La gouvernance politique générale dépend de son implantation dans les partis, a conclu l'Instance centrale de prévention contre la corruption dans une récente étude. Ce travail qui intervient quelques mois seulement après celui dans lequel l'instance a fait le diagnostic des maux qui rongent le système de santé, agite les milieux politiques qui en attendent la publication intégrale depuis que son résumé a fait le procès des partis qu'il rend partiellement responsables de la détérioration de la vie et de la pratique politiques. Pour les auteurs de ce nouveau rapport, il ne fait en effet pas de doute que les pratiques contraires à la morale et à l'éthique politique mettent en péril les choix démocratiques et les grandes orientations économiques du Royaume. Et, suivant cette optique, ces agissements prolifèrent à l'ombre de l'insuffisance des textes et des procédures qui en permettent la pénalisation. Le document relève en effet que le dispositif mis en place pour prévenir la corruption est insuffisant bien que comportant des éléments positifs. Aussi l'ICPC préconise t-elle une plus grande responsabilisation des partis en cas d'implication prouvée de leurs affiliés et l'association de l'opposition à l'œuvre de moralisation de la vie publique. En fait, les auteurs de l'étude préconisent de lui confier la présidence des commissions parlementaires chargée du contrôle financier et de l'investigation.. L'instance, qui considère que les partis sont responsables de la détérioration du rendu politique, les invite à faire œuvre de gouvernance en ce qui concerne leurs propres affaires afin que le mouvement se communique aux autres compartiments de la vie publique. Se félicitant de ce que les partis ont ouvert leurs portes aux jeunes et aux femmes, elle les incite néanmoins à plus de transparence dans la prise de décision politique et financière. L'ICPC considère que l'amendement des partis est une condition essentielle au retour de la confiance dans l'action politique. Elle a appelé ces derniers à adopter une charte dans laquelle ils s'engagent à bannir les pratiques équivoques tels que le dépassement du seuil des dépenses de campagne, le financement illicite et la présentation de candidats dont la réputation est entachée de faits délictueux. Elle a également préconisé un plus grand contrôle de la cour des comptes et de ses filiales régionales sur les finances des politiques et la pénalisation des contrevenants aux règles. Le rapport de l'Instance centrale de prévention de la concurrence a aussi pris l'engagement d'amener ses annexes régionales à un meilleur suivi du fait politique et électoral ainsi qu'à un plus grand contrôle de sa conformité à la règle. Plusieurs analystes ont noté que cette étude coïncide avec l'adoption de la loi sur les partis par la Chambre des représentants. Le projet de Charte nationale de moralisation de la pratique politique, soumis aux partis et à la signature des leaders politiques, comporte 41 articles et puise son essence des nouveautés constitutionnelles qui insistent sur la participation, le pluralisme et la bonne gouvernance et sur le lien entre la responsabilité et la reddition des comptes, comme principes tangents et fondamentaux de l'Etat de droit démocratique. Le projet concerne la gouvernance partisane (l'encadrement et la formation politiques des citoyens, la gestion partisane interne, la transhumance politique, le prolongement régional et la politique de proximité, la gestion financière des partis), la pratique électorale (programmes électoraux, les compétences et la probité des candidats, les campagnes et opérations électorales), la gouvernance parlementaire et communale.