Trois soldats et un civil syriens ont été tués mardi lors d'accrochages dans le nord-ouest de la Syrie, et trois civils ont péri à Homs (centre), alors qu'un militant a été assassiné dans cette même ville, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). “Trois soldats et un civil ont péri dans des affrontements entre militaires et probablement des déserteurs” dans la localité de Jabal al-Zawiya dans la province d'Idleb, près de la frontière turque, a précisé l'ONG basée en Grande-Bretagne dans un communiqué. “Trois civils ont été tués par balles près d'un barrage de la sécurité près de Talbissé”, dans la région de Homs à 160 km au nord de Damas, selon la même source. Par ailleurs, le militant communiste Moustapha Ahmad Ali, 52 ans, a été assassiné lundi soir dans le quartier Jab al-Jandali de Homs, a indiqué l'OSDH sans autre précision. Le même jour, un enfant a été tué dans ce quartier par des balles tirées sur la voiture qui le transportait avec son père qui a été blessé, alors que deux autres civils ont été tués près de Qoussair et les corps de quatre civils retrouvés dans la région de Homs, toujours selon la même source. Par ailleurs, l'armée syrienne tentait lundi d'écraser un début de révolte armée dans la région de Homs après six mois de manifestations largement pacifiques contre le régime de Bachar al Assad. Les opérations militaires se concentrent sur la ville de Talbisseh, dans la banlieue nord de Homs, selon des activistes locaux. Les forces de sécurité se sont emparées ce week-end d'une grande partie de Rastan, point de ralliement d'opposants et de militaires déserteurs. La région de Homs, dans le centre de la Syrie, est un bastion de l'opposition au président Assad, qui répond au mouvement en faveur de la démocratie par une répression sanglante. “Des chars ont tiré sur Talbisseh ce matin et les communications restent coupées. La ville était une source de ravitaillement pour Rastan et elle est punie pour cela”, a dit un opposant. “Des fouilles dans les maisons et des arrestations ont eu lieu pour le deuxième jour d'affilée dans la région”, a-t-il ajouté. Les rebelles en armes, pour la plupart situés dans la région de Homs et dans la province d'Idlib (nord-ouest), sont jusqu'à présent dominés par l'armée syrienne. Des opposants continuent de manifester pacifiquement, comme dimanche soir dans plusieurs quartiers de Homs. “Homs est libre”, criaient les manifestants dans le quartier de Khalidia. La ville souffre cependant de violences sectaires entre les quartiers alaouites, une déviance du chiisme dont la dynastie Assad est issue, et ceux habités par la majorité sunnite. Plusieurs éléments témoignent d'un mouvement de plus en plus violent. L'agence de presse officielle rapporte que cinq personnes ont été tuées lundi à Homs par des “groupes terroristes armés”. Selon des habitants, deux corps ont été trouvés dans le quartier sunnite de Karabid. Les autorités ont annoncé l'assassinat dimanche à Idlib de Sarya Hassoun, fils du moufti Ahmad Assoun, le plus haut dignitaire religieux du pays, nommé par Damas. Il s'agit de la première attaque contre le clergé syrien, qui soutient Assad depuis des décennies malgré la colère croissante des sunnites contre la domination alaouite. Certains opposants commencent à demander une protection de la communauté internationale face à une répression qui a fait au moins 2.700 morts selon l'Onu. Le gouvernement affirme qu'il y a eu 700 disparitions chez les forces de sécurité comme chez les “mutins”. Le Conseil national syrien (CNS) formé le mois dernier a rejeté dimanche l'hypothèse d'une intervention étrangère mais juge que la communauté internationale a l'obligation humanitaire de protéger la population syrienne. Le CNS a demandé que le mouvement reste pacifique mais estimé que les assauts des forces de sécurité et arrestations massives poussaient la Syrie “au bord de la guerre civile et invitaient à l'ingérence étrangère”. La France soutient publiquement le Conseil national, ce qui n'est pas encore le cas des Etats-Unis ni de la Turquie, puissant voisin et ancien allié de Damas. Les suites de la révolte syrienne se jouent aussi aux Nations unies, où l'opposition de Moscou et Pékin a jusqu'ici empêché l'adoption d'une résolution. Quatre pays européens espéraient soumettre au vote un projet de résolution vendredi dernier. Ils espèrent désormais un vote mardi, dit-on de source diplomatique. La résolution a dû être une nouvelle fois remaniée pour persuader la Russie ne pas poser son veto. Le nouveau texte menace de “mesures ciblées” contre Damas en cas de poursuite de la répression, sans parler explicitement de sanctions, ont dit des diplomates du Conseil de sécurité. La répression du mouvement de contestation populaire a déjà fait, selon l'ONU, plus de 2.700 morts depuis la mi-mars en Syrie où les autorités attribuent les violences à des “bandes armées voulant semer le chaos”.