C'est son premier fruit scientifique. Le chercheur universitaire Abdellah Berrimi ne compte certainement pas en rester là. “Le processus interprétatif dans l'herméneutique de H.G Gadamer et Paul Ricœur”, qui est l'intitulé de sa première parution en langue arabe, sera surement suivie d'autres ouvrages sur la même thématique. Les recherches sur l'herméneutique n'en seront que ravies. A travers ce livre décliné sur 315 pages et publié aux éditions du Cercle de la culture et de l'information d'Echareqa aux Emirats Arabes Unis, le chercheur Abdellah Berrimi s'attaque à la façon dont Gadamer et Ricœur pensent l'exercice de la lecture, notamment cette tension qui habite le fond de toute activité de lecture. Tension reflétée aussi par cette couverture qui montre les portraits de deux grands penseurs soucieux et penchés sur l'incertain, le problématique et le différentiel. Face à cette forte tension, les deux philosophes ont réagi différemment, écrit Abdellah Berrimi, avant d'expliquer que Hans George appelle le lecteur à écouter la voix de la tradition humaine au sein du texte, alors que Paul Ricoeur décèle dans tout acte de lecture un appel à la coopération et à l'entraide, pour la construction du sens et du sémantisme pragmatique. La lecture, écrit Abdellah Berrimi qui a soutenu un doctorat sur le même thème, s'élude devant le texte lui-même, et s'érige parfois en une initiative d'appropriation active du texte, à travers toutes sortes d'interactivité. Ce qui rend le dialogue avec le texte à la fois fertile et fructueux, c'est bien cet intérêt accordé par les deux philosophes à cette opération, qui est, selon eux, une reconnaissance que l'autre pourrait avoir raison et un appel à une ouverture intellectuelle sans préjugés ni stéréotypes. Et Berrimi d'expliquer qu'une fois le texte fait l'objet d'une lecture interprétative, il pose certainement un certain nombre de questionnements sur l'interprète, en ce sens que l'acte interprétatif est une référence permanente à la question essentielle. La compréhension du texte dépend dès lors de cette compréhension de la question, ce qui ouvre grands les horizons interprétatifs. Les deux approches présentent donc un double modèle analytique d'une extrême importance, d'où la nécessité d'écarter la question qui entend nous imposer un choix entre ces deux grands noms de la théorie herméneutique. Berrimi qui est enseignant à la faculté polydisciplinaire d'Errachidia n'a pas lésiné sur cet exercice interrogatif problématique, préoccupant souvent les chercheurs et philosophes, afin de cerner son thème et d'ouvrir toutes les voies différentielles qui font de l'unicité de l'idée, une possibilité de naviguer dans les multiples lectures. “Les différentes lectures ne sont point un appel à une anarchie herméneutique, dans la mesure où toute lecture est cernée par un entourage contextuel orientant l'acte et l'horizon interprétatifs”, explique Berrimi qui est sur le point de publier un autre ouvrage sur “ la sémiotique interprétative, essai d'une identité visuelle”. Il a ainsi posé un bon nombre de questions du genre: Quels sont les parcours qu'emprunte l'esprit souhaitant l'ouverture sur la question et le dialogue interprétatifs ? Quels sont les motifs derrière le recours à l'approche herméneutique ? Pourquoi la réflexion et la pensée devraient être une interprétation ?