A l'instar de la communauté mondiale, le Maroc célèbre ce samedi 12 Mai 2012 la Journée internationale de l'infirmier et de l'infirmière. Le thème qui a été choisi cette année par les organisateurs de cet important événement pour commémorer cette journée est : «Combler l'écart : de preuves aux actes ». C'est un sujet qui reflète toutes les préoccupations et les enjeux qui animent les infirmiers à travers le monde, en ce qui concerne l'accès aux soins des populations là où elles se trouvent, indépendamment des conditions des uns et des autres. Le thème retenu par le comité international des infirmiers pour célébrer cette journée est très parlant : Combler l'écart : de preuves aux actes. Aujourd'hui, les systèmes de santé du monde entier sont confrontés à des inégalités en termes de qualité et de quantité des services prodigués, ainsi qu'à des restrictions financières. L'une des raisons pour lesquelles les services ne sont pas toujours prodigués de manière optimale réside dans la prise de décisions mal fondées, qui risquent en outre de compromettre l'efficience, l'efficacité et l'équité dans la disponibilité des services de santé. Le recours à des preuves pour étayer nos actes est une manière déterminante et réaliste d'améliorer les résultats des systèmes de santé. Or, la quantité de plus en plus importante d'informations disponibles risque de compliquer plutôt que de faciliter la recherche des preuves. Plus que jamais, les infirmières doivent apprendre non seulement à récolter des preuves, mais encore à les appliquer dans leur travail quotidien. Toutes les preuves ne sont pas solides ni fiables : aussi les infirmières doivent-elles savoir identifier les meilleurs éléments de preuve, compte tenu des besoins et des préférences des utilisateurs des services, tout en appliquant leur propre expertise, compétence et jugement clinique pour déterminer dans quelle mesure ces preuves sont applicables dans leur contexte local. Le Comité International des Infirmiers (CII) est convaincu que les infirmières et les infirmiers sont bien placés pour fournir des renseignements importants concernant les contextes, les systèmes de santé, les besoins des différents groupes de populations ainsi que le rôle des facteurs sociaux et des considérations de politique locale. L'approche fondée sur les preuves permet aux infirmiers de remettre en question l'approche de leur pratique et de les responsabiliser encore plus. Elle leur permet enfin de réévaluer en permanence leur pratique et de chercher des manières neuves et plus efficaces d'intervenir, et ainsi d'améliorer l'accès aux soins et au bien-être aux populations. Démocratisation des soins Parler de l'accès aux soins pour tous, de l'équité, de l'égalité des chances face à la maladie c'est permettre à tous d'être bien accueillis, bien soignés, c'est réduire le fossé qui sépare ceux qui ont des moyens et qui peuvent se permettre de bien, se faire soigner et ceux qui n'ont pas de moyens, mais qui ont eux aussi le droit d'être convenablement soignés. C'est démocratiser ces mêmes soins, pour une plus grande justice sociale. C'est répartir équitablement tous les moyens entre les différentes régions du pays. C'est donner la chance à celles et ceux qui sont pauvres de pouvoir bénéficier de prestations de qualité indépendamment de leurs moyens ou de leur lieu de résidence. C'est permettre à chaque femme qui habite en milieu rural de pouvoir accoucher en toute sécurité. C'est ne plus accepter le cliché de ce père de famille obligé de porter sur son dos son fils sur des Kms pour se rendre au dispensaire le plus proche. Il s'agit également , de rendre le service sanitaire public de qualité et compétitif (atteindre un taux d'hospitalisation de 50 % de la population à l'horizon 2012); de réduire les coûts des soins et des médicaments; de soulager les ménages en réduisant la part des dépenses qu'ils supportent (54% actuellement ) à moins de 25% à l'horizon 2015; il s'agit aussi de regagner la confiance du citoyen envers le système de santé à travers l'amélioration de l'accueil, la fourniture de l'information, la prise en charge correcte des urgences et la disponibilité des médicaments; et d'assurer la prise en charge totale des affections de longue durée. Hommage aux infirmières et aux infirmiers La célébration de la journée internationale de l'infirmier, est pour moi l'occasion de rendre ici sur ces colonnes un très grand hommage à toutes les infirmières, à tous les infirmiers. Je souhaite que vous retiriez de votre engagement exemplaire auprès des malades la satisfaction et la reconnaissance que vous méritez. Que cette journée qui commémore ce grand événement mondial soit pour vous synonyme de joie et de bonheur. Vous êtes quotidiennement aux côtés de la douleur des autres. Parfois on oublie que vous-mêmes, personnels de l'hôpital, infirmières et infirmiers, vous portez également votre part de douleur, de souffrance et d'inquiétude. Vous œuvrez sans relâche, inlassablement de jour, comme de nuit au chevet des malades que ce soit au niveau des hôpitaux publics, des cliniques privées, des cabinets… Vous assurez un travail inestimable auprès des personnes diminuées physiquement et psychologiquement, de jour comme de nuit, 24H sur 24, les week-ends