Le Maroc célèbre la journée mondiale de l'alimentation, pour laquelle a été choisi le thème “prix des denrées alimentaires- de la crise à la stabilité”, dans un contexte mondial marqué par la plus grande augmentation depuis 30 ans des prix mondiaux des produits alimentaires de base. Le Maroc s'est doté de plusieurs mécanismes capables de lui permettre de développer son agriculture et de prémunir sa population contre les fluctuations du marché international des denrées alimentaires. C'est dans cette logique que le plan Maroc Vert a été adopté pour augmenter les investissements et l'organisation de la productivité agricole et garantir une autosuffisance alimentaire. Cette garantie passe par la mise en valeur d'une agriculture moderne et performante, adaptée aux règles du marché, grâce à une nouvelle vague d'investissements privés. Les populations fragiles sont aussi visées par une approche solidaire orientée vers la lutte contre la pauvreté, en augmentant de manière significative le revenu agricole des exploitants les plus fragiles. Selon M. Bousselmame Hassan, Directeur des prix et de la concurrence au Ministère des affaires économiques et générales “la problématique de l'autosuffisance constitue une priorité pour le Maroc qui a pris des mesures pour la garantir à travers les contrats programmes signés avec les représentations professionnelles agricoles dans le cadre du plan Maroc vert”. il a, par ailleurs, fait observer que “le système de soutien des prix, par le biais de la Caisse de compensation qui subventionne le sucre et l'Office national interprofessionnel des céréales et des légumineuses pour les céréales, permet de ne pas répercuter la hausse des les prix sur les marchés intérieurs et cela est visible sur le marché national qui a gardé le même niveau des prix et n'a pas connu de hausse significative, malgré la fluctuation des indices de denrées alimentaires au niveau mondial”. Permettre à la population marocaine d'accéder à une alimentation saine et équilibrée passe nécessairement par des subventions directes à des denrées comme les céréales, le sucre et les denrées alimentaires de première nécessité et par des subventions indirectes qui concernent les hydrocarbures qui influencent la production de plusieurs aliments. Des chiffres qui sèment la crainte La hausse des cours mondiaux des denrées alimentaires menace la sécurité alimentaire dans les pays en développement et met en danger l'autosuffisance alimentaire. Au cours des 18 derniers mois le prix du maïs a connu, par exemple, une hausse de 74 pc alors que celui du riz a pratiquement triplé enregistrant une augmentation de 166pc ce qui a plongé 20 pays dans des troubles liés à la faim. Après 2008 les prix ont connu une baisse provisoire qui a cédé la place à une hausse en 2010 des prix des céréales qui ont rebondi à 50 pc tout en maintenant le rythme de la hausse frénétique au début de 2011. La hausse des prix porte atteinte aux pays vulnérables et pauvres parce qu'elle alourdit la balance de leurs importations en denrées alimentaires pour subvenir aux besoins de la population, car en 2010 les pays à faible revenu ont dépensé la somme record de 164 milliards de dollars pour les importations alimentaires. D'après les chiffres de la Banque mondiale, l'augmentation des prix des aliments, en 2010-2011, a provoqué la pauvreté de 70 millions de personnes. Les graines de la fluctuation Les causes de la volatilité des prix des denrées alimentaires sont multiples et liées à plusieurs facteurs. Selon Mme. Liliana Balbi, économiste à la Division du commerce et des marchés au département du développement économique et social au siège de la FAO, les causes sont diverses tels que les chocs climatiques, comme ceux qu'ont connu la Russie et l'Ukraine, qui ont arrêté leurs exportations à cause de la sécheresse, l'explosion de la production des biocarburants, la croissance de la population mondiale (80 millions nouvelles personnes à nourrir chaque année) et la chute des stocks qui sont devenus difficiles à reconstituer à cause, entre autres, de la crise économique et financière mondiale. Pour M. Mohamed Ait Kadi, Président du conseil général de développement agricole “l'élasticité de l'allocation des terres pour le maïs et le soja, utilisés dans les biocarburants, réduit les superficies allouées aux autres denrées. Les causes de la volatilité des prix des aliments se conjuguent et vont au-delà du pouvoir d' un Etat”. Le labour de la FAO L'initiative de lutte contre la flambée des prix des produits agricoles a été lancée depuis 2007 et la FAO contribue activement à la distribution de semences et d'engrais pour aider les agriculteurs pauvres dans 90 pays touchés par le phénomène de la volatilité des prix. Dans ce sens, elle a aidé les Etats à programmer plus de 5 milliards de dollars d'investissement dans l'agriculture et en 2010, la FAO a alloué 800 millions de dollars à des projets d'urgence et de coopération technique dans plus de 70 pays dont le Maroc. Le représentant de la FAO au Maroc, M. Jean-Luc Bernard explique à ce sujet “le thème que nous développons cette année est lié aux problèmes engendrés par les prix des produits agricoles et des denrées alimentaires qui poussent les populations des pays en voie de développement dans des situations souvent assez critiques y compris en terme de carence alimentaire”. Il a ajouté que la FAO “développe avec le Maroc une réflexion sur la manière de faire baisser les prix des denrées alimentaires et des matières agricoles, l'amélioration des rendements et comment arriver à une meilleure adaptation du développement agricole aux besoins des populations afin qu'elles puissent être en mesure d'obtenir les matières dont elles ont besoin à des prix raisonnables et qui soient en adéquation avec leur revenu”.