valorisation et renforcement des atouts et des apports de ces patelins laissés pour compte. 4- Refonte stratégique : Il est bien clair que, jusque-là, tous les secteurs évoluent séparément les uns des autres. Aucun fil conducteur permettant la coordination et le rapprochement des efforts mutualisés n'a été préconisé par le conseil provincial beaucoup plus tiraillé par les calculs politiques réducteurs que les intérêts suprêmes. Il est alors loisible de mettre en œuvre un plan de développement global où interviendraient toutes les entités en présence, dans un esprit de symbiose et de cohérence. 5- Essor économique : de par ses potentialités indéniables et ses richesses naturelles incontestables, la province de Tinghir est capable d'enclencher une effervescence économique des plus porteuses. Les gorges et les oasis, ainsi que les mines dont regorge le territoire de cette zone prometteuse sont, entre autres, des fondements essentiels pour cette croissance dont profiteraient les populations, en matière d'opportunités de travail et de revenus certains, cas des tensions actuels de la commune d'Imidre, par le biais de gestion et de répartition ferme et équitable des richesses. 6- Retombées sociales : de par ces déchéances qui ont frappé toute une province délaissée et abandonnée à son sort, les déficits sociaux n'ont fait que s'accroitre au point de déclencher des émeutes et des soulèvements populaires massifs, cas de la fameuse marche de colère à laquelle avaient participé des milliers de manifestants, parmi les jeunes en particulier. Cette démission de la part de l'Autorité a entrainé également des dysfonctionnements criards au niveau des projets structurants et des équipements publics permettant aux citoyens d'évoluer dans des conditions décentes. Cette situation ne saurait perdurer pour éviter des dérapages sociaux explosifs débouchant sur des différends insolubles. C'est absolument une priorité à laquelle devraient s'atteler toutes les forces vives de la province, à la lumière d'une stratégie collective concertée, intégrée et agissante. 7- Tourisme intelligent : parmi ces singularités dont les répercussions positives sont impératives, on citera, sans équivoque, le secteur du tourisme rural. En effet, il est insensé de jouir des splendeurs naturelles d'un raffinement inégalable et de continuer à ignorer toutes ces richesses de haute facture. Il s'impose alors de se focaliser à exploiter au fond les sites pittoresques des gorges de Dadès, de M'goun, de Toudrha..., en mettant en place des structures d'accueil, des accès, des aires de repos et loisirs...Ces lieux uniques au monde pourraient drainer des visiteurs en quantité, aussi bien des régions du royaume que du monde entier et, partant, générer des fonds colossaux. 8- Désenclavement indispensable : il est bien anormal que la construction d'un tronçon Ouarzatate/Taznakht mette plus de cinq ans. D'autres accès connaissent le même sort, jetant la province dans un enclavement suffocant. Il est donc indispensable de mener une réelle politique de désenclavement en termes d'accès, de routes et de sentiers, dans le cadre de renforcement des infrastructures de base. Il serait ambitieux aussi de capitaliser toutes les conditions requises pour édifier ce projet de grande envergure qu'est le tunnel sur Tizi N'tichka, en formant un lobbying de taille pour son exécution. 9- Développement culturel et sportif : le bilan actuel de ces deux volets vitaux de la vie de la jeunesse est très négatif, au regard des infrastructures réservés à ces axes névralgiques. En matière de culture, il est regrettable de se doter de telles richesses patrimoniales, au niveau des kasbahs, des oasis, des traditions ancestrales, des expressions populaires...sans accompagnement valorisant ni adoption structurante. Les installations sportives sont pareillement dérisoires, sans stades de jeux, ni ressources humaines insuffisantes ni aires de jeux pour enfants, ni foyers de femmes...En revanche, on notera non sans réjouissance une dynamique d'une société civile active qui a donc besoin d'un grand intérêt et d'un accompagnement assuré, au niveau technique, matériel et pécuniaire. 10- Démocratie et développement durable : Au cours des années précédentes, l'Autorité s'est malheureusement comportée d'une manière unilatérale et partiale au profit d'une sensibilité politique, créant, de ce fait, l'indignation et la désapprobation des autres communes, mise sous l'éteignoir de l'exclusion. Le mouvement syndical a donc connu une évolution contre-nature, aux dépends d'un comportement démocratique et juste. Cette conduite a influé négativement sur la pratique politique saine et, en conséquence, sur le développement pérenne. Il est donc impérieux de changer de comportement envers les acteurs politiques et syndicaux pour un meilleur traitement démocratique, car tout simplement c'est le temps du changement.