et les jours fériés pour les aider, les soutenir, les réconforter, les soigner, les soulager… Un travail qui est souvent accompli dans des conditions difficiles, pénibles et harassantes, vous êtes souvent acculés à faire face à une charge de travail très lourde eu égard à la pénurie d'infirmiers et infirmières qui touche notre pays où le besoin est aujourd'hui estimé à plus de 9000 infirmiers. Humanisme, altruisme et responsabilités La profession infirmière est empreinte d'humanité. La définition de l'Art Infirmier et le Code de Déontologie des infirmières précisent bien que l'infirmier prend en charge le patient d'une manière globale, quel que soit ses moyens, l'endroit, l'origine et les convictions de celui-ci. De plus, pour une infirmière, le patient n'est jamais un cas, "une appendicite", "un pontage cardiaque" ou "un diabète", il est une personne qui vit une histoire individuelle dans un milieu spécifique. Combien de fois le patient n'attend-il pas la visite de l'infirmière pour oser demander des explications sur le diagnostic médical ou sur le déroulement de l'examen du lendemain ? Combien de fois l'infirmière n'est-elle pas la première à serrer chaleureusement la main du patient, à prendre en compte ses peurs et à apaiser son angoisse ? Ce sont des gestes inestimables, des attitudes qui dégagent une réelle noblesse, des actes qui émanent du cœur, qui sont pleins de tendresse et d'amour pour l'autre. Des gestes qui, répétés des centaines, des milliers de fois par jour, redonnent du courage et de l'espoir aux malades. Quand je regarde une infirmière soigner un malade, assister une personne âgée, réconforter un jeune patient, je vois en elle une véritable héroïne du quotidien qui ne départit jamais de la tâche qui est la sienne. Il est donc tout à fait légitime de rendre ici un vibrant hommage à tous ces professionnels de santé, à toutes ces femmes et à tous ces hommes, aux infirmiers et aux infirmières, de leur dire combien on les aime et combien on les admire. J'ai aussi envie de leur dire que le don de soi qui les anime tous force le respect. Il est donc tout à fait légitime que ces infirmières et que ces infirmiers soient récompensés, motivés pour tout ce qu'ils font merveilleusement bien. Les infirmiers : Une véritable richesse Le 12 Mai, c'est une occasion pour les professionnels de santé de réaffirmer leur attachement à vouloir améliorer les conditions de travail et de l'art infirmier. Autant l'infirmier éprouve une certaine fierté à accomplir les tâches qui sont les siennes aux côtés des malades dont il assure la prise en charge, souvent dans des conditions difficiles, autant la pénibilité de ce métier qui exige des conditions physiques certaines, des nerfs qui résistent à toutes épreuves, des conditions qui ne sont pas toujours évidentes. Ce qui finit par avoir raison des infirmiers et des infirmières notamment au niveau des services chauds des hôpitaux, au point que nombre d'infirmiers et d'infirmières finissent par baisser les bras au bout de quelques années. Aujourd'hui, les responsables du département de la santé se doivent de se pencher sérieusement sur la situation des infirmiers et infirmières, des ressources humaines qui constituent la véritable richesse de ce département, car sans infirmiers, il n'y aura pas de santé et sans santé, il n'y aura pas de production. Donc pour pouvoir réellement promouvoir et garantir des soins de qualité pour l'ensemble de nos concitoyens, il est capital d'améliorer la qualité de vie des infirmiers et des infirmières et de créer de bonnes conditions de travail pour l'exercice de cette fonction à vocation humanitaire. Avec la nomination du professeur Houcine Louardi à la tête du département de la santé, il existe une réelle volonté politique de voir dans un proche avenir les choses changer, d'aller de l'avant, d'étudier comme il se doit la situation des professionnels de santé en vue de procéder à des améliorations de la situation des personnels. Aujourd'hui, le ministre de la Santé s'est lui-même saisi du dossier revendicatif des infirmiers auxquels il entend donner des suites dans la mesure de ce qui sera possible. Il y a une stratégie, une vision, des objectifs clairs. Ce qu'il faut, c'est juste laisser le temps nécessaire pour que ce dossier soit bien étudié. Tout cela mérite d'être souligné, d'être mis en avant, il y a des acquis, d'autres suivront, ils sont de nature à redonner plus d'espoir, à susciter l'envie de participer à cette noble et merveilleuse mission qui consiste à soigner, à soulager, à réconforter, à assister celles et ceux qui sont malades. En conclusion, je tiens à rendre, encore une fois, un très grand hommage à toutes ces femmes et à tous ces hommes qui sont mobilisés, prêts à donner le meilleur d'eux-mêmes pour accompagner ces changements afin de permettre à l'ensemble de nos concitoyens de pouvoir bénéficier des meilleurs soins possibles, des soins de qualité dans des structures adaptées… Tout cela mérite d'être souligné, d'être mis en avant, ces acquis et ceux qui suivront sont de nature à redonner plus d'espoir, à susciter l'envie de participer à cette noble et merveilleuse mission qui consiste à assurer l'accès aux soins pour tous. Les Marocains méritent amplement ce droit.