Le jeudi prochain, le peuple tunisien élira une assemblée constituante chargée de rédiger la loi fondamentale de l'après- Ben Ali. C'est la deuxième fois en plus d'un demi-siècle d'indépendance qu'il se prononcera sur la nature du régime à qui il entend confier ses affaires. La première fois c'était en 1957, au lendemain de l'indépendance, au commencement de l'ère de Bourguiba et ni les enjeux, ni la situation n'étaient similaires. Comme beaucoup de Tunisiens installés au Maroc, Jalila Guediche suit de près ce qui se passe dans son pays. Cet intérêt pour les élections du 20 octobre est d'autant plus grand qu'elle est candidate aux élections de cette constituante. Elle est en effet tête de liste pour la zone intitulée « monde arabe et reste du monde » du Pôle pour la démocratie et le modernisme (PDM) : une alliance de différents partis et d'Initiative citoyennes qui sont , pour leur part, un rassemblement qui compte une centaine d'associations de droit civil nées après le 14 janvier. Parmi les membres les plus connus de ce pôle, la Parti Tajdid des anciens communistes, le Parti socialiste de gauche, le Parti républicain du centre et la voix du centre. Tous partis modérés, selon Jalila Guediche, et qui se rencontrent sur des principes de liberté, de renforcement de la démocratie et de modernisme prononcé. Pour la candidate du Pôle démocratique et moderniste dans la circonscription monde arabe et reste du monde, ce qui fait la force de ce large rassemblement qui regroupe une kyrielle de partis et une centaine d'associations, c'est le fonds commun des valeurs culturelles et politiques empruntées au patrimoine civilisationnel propre et ajustées à l'élargissement des espaces modernes. Selon elle, il s'agit de capitaliser sur le patrimoine culturel et civilisationnel en le faisant bénéficier des apports d'air frais livrés par la modernité. Ce qui, à son sens, exclut les retraits par rapport aux acquis de la révolution du 14 janvier. « Je pense, a-t-elle déclaré, que nous irons plus avant sur la voie de la séparation du laïc et du religieux, que nous ne reviendrons sur aucun des droits des femmes malgré les pression des obscurantistes et que nous irons encore plus loin sur le plan des libertés individuelles et l'instauration de l'Etat de droit. Sincèrement je ne pense pas qu'après 50 ans d'autonomisation, on puisse dire aux femmes : ça suffit, rentrez à la maison ! » Mais, estime Jalila Guediche, le risque est réel que les fondamentalistes réactionnaires exploitent la détresse des gens, la pauvreté et le désarroi pour propager leurs idées rétrogrades. « Nous devons être d'autant plus attentifs et vigilants que les rescapés du régime de Ben Ali se sont eux aussi constitués en foyers de réclamations et qu'ils pourraient faire alliance avec les autres, a-t-elle ajouté». Devant ce risque potentiel, la seule issue est que les forces modernistes réalisent le consensus le plus large lors de cette constituante et qu'ils fassent front commun face aux obscurantistes et aux nostalgiques, a-t-elle conclu.