«Il y a quelques jours, la situation était vraiment alarmante et nous allions imaginer le pire», annonce Ahmed Ouayach, président de la COMADER. L'effet combiné de la sécheresse et de la vague de froid a sérieusement affecté la campagne agricole 2011/2012(effet variable selon les régions et les cultures). De son avis, les précipitations tardives qui se sont produites la semaine dernière et même celles annoncées pour cette semaine n'ont par pour autant sauvé l'actuelle campagne céréalière arrivée à terme de son parcours. En effet, dit-il, «si un petit espoir s'installe notamment pour le secteur de l'élevage, on reste encore loin d'un optimisme aveugle et/ou d'une production record pour cette année». Toutefois, répliqua-t-il, «on n'est pas non plus dans le scénarii catastrophique du début des années 80 où le rendement n'a pas dépassé les 17 millions de quintaux». Les estimations des professionnels tablent sur une campagne céréalière très moyenne de moins de 40 millions de quintaux. Néanmoins l'arrivée des grandes pluies, estime Ouayach, a eu certes un effet positif sur le moral des agriculteurs et principalement les éleveurs. La situation du pâturage devrait nettement s'améliorer et la pression sur les prix de l'aliment du bétail qui ont connu une nette augmentation ces derniers mois devrait tomber. Du coup, l'éleveur ne se verra plus dans l'obligation de se débarrasser de son cheptel à prix bas. Mieux encore, cette nouvelle situation profiterait à sa trésorerie. Autres points positifs. Les dernières précipitations auront, à coup sûr, un effet bénéfique sur les réserves hydriques et sur la situation des niveaux des barrages. Ce n'est pas tout, l'arrivée des pluies à fin mars début avril conditionnerait un bon démarrage de la prochaine campagne agricole. Cependant, notre interlocuteur signale que, malgré tout, la situation reste inquiétante, la production agricole n'est pas sauvée pour autant et le manque à gagner en terme de rendement pour la majorité des agriculteurs reste important. Cette situation est d'autant plus préoccupante qu'elle intervient dans une conjoncture marquée par la flambée des prix des matières premières sur le marché international et d'un dollar qui n'est pas au plus bas. Pis encore, la France, principal fournisseur du Maroc en blé tendre (60%), connait elle aussi des difficultés d'approvisionnement de ses marchés partenaires à cause de la sécheresse. Le président de la Comader ne cache pas sa perception plus ou moins critique de la mise en œuvre du Plan Maroc Vert (PMV). Pour lui, la clémence du ciel reste encore déterminante pour le bon déroulement de la campagne agricole et cela même pour les périmètres irrigués. Il souligne dans ce sens que les aides aux agriculteurs sont arrivées en retard et que l'assurance agricole présente encore de nombreuses insuffisances. Le PMV doit revoir ses priorités selon les secteurs d'activité et définir les stratégies de développement y afférentes, recommande le représentant de la COMADER. Et d'ajouter que le Plan a misé sur des secteurs moteurs qui ont de si tôt montré leur limite. De même qu'il présente des zones de blocages notamment au niveau de la commercialisation des produits. Autres zones d'ombres, l'absence des textes en matière d'agrégation et le manque de stratégie de recherche de développement performante. Cela n'empêche pas de dire que le Plan Maroc Vert poursuit son petit chemin qui s'inscrit dans la durée, temporise Ouayach qui rappelle que le PMV n'est qu'à sa deuxième année de démarrage.