Le chef du commando qui mené une tentative de coup d'Etat à Libreville a été arrêté et deux autres membres de son commando ont été tués, a annoncé la présidence gabonaise. Un groupe de jeunes militaires avait investi lundi la radio d'Etat pour appeler le peuple à «prendre le contrôle de la rue». «Le calme est revenu, la situation est sous contrôle», a déclaré ce lundi matin à l'AFP le porte-parole du gouvernement gabonais Guy-Bertrand Mapangou. Vers 6h30, les Gabonais qui écoutaient la radio d'Etat du pays avaient eu la surprise d'entendre un message lu par un militaire se présentant comme commandant-adjoint de la Garde Républicaine (GR) et se disant président d'un Mouvement patriotique des jeunes des forces de défense et de sécurité du Gabon (MPJFDS). Le militaire appelait le peuple «à prendre le contrôle de la rue» et annonçait la mise en place d'un «Conseil national de restauration». Les putchistes jugeaient les institutions du pays «illégitimes et illégales», soulignant que «le jour tant attendu est arrivé où l'armée a décidé de se mettre aux côtés de son peuple afin de sauver le Gabon du chaos». Quatre membres du commando ont été arrêté lundi matin, a d'abord indiqué le porte-parole du gouvernement. Les forces de sécurité ont été déployées dans la capitale et elles le resteront pour les prochains jours afin de maintenir l'ordre, a-t-il ajouté. L'AFP a constaté le déploiement de la garde républicaine autour du bâtiment de la Radio télévision gabonaise (RTG). Finalement, le chef du commando a été arrêté et deux autres membres de son groupe ont été tués. Les personnes prises en otage ont quant à elle été libérées, d'après la présidence. Tôt lundi matin, des coups de feu avaient été entendus dans cette zone de Libreville, la capitale du pays. Des blindés des forces de sécurité gabonaises ont en outre bloqué l'accès à l'un des grands boulevards. Dans un quartier populaire proche de la RTG, des dizaines de jeunes ont incendié une voiture et enflammé des pneus, semblant vouloir répondre à l'appel au soulèvement des mutins, a constaté l'AFP. Les forces de l'ordre ont tiré du gaz lacrymogène pour tenter de la disperser. Ali Bongo absent du Gabon depuis octobre Cette tentative de coup d'Etat a été condamnée par la France. «Nous condamnons toute tentative de changement de régime extra-constitutionnel. La stabilité du Gabon ne peut être assurée que dans un strict respect des dispositions de sa Constitution», a déclaré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères. L'Union africaine (UA) a «fermement» condamné «la tentative de coup de ce matin au Gabon», réaffirmant «le rejet total de tout changement inconstitutionnel de pouvoir». Depuis le 24 octobre, le Gabon est privé de son président Ali Bongo. Après avoir fait un AVC en Arabie saoudite, ce dernier est soigné à Rabat (Maroc). La vacance du pouvoir n'a pas été déclarée en l'absence du chef de l'Etat. La Cour constitutionnelle a transféré en partie des pouvoirs du président au premier ministre et au vice-président. Depuis deux mois, la communication officielle a été rare et partielle quant à la santé du chef de l'Etat de 59 ans, alimentant les rumeurs les plus folles sur les réseaux sociaux. Le 31 décembre, le président a pris la parole pour la première fois depuis son hospitalisation. Cette prise de parole, peu fluide, était pour le MPJFDS une «honte» pour un «pays (qui) a perdu sa dignité».