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Nabil Benabdallah à la présentation du programme électoral du PPS à la CGEM : Economie de rente et corruption : Il faut avoir le courage politique d'attaquer le problème à la source
Le Parti du progrès et du socialisme a été l'invité, mardi soir à Casablanca, de la Confédération générale des entreprises du Maroc pour présenter et débattre son programme électoral pour les Législatives du 25 novembre prochain. A cette occasion, le Secrétaire général Nabil Benabdalla et les membres du Bureau politique Abdelouahad Souhail, Abdeslam Seddiki et Abdelahad Fassi-Fihri, ont présenté les 15 engagements, les propositions socio-économiques et la démarche du PPS. Après un mot de bienvenue de Mohamed Hourani, président de la CGEM, Nabil Benabdallah a fait une brève introduction sur la tradition de concertation entre le PPS et la CGEM durant la décennie écoulée sur le programme électoral et sur le programme économique, social et culturel, comme ce fut lors du VIII ème Congrès national du PPS. Il a également développé «l'approche contractuelle » et affirmé que le Parti « agit dans la clarté, dans un climat de confiance», avant d'insister que «les 15 engagements sont bien des engagements», et appelé la direction de la CGEM et ses fédérations à formuler leurs appréciations, critiques et remarques. Tour à tour, les quatre dirigeants, chacun pour son domaine d'intervention, après une présentation résumée du projet par Abdeslam Seddiki (aspects économiques et sociaux) et Abdelahad Fassi-Fihri (question de la gouvernance démocratique, de la lutte contre la corruption et la dépravation, ainsi que la régionalisation) ont fourni à leurs interlocuteurs les réponses sur un certain nombre de volets du programme. Les 15 engagemnts du PPS Abdeslam Seddiki a ensuite présenté les grandes lignes et propositions figurant dans le programme. Il s'agit, d'abord, d'«assurer une croissance économique d'au moins 6% », de «lever les obstacles à l'investissement pour y faciliter l'accès ainsi que le crédit», pour «une place de choix de l'industrie dans le PIB». Cela passe par «une complémentarité entre les secteurs public et privé» et par une «entreprise socialement et économiquement responsable». Le second engagement du PPS a trait à « la création de 250 000 emplois par an. Ce qui rejoint la proposition de la CGEM de créer 2 millions d'emploi à l'horizon 2020. Dans ce cadre, il a cité l'«armée du savoir qui doit permettre à 20-30 000 jeunes licenciés de dispenser des cours d'alphabétisation» à un million de personnes par an afin de réduire drastiquement l'illettrisme. Pour le financement, la fiscalité, qui «doit être juste, équitable et efficace» est un atout, moyennant l'élargissement de l'assiette fiscale, un impôt fort sur la fortune et les grosses successions. S'agissant des déséquilibres spatiaux et sociaux, il a proposé d'«aligner le SMAG (agricole) sur le SMIG, qui devra atteindre 3000 DH par mois, de «relire le plan Maroc Vert, d'évaluer l'INDH, d'augmenter la pension retraite de 50%, de garantir la qualité des services publics, en « réhabilitant l'école publique et en réduisant les dépenses des ménages en matière de santé de 58%, actuellement, à 20 %, en 5 ans. Pour le logement social, le PPS propose d'augmenter la cadence à 150 000 logements par an. Il faudra également lutter contre la pauvreté et la précarité en instaurant un « revenu minimum de la dignité » qui se situe autour de 1000 DH par mois. Gouvernance démocratique et régionalisation Pour sa part, Abdelahad Fassi-Fihri a affirmé que l'objectif à atteindre, en matière de gouvernance démocratique, est de parvenir à faire «gagner 50 places à l'Indice de perception de la corruption, en luttant contre l'économie de rente, d'abord par des signaux forts afin de supprimer, à terme, tous les avantages et recourir aux appels d'offres». Pour cela, il faudra recourir à des inspections et audits » réguliers et professionnels, sur la base des standards internationaux élevés pour garantir «l'indépendance» de cette intervention. Il faudra également compter sur le concours et «la vigilance» de la société civile. Tout en «dynamisant la réforme de l'Administration, il faudra «simplifier les procédures, en en recensant 20 à 30 parmi «les plus utilisées par les citoyens», dénicher « toutes les niches de la corruption» et «afficher publiquement les procédures». La vision régionale du PPS consiste essentiellement dans la mise en place de «gouvernements régionaux, appelés à devenir les premiers responsables du développement économique de la région», par une planification pluri-annuelle de 10 ans afin de la mettre à niveau, pour augmenter la part des collectivités territoriales