Plus d'un millier de personnes se sont rassemblées devant le siège du district urbain de Tinghir, lundi dernier, en début d'après midi pour crier haut et fort le départ du gouverneur de la province. Ce mouvement de protestation qui s'est déroulé dans le calme sans casse ni dérapage n'est pas, en effet, le premier du genre, puisque les populations de cette contrée de la vallée de Drâa se sont à maintes reprises, insurgées contre la démission déconcertante du premier responsable. La fameuse marche qui avait fait sensation il y a quelques mois, est toujours présente dans les esprits. La manifestation de ce lundi a eu également tout l'éclat escompté, car les foules déchainées ont brandi énergiquement toutes les déficiences d'une jeune province en quête de réalisations et de projets structurants pouvant améliorer les conditions des citoyens. Après de longues attentes aux promesses tenues par les autorités locales dans nombre de domaines socio-économiques et culturels en direction des citoyens, tous ses engagements sont restés lettres mortes. Cette situation devient de plus en plus chaotique, débouchant sur des querelles ensanglantées intertribales, sans que l'Autorité n'intervienne pour trouver des solutions appropriées, dans la concertation et le consensus. Face à cet état dramatique sanctionné par la dérive, le gouverneur n'a d'autre souci que d'appuyer son parti de prédilection pour les prochaines échéances électorales. Ce favoritisme démesuré n'est plus un secret pour personne, car les deux « alliés » d'intérêt mutuel sont constamment ensemble au su et au vu de tout le monde, sans tenir compte des sentiments des citoyens exaspérés par ce comportement partial ni des élans démocratiques qui ne cessent de se propager dans le champ politique national dont les nouvelles dispositions constitutionnelles ne font que conforter. Il semble, en effet, que le gouverneur se trouve bien en dehors de cette étape historique fastueuse que traverse notre pays et que le Souverain vient de renforcer, dans le discours du trône. Se sentant partant par ces soulèvements répétitifs des populations de Tinghir contre toutes les formes d'exclusion et de déficits, le premier responsable de cette déchéance s'entête absolument à « planter » son parti préféré avant de partir. Le sit-in populaire de lundi dernier vient dénoncer encore une fois cette attitude grotesque, marquée par l'indifférence et la provocation. Tout a commencé, le matin au siège de la province, par l'entrevue des diplômés chômeurs qui ont signifié aux autorités provinciales qu'ils en ont ras-le-bol des promesses non honorées. Les interlocuteurs provinciaux ne trouvant quoi dire, en l'absence du gouverneur, allaient tout naturellement déclencher la colère des jeunes harassés par les atermoiements interminables. C'est ainsi que s'amorçait ce mouvement des populations dans les rues de la ville, auquel ont pris part non seulement les jeunes protestataires, mais également les citoyens, tous genres et âges confondus. Il est à signaler, à ce propos, que les jeunes diplômés ont bloqué la route stratégique n° 10 reliant Tinghir à Errachidia et Ouarzazate, tout en fustigeant le désengagement du gouverneur qui, selon ces jeunes, adosse la responsabilité de leur calvaire aux élus « qui ne foutent rien », d'après lui. Ce blocus a duré de 12h à 10h du soir, sous les yeux impassibles des services d'ordre, provocant ainsi une véritable perturbation dans cet axe de grand débit routier. Pendant ce temps, le gouverneur revenait de la cérémonie d'allégeance de Tétouan où il avait commis sa énième bourde. Effectivement, à la surprise générale et au-delà de tout tact de neutralité et de sagesse responsable, le gouverneur avait eu le culot de désigner le secrétaire provincial du PAM à faire partie de la délégation de Tinghir présente à cette séance de haute notoriété, sous prétexte que cet « heureux » désigné est un « acteur associatif », comme si les autres responsables politiques de la région ne le sont guère. Cette préférence qui ne fait que confirmer encore une fois le penchant flagrant du gouverneur à son parti préféré, a suscité, en fait, indignation et irritation chez la communauté de Tinghir. D'autant plus que le fait de faire appel en exclusivité, au responsable d'un parti politique quel que soit sa casquette prétendue, est un vilain signe que veut transmettre le responsable de la province à tous les autres membres du cortège composé des conseillers, pour la plupart peu conscients de cette duperie, au sein d'un cérémonial royal de forte intensité. Il est donc grand temps de mettre un terme à cette sale mascarade.