Les espaces de Rabat résonnent actuellement aux rythmes effrénés du festival Mawazine. Bientôt, ceux d'Agadir retentiront aux mélodies de Timitar. D'autres verseront le délire dans nombre de localités du royaume, en période estivale… La saga du spectacle de masse, toutes diversités réunies, ne faillit point à sa tradition dans une nation de plaisir sensuel collectif et de tolérance festive légendaire. Nul ne prétend altérer ni émousser cette genèse séculaire qui fait tressaillir d'allégresse toutes les communautés d'une entité plurielle dont l'unicité ne fait jamais défaut. Même pas les tares et les avatars de la vie précaire des bidonvilles et des masures. Encore moins, la montée en flèche des islamistes au summum du pouvoir. Car le bonheur des sens est un droit, comme l'eau et le pain, que personne ne saurait étouffer. On se rappellera les réticences, voire les médisances que d'aucuns avaient lâchées, au lendemain de l'ascension écrasante du parti de l'actuel chef de gouvernement : les festivals seront annulés, les plages scindées selon le genre, les locaux de distractions fermés… Un canular des plus cuisants. Les islamistes ont bel et bien signé la charte d'engagement au cœur de laquelle trônent les libertés et les valeurs, en compagnie des constituantes d'une majorité responsable, pour infliger un camouflet ferme aux détracteurs. Plus de place aux tergiversations creuses ! Les principes autour desquels s'agrippent toutes les forces de démocratie, de modernité et du progrès ne sauraient fléchir par des présomptions égocentriques tissées de toutes pièces. Un peu moins de six mois de l'investiture de l'exécutif, la majorité évolue dans le respect des normes, des traditions et des acquis. Des débats, des concertations, mais pareillement des remises en question et parfois des différends sur telle ou telle appréciation…Pendant ce temps, les festivals de divertissement où se rencontrent les membres du gouvernement pour un moment mérité de répit, suivent leur train-train de chemin…