La journée nationale de lutte contre l'analphabétisme a été célébrée jeudi à Rabat par le ministère de l'Education nationale et l'Union européenne et l'Unesco, ses partenaires. Lors d'une conférence organisée pour la circonstance et intitulée «l'alphabétisation, une voie pour la réinsertion», les participants ont dit l'urgence qu'il y a à entreprendre dans un domaine qui à long terme s'est montré relativement réfractaire aux thérapies mises en place. Selon le directeur des services de l'alphabétisation du ministère, un tiers des Marocains est analphabète et la moitié de ce tiers est constituée de femmes. Comme l'analphabétisme est un mal de pauvres et comme il a tendance à être légué en héritage, ce sont toujours les mêmes qui restent à la marge. Pour briser ce cercle vicieux, il faut non seulement apprendre aux analphabètes à lire, à écrire et à compter, mais encore leur donner les moyens de leur autonomie. Un apprentissage qui ne se matérialise pas dans la pratique est volatile, a convenu un des participants. Pour l'ambassadeur de l'Union européenne, l'enjeu de la lutte contre l'analphabétisme est plus important que ne l'induit l'apprentissage des chiffres et des lettres. Il s'agit, a-t-il dit, de la consolidation de la démocratie par la participation du plus grand nombre, du renforcement de la cohésion sociale et du développement économique durable. L'ensemble européen qui partage avec le Maroc des valeurs et des principes de vie sait en quelle importance le Royaume tient l'alphabétisation. Aussi l'U.E se préoccupe-t-elle de ce que les choses n'avancent pas en le domaine à hauteurs des espérances et des moyens mis en œuvre. L'UE fournit une aide de 300 millions de dirhams dans le cadre de cette lutte, mais les résultats ne se font pas au rythme qu'imposent l'Etat de droit et la démocratie au Maroc. Il faut faire plus et plus vite, a-t-il laissé entendre. En fait, le taux de résorption de l'analphabétisme est de 3,5% et, même quand elles sont correctement acquises, les compétences assimilées restent fugaces. Ce qui fonde que l'une des clés du renforcement de la stratégie passe par la voie de l'insertion socioprofessionnelle des bénéficiaires. Pour être plus efficace cette stratégie doit en outre bénéficier en priorité aux femmes et aux jeunes de 16 à 35 ans car sur les 38,5% d'analphabètes âgés de plus 10 ans, environ 64 % sont des femmes. Comme ce sont les femmes qui éduquent en premier les enfants, ces derniers partent donc sur un mauvais pied en début de course. D'autant plus que pour l'Unesco, l'apprentissage et sa mise en pratique ne suffise plus depuis que l'internet a élargi les horizons de la connaissance et donc ceux de la méconnaissance.