L'émission «moubacharatane maâkoum» que dirige, depuis longtemps, notre confrère Jamâa Goulhacen, a été consacrée, mercredi dernier, au dossier du Sahara, au lendemain du discrédit de l'envoyé spécial onusien, Christopher Ross, par les Autorités publiques marocaines, par rapport à la mission pour laquelle il s'est assigné. Un parterre d'hommes politiques, de journalistes, d'acteurs de droits humains et de chercheurs politologues ont contribué au débat de cette affaire qui refait surface de plus belle. Cette fois-ci, à la satisfaction sans doute du public, la langue de bois était entièrement mise à l'écart au profit de la langue de miroir par laquelle les faits réels sont réfléchis sans détour ni contour. En fait, la problématique qui était longuement mise dans les tiroirs d'une minorité de décideurs, en connivence avec les notabilités sahraouies, adulées dans les largesses de la rente, se trouve confrontée, aujourd'hui, à des développements d'une acuité sulfureuse. En effet, l'évolution actuelle de l'enjeu en place revêt une dimension beaucoup plus stratégique dans toute la région du Sahara et sahel qu'une simple équation maroco-algérienne. Toute cette ceinture composée de plusieurs entités ethniques, est maintenant sous les laves de l'éclatement, suite aux conflits perpétuels et aux infiltrations des extrémistes confessionnels et autres malfrats de la drogue et des armes. Il est bien vrai que le Maroc, avait, depuis des lustres, ancré les premiers jalons d'un Etat structuré où les Institutions prennent notoirement forme, à la différence de bien de ses voisins riverains qui sont continuellement en proie de l'instabilité politique et du déchirement tribal. Dans ce contexte, la gente militaire algérienne est prise en otage de ses propres calculs hégémoniques, avec l'affaissement du régime libyen et la turbulence aqmie dans la région, outre les séquestrés de Tindouf dont elle endosse les discrédits des calvaires. Néanmoins, si actuellement notre pays cumule des avancées sensibles en termes de consolidation du front intérieur, par le truchement de ces acquis institutionnel et développemental, ainsi que de redorement de son blason de crédibilité, à travers le plan d'autonomie, il est pareillement loisible d'avancer que ce dossier qui prend actuellement des tournures cruciales, accuse des revers fatals, durant des décennies, au point de mettre nombre de nos compatriotes des provinces du sud dans des situations de scepticisme et de belligérance. Il convient de dire également que l'hermétisme et l'opacité auxquels a été soumis l'affaire du Sahara a négativement influé sur le cours du processus de traitement, mis bien loin de la communauté populaire, pour des raisons sécuritaires souvent erronées. Il s'avère que la solution définitive de cette problématique n'émanera pas uniquement des résolutions onusiennes dont les considérations sont aujourd'hui complexes. Mais, certainement, des rapports d'inter-réaction dans la région, notamment le Maroc dont la dynamique de démocratisation et de modernisation pèse sérieusement dans la balance aussi bien à l'échelon régional que planétaire et l'Algérie dont le post-Bouteflika est, sans doute, porteur de nouvelles mutations de conscience, susceptibles de desserrer l'étau de l'errance militariste, au regard des aspirations accrues d'un peuple atrocement mis dans les gouffres de l'oppression et du dénuement. L'avenir du Maghreb et de l'africanité en sortira grandi…