de un peu moins de 15% aujourd'hui à 30 %. Des membres des structures organisationnelles de la CGM ont soulevé des questions relatives au développement du capital humain, la sous-qualification et à la sous- formation, émis des remarques sur la pauvreté féminine, l'égalité devant l'emploi, le manque de résultats dans la lutte contre la corruption, en liaison avec le gouvernement d'alternance, et les audits. Les questions avaient trait également avec l'évaluation que fait le PPS de la gestion déléguée, des accords de libre échange, de la caisse de compensation, à la fiscalité (neutralité de la TVA, IS et IR), à la langue arabe et amazigh…. Pour l'égalité homme-femme, Abdelouahad Souhail a estimé que «le progrès vient de l'école». des avancées sont là : «le nombre de filles bachelières dépasse celui des garçons et la femme est numériquement très présente au niveau de certains secteurs de la fonction publique (santé, enseignement)». Il faudra continuer ce travail «à travers l'approche genre de sorte à lui assurer un accès équitable au secteur public». S'agissant de la corruption, il a rappelé que le gouvernement d'Abderrahmane Youssoufi avait mis en place un plan national de lutte et que le PPS a consacré à ce sujet une «Université d'été». Mais «après une longue gestation de l'Instance centrale de lutte contre la corruption sous le gouvernement Jettou, elle a été mise en place, dans une mouture soft sous le gouvernement El Fassi». La question de la protection des témoins est aujourd'hui un autre acquis législatif, face à «la forte demande sociale de limiter cet aspect néfaste». Nabil Benabdalla complètera l'avis du PPS en insistant sur l'étape actuelle. Aujourd'hui, après la Constitution du 1 er juillet 2011, le gouvernement n'a plus «les graves problèmes d'autonomie de décision ». Comme les politiques, «il doit assumer pleinement ses prérogatives et responsabiltés, conformément à l'esprit de la nouvelle constitution». Il faudra y aller directement. «Nous savons tous que derrière l'économie de rente et la corruption, il y a un certain nombre de personnes influentes. Aujourd'hui, il faut avoir le courage politique d'attaquer le mal à la source. Au niveau de notre programme, nous avons assumé nos responsabilités en relevant les entraves et les obstacles à la transparence politique et économique. Le PPS a fait ses preuves…». A propos de la position du PPS sur les accords de libre échange, Abdeslam Seddiki a relevé que «le Maroc n'avait pas réalisé d'études d'impact et qu'il faudra procéder à une évaluation objective des accords avec l'UE, les USA … tout en affirmant que nous sommes dans la mondialisation mais qu'il faudra être outillé…», sachant que « les barrières non douanières découragent nos exportations». Caisse de compensation Sur la caisse de compensation, il dira que le problème est «surdimentionné par la presse» et qu'il faudra «le redimentionner de manière objective. Cette caisse doit profiter à ceux qui en ont besoin. Il faudra procéder au cas par cas pour les quatre produits qui ont, chacun, une solution propre». Pour Nabil Benabdallah, il faudra «rechercher principalement la justice. Car de nombreuses catégories en profitent indûment et cela présente une lourde charge pour les finances publiques qui pourra être orientée dans la lutte contre la précarité et la pauvreté. Le PPS veut réformer la caisse de compensation mais cela reste tributaire de l'homogénéité du gouvernement pour la concrétiser…». Abdelouahad Souhail a estimé, sur la question de la neutralité de la TVA, que « plusieurs entreprises en sont asphyxiées et que le boulot d'étranglement arrive au maximum», estimant qu'il est «anormal que l'Etat soit mauvais payeur. Le même problème se pose au niveau des investissements car la TVA ne figure pas dans le plan d'investissement et ce dernier s'en trouve retardé». Fiscalité En matière de fiscalité, affirme Abdelouahad Souhail, le PPS veut lutter contrer l'évasion fiscale et élargir l'assiette. L'Administration des impôts dispose des moeyns pour y parvenir. L'intégration progressive de l'informel devra pousser vers leur fiscalisation objective. «Nous n'avons pas fait d'étude d'impact de nos mesures mais l'agriculture doit figurer dans l'assiette fiscale, pour que les PME en soient bénéficiaires». S'agissant de l'impot sur le revenu, ce sont « les classes moyennes, pourtant garant de la stabilité et du développement, qui en patissent», alors que «l'imposition des grosses fortunes et successions doit être perçue comme une forme de solidarité nationale qu'un impôt». Signalons qu'au cours de cette présentation, plusieurs convergences sont apparues entre les positions des deux institutions, sur des questions de grande portée.