Taieb Fassi Fihri, ministre des Affaires étrangères a réitéré son message d'alerte en direction de l'Europe l'avertissant du risque d'une jonction des bandes terroristes qui sévissent en Afrique. Le ministre qui s'exprimait en présence de son homologue espagnole au cours d'une conférence de presse commune donnée mardi à Rabat, a dit sa conviction qu'Akmi, Boko Haram du Nigéria et les Chababs de Somalie, qui représentent une réelle menace à l'heure actuelle, en constitueraient une plus grande s'ils venaient à unir leurs forces. Il a laissé entendre que semblable scénario n'est pas à exclure et a rappelé que le Maroc n'a cessé d'alerter l'Europe sur ce risque. Et cela bien avant les événements de Libye, a –il précisé. Taieb Fassi a déclaré que cette union serait une menace pour la paix et la stabilité dans la région allant de l'Atlantique à l'océan indien et au Golfe. Il a estimé qu'en regard de ces enjeux, la lutte antiterroriste ne saurait se limiter à 3 où même 4 pays, mais qu'elle devrait concerner de droit tous les pays de la région et l'Europe. Nous ne croyions pas que les événements nous donneraient raison si vite, a-t-il affirmé à propos du rapt de trois humanitaires étrangers à Tindouf. Pour lui, cet enlèvement met en cause la responsabilité de l'Etat dont c'est le territoire et qui du fait, a le devoir de garantir la sécurité des personnes qui y vivent. Il ne fait pas de doute que la responsabilité de l'Algérie qui abrite ces camps est engagée, a-t-il déclaré avant de se demander comment une telle opération criminelle a-t-elle pu se produire dans une zone placée sous haute surveillance par l'Algérie et le Polisario. Si cela veut dire qu'ils sont incapables d'assurer la sécurité dans cette zone, alors il faut demander à l'ONU de le faire, a-t-il conclu. La ministre espagnole n'a pas été aussi catégorique sur les tenants de ce kidnapping et a simplement révélé qu'une cellule de crise ad hoc a été créée à Madrid et qu'elle travaille sur un certain nombre d'hypothèses de travail fondées, a-t-elle dit, sur les faits et les renseignements collectés. Ces renseignements nous sont fournis par des pays de la région, dont le Maroc a-t-elle précisé. Trinidad Jiménez a pris prétexte de cette allusion pour louer le niveau et la qualité de la coopération bilatérale devant laquelle s'ouvre de larges perspectives. Elle a déclaré que les échanges avec le Maroc seront maintenus à un haut niveau malgré la crise économique qui sévit en Europe et dont cette dernière finira par sortir plus forte et plus unie. Elle a annoncé la réunion prochaine de la haute commission mixte, ce qui selon elle, débouchera sur une nouvelle impulsion de la coopération bilatérale. La ministre qui s'est félicitée du niveau de cette coopération qui situe l'Espagne au 2ème rang des clients du Maroc et des pays qui y investissent, a dit sa conviction que les échanges bilatéraux prendront plus d'ampleur et que la visite de son collègue de la culture espagnol dans le même temps qu'a lieu la sienne propre en est une indication. Le Maroc est un pays ami et allié, a-t-elle déclaré et l'Espagne s'emploiera à renforcer son statut d'associé avancé de l'Union européenne. Je tiens a-t-elle conclu, à féliciter le Maroc pour son processus de réformes qui en fait un modèle dans la région, comme je tiens à le féliciter pour son élection au Conseil de Sécurité. Ce dernier point a permis à Taieb Fassi Fihri de préciser à l'intention de la presse, qui s'est demandée si le Maroc n'allait pas utiliser son siège dans le dossier du Sahara, que cette élection est due pour l'essentiel à un vote massif des pays africains et que cela engage le Maroc à être l'avocat du continent à l'ONU. Nous avons été élus pour faire avancer les affaires de l'Afrique. Nous nous y sommes engagés ; nous le ferons, a-t-il conclu.