Le dernier rapport international de 2010 présenté mardi à Rabat par Mohamed Sektaoui, le directeur général d'Amnesty International annonce que le Maroc a connu durant la dernière décennie une évolution remarquable dans le domaine des droits de l'Homme avec en même temps le lancement de plusieurs chantiers structurants qui démarque le Royaume par rapport aux pays du continent africain et du Proche Orient. Nénamoins, l'approche et la logique d'analyse initiées par cette ONG dans certains domaines d'activité continue de susciter de vives critiques quant à son caractère paradoxal. Au Maroc, “il y a eu, lors de la dernière décennie, une évolution des droits de l'homme. Des chantiers ont été ouverts et le Maroc s'est distingué par rapport au Proche-Orient et l'Afrique du Nord”, a précisé Sektaoui lors du point de presse organisé mardi dernier à Rabat pour la présentation du rapport annuel d'Amnesty International. Dans ce sens, il a rappelé les différentes actions menées par le pays dans ce domaine. C'est le cas de l'organisation des témoignages de victimes des abus du passé qui ont été organisés en 2004 par l'Instance équité et réconciliation (IER), créée par le roi Mohammed VI. Cette instance, a-t-il dit, une fois dissoute, Mohammed VI avait chargé le Conseil consultatif des droits de l'homme (officiel) de gérer la mise en oeuvre de ses recommandations, ainsi que l'utilisation de ses archives. Le DG D'Amnesty international Maroc n'a pas manqué de rappeler les différentes réformes engagées par le Maroc dont la dernière réclamée par le Souverain pour réformer le système judiciaire actuel. Néanmoins, l'organisation indépendante pointe du doigt le retard accusé par le pays en matière de la liberté de la presse. A cette occasion, le DG de l'ONG exhorte le gouvernement marocain à fournir plus d'effort concernant la liberté d'expression et les sanctions y afférentes. Certains analystes estiment que l'approche empruntée par Amnesty Internationale ne manque pas de contractions quant elle parle de limitation de la liberté d'expression (En 2010, “des défenseurs sahraouis des droits humains et d'autres militants ont été harcelés, et notamment placés sous étroite surveillance”, souligne l'ONG) au regard de ce qui se passe dans les provinces du sud ou encore les déclarations du dernier congrès de l'AMDH. Par ailleurs, Mohamed Sektaoui, a toutefois demandé “que les autorités algériennes fassent preuve de coopération pour permettre à Amnesty d'enquêter sur les abus commis par le Polisario au cours des années 70 et 80”. Situation dans le monde Le Rapport 2010 d'Amnesty International fait état d'atteintes aux droits humains commises dans 159 pays et montre comment des gouvernements puissants font obstacle aux avancées dans le domaine de la justice internationale en se plaçant au-dessus des lois relatives aux droits humains, en protégeant leurs alliés contre les critiques et en n'agissant que lorsque cela les arrange politiquement. En fait, le rapport 2010 d'Amnesty International rend compte de la situation des droits humains en 2009 dans 159 pays et territoires. Ce rapport retrace, lit-on, dans l'avant propos du dit rapport, une année où l'obligation de rendre des comptes et l'instauration d'une véritable justice ont pu faire figure d'idéal lointain où la répression, la violence, la discrimination, les coups de force et les impasses politiques font la règle. Mais il salue également de réelles avancées et montre qu'il est aujourd'hui plus difficile pour les auteurs des pires crimes d'espérer échapper à la justice. Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, les gouvernements de pays comme l'Arabie saoudite, la Syrie et la Tunisie n'acceptaient toujours pas la critique. En Iran, une répression de plus en plus forte a fait suite aux protestations soulevées par les résultats électoraux du mois de juin. Le rapport relève que de nombreux pays n'ont insisté sur l'obligation de rendre des comptes que lorsque cela les arrangeait politiquement. C'est le cas des Etats-Unis et des pays d'Europe qui ont ainsi fait usage de leur position au sein du Conseil de sécurité des Nations unies pour protéger Israël contre des mesures énergiques visant à lui faire répondre de crimes de guerre présumés et de possibles crimes contre l'humanité qui auraient été commis dans la bande de Gaza. En Amérique du Sud, plusieurs anciens chefs d'Etat ont comparu en justice en application de la législation nationale pour des violations des droits humains. Ce n'est pas uniquement entre les gouvernements et les personnes que se situe la faille en matière de justice, relate Amnesty International. On assiste à une montée en puissance et en influence des acteurs économiques mondiaux. Le droit international a évolué de manière à protéger des intérêts économiques planétaires, par le biais de toute une série d'accords sur le commerce et les investissements internationaux, appuyés par des mécanismes garantissant leur application. Le Rapport 2010 témoigne, en conclusion, du courage du mouvement de défense des droits humains dans son ensemble, qu'il s'agisse des organisations ou des personnes : il mène une action constante pour obtenir des lois internationales et nationales fortes, en affirmant hautement qu'elles doivent servir à assurer une justice digne de ce nom.