L'Union Marocaine du Travail (UMT) poursuivra, avec force et détermination, sa bataille historique pour la défense de la liberté syndicale dont en premier le droit de grève et celui de la négociation et d'un dialogue véritable, a souligné, mardi à Casablanca, le secrétaire général de la centrale syndicale Miloudi Moukharik. Le droit de grève est un droit fondamental garanti par la constitution. Il a été acquis grâce aux luttes des travailleurs et ne peut être règlementé, limité ou incriminé, a-t-il fait savoir dans un discours prononcé à l'occasion du 1-er mai que la centrale célèbre cette année sous le thème “La défense des droits et la préservation des acquis, voie de réalisation de la justice sociale”. L'UMT reste également attachée à un dialogue véritable sur les questions et dossiers prioritaires en vue d'aboutir à des accords qui prennent en considération les intérêts de la classe ouvrière, a-t-il poursuivi, ajoutant que le dialogue n'a aucun sens si le gouvernement refuse d'inscrire les revendications syndicales prioritaires dans l'ordre du jour de ses réunions et cherche à faire passer des projets de loi visant à endiguer les libertés et droits des travailleurs et à affaiblir le mouvement syndical. Il a déploré la non application du code du travail et dénoncé la violation des législations sociales et des droits fondamentaux des ouvriers comme le non-respect du SMIG, la non déclaration des ouvriers à la CNSS ou encore l'absence d'assurance sur les accidents de travail et les maladies professionnelles, estimant le nombre de travailleurs non déclarés à la CNSS à 3 millions d'ouvriers environ “qui restent ainsi privés de la pension de retraite, de la couverture médicale et des allocations familiales” . Pour relever les défis auxquels est confrontée la classe ouvrière, la centrale s'est attachée au renforcement et à la consolidation de l'organisation syndicale, au renouvellement de ses structures et à leur élargissement sur tous les secteurs de production et de service, a précisé M. Moukharik. Pour l'Union Générale des Travailleurs du Maroc , la fête du travail, célébrée cette année dans un contexte marqué par l'adoption de la nouvelle constitution, est une occasion pour la classe ouvrière de dresser le bilan des réalisations et des acquis et ce, après la mise en œuvre de la nouvelle constitution, a souligné Mustapha Nachit, Secrétaire Régional à Casablanca de l'Union Générale des Travailleurs du Maroc (UGTM). Le militant syndical, qui s'exprimait lors d'un meeting organisé à l'occasion de la célébration du 1er mai sous le thème “avec le peuple pour toujours”, a ajouté que le nouveau gouvernement issu des urnes se doit aujourd'hui de répondre aux espérances de la classe ouvrière pour des conditions de travail idoines et un salaire décent garantissant le pouvoir d'achat et aussi pour la protection des libertés syndicales. Et d'ajouter que la classe ouvrière, véritable force de développement de l'économie nationale, est également préoccupée par la qualité et la couverture de certaines prestations sociales et l'insuffisance de la pension de retraite qui ne dépasse pas, pour certains, les 1000 dirhams. Il a appelé, à ce propos, le gouvernement à prendre les mesures qui s'imposent, notamment sur les plans de la promotion professionnelle, de l'augmentation à hauteur de 3000 dirhams du SMIG et de la poursuite de la réforme fiscale par la révision du taux d'imposition sur les revenus. Pour sa part, Noubir Amaoui, dans une allocution prononcée devant les manifestants rassemblés dans un meeting à Derb Omar, a assuré que son syndicat, fidèle à ses engagements socio-politiques et à ses fondamentaux idéologiques, est déterminé à poursuivre la lutte et à militer pour la consolidation du changement politique. Revenant sur les faits marquants sur la scène nationale, il a estimé que “la nouvelle constitution reste en deçà des espérances”, estimant également que “les dernières échéances électorales n'ont pas permis de réaliser une rupture totale avec certaines pratiques du passé”. Le Secrétaire Général de la CDT a aussi considéré que la crise sociale est la conséquence des politiques publiques menées par les précédents gouvernements. Evoquant l'action gouvernementale sur le registre social, il a déploré le fait que l'actuel gouvernement ne semble pas déterminé à honorer ses engagements, indiquant que le dialogue social entre le gouvernement et les centrales syndicales a été réduit à deux réunions avec le ministre délégué chargé de la fonction publique et de la modernisation de l'administration, mettant ainsi en veilleuse la commission nationale chargée du dialogue social. La Fédération Démocratique du Travail (FDT) a appelé, de son côté, le gouvernement à garantir les conditions financières et juridiques à même de satisfaire toutes les revendications sociales exprimées dans le cadre du dialogue social. Dans une allocution à cette occasion, le secrétaire général de la centrale syndicale, M. Abderrahmane El Azouzi a estimé que la loi sur les syndicats doit être le cadre régissant et orientant le projet de loi sur la grève, ajoutant que l'élaboration de ces textes législatifs doit se faire d'une manière participative et consensuelle. Le thème choisi par la FDT pour la célébration de la fête du travail reflète l'importance de la consolidation des droits et des libertés syndicaux en tant que levier du choix démocratique, a-t-il ajouté, mettant l'accent sur la nécessité de la mise en Âœuvre effective des dispositions de la nouvelle Constitution qui élargit le champ des libertés syndicales. La FDT, a par la même occasion, appelé les centrales syndicales à renforcer la coordination et à élaborer des programmes communs dans le but de préserver les droits de la classe ouvrière, de respecter les dispositions du code du travail, de garantir la couverture médicale et sociale ainsi que l'indemnisation de la perte d'emploi. Quant à l'Union Nationale du Travail au Maroc, elle a plaidé, mardi à Casablanca, pour la mise en œuvre avec détermination des réformes contenues dans le programme gouvernemental particulièrement celles relatives à la lutte contre la corruption et à la promotion de la gouvernance, tout en liant la responsabilité à la reddition des comptes. “Le gouvernement sera soutenu par la classe ouvrière à chaque fois qu'il est question de mesures visant à tarir les sources de la corruption et à diffuser les principes et valeurs de transparence”, a précisé dans ce sens M. Mohamed Yatim, secrétaire général de l'UNTM qui célèbre la fête du travail sous le thème ''Ensemble contre la prévarication et pour une justice sociale''. Il a d'autre part appelé à faire face à la campagne visant les libertés et droits syndicaux garantis par la loi et à mettre en œuvre les engagements contenues dans l'accord du 26 avril 2011 entre le gouvernement et les syndicats particulièrement ceux relatifs à l'adoption de l'échelle mobile des salaires et à la révision de la grille des salaires. M. Yatim a dans ce sens rappelé que cet accord prévoit le relèvement du SMIG et la création d'un fonds destiné au soutien du logement social et d'un fonds d'indemnisation pour perte d'emploi. Il a également insisté sur la nécessité d'adopter l'échelle mobile des salaires “pour la préservation du pouvoir d'achat des travailleurs”, à organiser le champ syndical à travers l'adoption de la loi sur les syndicats et à régulariser la situation des travailleurs temporaires et occasionnels au sein des administrations publiques et de la Promotion Nationale. Pour sa part M. Abelilah Benkirane, secrétaire général du PJD, a indiqué que le gouvernement a enclenché une réforme graduelle qui a commencé à porter ses fruits notamment dans le domaine social. “on ne peut tout réformer en une seule fois'', a-t-il estimé.