C'est à Chelsea, quartier des galeries d'art et des fleuristes à New York, que le styliste marocain Hisham Oumlil a choisi d'installer son atelier de prêt-à-porter pour homme et d'amorcer ce faisant, son chemin dans l'univers très fermé de la mode. “L'Homme Oumlil” fait partie de cette “nouvelle jeunesse” cosmopolite, âgée entre 30 et 40 ans. La griffe est reconnaissable à la poche intérieure barrée de deux lignes aux tons gris et blanc, l'effort et la paix, sur fond vert, la couleur du paradis. Les matériaux sont nobles: le cuir, la laine, le coton, le lin et le cachemire. La coupe est minimaliste. C'est en 1993 que Hisham Oumlil, aujourd'hui 38 ans, baccalauréat scientifique en poche, s'est installé à San Fransisco, mais est resté très nostalgique de sa ville natale Casablanca, la Casablanca art déco du centre-ville, des petites maisons au charme discret dans les vieux quartiers résidentiels qui dégageaient cette sérénité, ce temps qui s'écoulait au ralenti. “J'ai toujours été fasciné par cette ville qui m'a énormément inspirée. De là, est née ma passion pour l'art”, explique le styliste. Cette notion d'élasticité, de liberté, d'infini est très présente dans sa nouvelle collection, Printemps/Eté 2012. “C'est un peu ma culture orientale”, dit-il à la MAP, à l'issue de son défilé dans le cadre de la semaine de la mode de New York (09-15 courant). Ligne épurée, touches fantaisistes, comme ce plissé dans les manches ou sur un col, des damiers classiques. Un crescendo de couleurs, de la sobriété du nude, marron/gris, comme un rappel récurrent à la terre, aux tons vert et bleu pour exploser dans un bouquet rose fushia. Jouant constamment sur le contraste clair-obscur, “mon cô_té ascète”, dit-il. Souvent, un clin d'œil à ses deux cultures dans lesquelles “je me sens si confortable”. Il est sans cesse dans la contemplation et l'exploration de nouvelles associations de couleurs de matériaux et de coupes avant de donner jour à une nouvelle ligne, la dernière intitulée “60 sec”, en hommage au 9/11, le jour où il est devenu citoyen américain. Dans son atelier tout blanc, loin du rush des podiums, il aligne sa nouvelle collection dans un ordre précis. Il est fier de compter parmi sa clientèle, Oliver Stone -- la garde-robe pour les avant-premières à Paris, Londres, Zurich et New York, de son film “Wall Street”, est signée Oumlil. André Balazs, propriétaire des établissements de la chaîne “Standard Hotels”, laquelle compte les légendaires “Chateau Marmont” à Hollywood et “le Mercer” à New York, ou encore le célèbre habilleur des super stars américaines, Naeem Khan. Hisham Oumlil n'a pas de point de vente. Les différentes propositions ne correspondent pas à la vision qu'il se fait de son art. Il reconnaît, cependant, que faire son chemin parmi les grands noms de la couture est une véritable gageure. “Pour monter une marque dans une ville comme New York, Paris ou Milan, cela exige énormément de moyens pour le marketing, la publicité, le placement de produit”, explique ce self-made man. Il ne désespère pas pour autant de trouver les fonds nécessaires pour se faire un nom dans l'univers très fermé de la mode, un “milieu extrêmement difficile, mais combien passionnant” et imposer sa griffe de “prêt-à-porter artistique”. Car il se définit comme tel. Il est un artiste. Il conçoit un tailleur, comme on fait une œuvre d'art et attend avec sérénité le moment de la consécration.