Comme à chaque rentrée, il est temps de remettre les pendules à l'heure. Le débat aujourd'hui sur le budget 2012, par presse interposée, est à la fois étrange et confus. Etrange est d'abord l'atmosphère qui règne en cette fin d'été de bronzage où le petit monde politique est totalement préoccupé à l'idée de réussir les réglages des échéances électorales. Le gouvernement, quant à lui, a pris du retard pour sortir la fameuse note d'orientation de la loi de Finances pour l'année 2012. Cette note, tant attendue, pour fixer les repères, a atterri, semble-t-il, sur les bureaux des différents départements ministériels. Dans la confusion la plus totale, et discrètement, il s'agirait d'aller vers plus de rigueur et d'orthodoxie budgétaire. Autrement dit, opter pour une gestion responsable des comptes publics: ne pas laisser filet le déficit budgétaire et contenir l'endettement public au-dessous de 60% du PIB. Mais, dans le contexte économique, financier et géopolitique d'aujourd'hui, un tel objectif est-il tenable ? D'aucuns pensent que l'équilibre budgétaire, tant galvaudé, ne peut être présenté comme une fin en soi. Il s'agirait, plutôt, de faire preuve de créativité et d'inventivité pour, à la fois, aboutir à un budget à la hauteur des ambitions et au diapason des défis qui attendent le royaume d'après 2012. Comment et pourquoi ? Il faut savoir que chez nous, depuis l'adoption de la nouvelle Constitution, l'équilibre budgétaire, est inscrit dans le marbre de la loi fondamentale du Maroc. Cette «règle d'or» budgétaire, qui fait rage chez nos voisins du nord, est désormais constitutionnalisée chez nous. Ainsi, la marge de manœuvre du prochain gouvernement est fortement réduite. La «règle d'or» exclut ipso facto tout tripatouillage au niveau des comptes publics et évacue les «combines» populistes. La question qui se pose, -et largement médiatisée d'ailleurs- est la suivante : le gouvernement actuel saura-t-il prendre les mesures qui s'imposent pour mettre en place une loi de finances qui réponde aux attentes des Marocains : favoriser la croissance de l'économie nationale et préserver le pouvoir d'achats des citoyens. Que deviendrait-elle alors la caisse de compensation, ce «machin» tant décrié, et comment augmenter les ressources budgétaires, alors que la pression fiscale est à son comble ? Atmosphère difficile, parce que l'inquiétude est là, sourde, cachée sous le tapis.