Le blocage lors de l'élection du président de la Chambre des représentants des Etats-Unis à cause d'une rébellion menée par vingt membres du parti républicain à la chambre basse du Congrès vient confirmer une réalité de plus en plus évidente: le Grand Old Party est plus divisé que jamais. Tout a commencé à l'annonce de la défaite de Donald Trump lors des dernières élections présidentielles. L'ancien locataire de la Maison Blanche avait alors contesté les résultats, ce qui a conduit une frange extrémiste parmi ses partisans à mener un assaut contre le Capitole, un fait rarissime dans l'histoire de la démocratie américaine. La position de Trump n'a pas été partagée par l'ensemble des leaders du parti républicain. Beaucoup se sont en effet distancés de l'ancien président, et les images d'un Capitole pris d'assaut le 6 janvier 2021 n'a pas arrangé les choses. Lors des dernières élections de mi-mandat, en novembre 2022, la vague rouge annoncée par les sondages et les médias n'a pas eu lieu. Malgré des taux bas d'approbation de l'action du président Joe Biden et une inflation au plus haut depuis quatre décennies, les démocrates ont réussi à conserver leur majorité au Sénat, cédant la chambre basse du Congrès aux républicains. Suite à l'annonce des résultats de ce scrutin, Trump a fait face à des attaques publiques inhabituelles de la part de membres influents du parti républicain. Trump a été considéré comme largement responsable de la défaite décevante des républicains à ces élections, car un certain nombre de candidats qu'il avait approuvés ont été vaincus, y compris des candidats au poste de gouverneur et au Sénat de Pennsylvanie et au poste de gouverneur du Michigan, New York et Wisconsin. David Urban, un conseiller de longue date de Trump, ou encore l'ancien député Peter King, un républicain de Long Island qui soutenait depuis longtemps l'ancien président, n'ont pas hésité à le dénoncer publiquement. « Je crois fermement qu'il ne devrait plus être le visage du Parti républicain », a souligné King. Trump semble en fait de plus en plus vulnérable depuis l'attaque contre le Capitole. Pourtant, le milliardaire a annoncé sa décision de se porter candidat aux prochaines élections présidentielles de 2024. Une candidature qui n'arrive pas toujours pas à recueillir le soutien total des républicains. Pis encore, plusieurs leaders du GOP préfèrent Ron DeSantis, le gouverneur de Floride. Les derniers sondages montrent même une grande avance de DeSantis lors d'une potentielle primaire républicaine face à Trump. La rébellion des vingt membres du GOP contre l'élection du républicain Kevin McCarthy au poste de président de la Chambre des représentants vient confirmer la fragmentation du parti. Malgré la sortie récente de Trump, qui a demandé aux républicains d'appuyer la candidature de McCarthy, le blocage a persisté, un signe de la fin de la mainmise de l'ancien président sur le GOP. En dépit de leur majorité à la Chambre des représentants, les républicains semblent en fait plus divisés que jamais. L'image du parti a pris un coup aux yeux des Américains, voire devant le monde entier. Cette rébellion a mené au plus long blocage au Congrès depuis 164 ans. En effet, la Chambre des représentants ne peut mener aucune activité et les nouveaux députés ne peuvent prêter serment tant qu'un président n'a pas été élu. Les divisions au sein des républicains sont du pain béni pour les démocrates, dans la perspective de remporter de nouveau les élections présidentielles de 2024. Le parti de Biden semble uni et bien mieux organisé que son rival républicain. Les victoires législatives remportées par Biden, dont l'adoption de la Loi sur le climat, les soins de santé et les impôts, outre la décision du président d'annuler une partie des emprunts étudiants pour des millions d'Américains, renforcent la position du parti auprès des électeurs. Dans l'attente d'un probable revirement de la situation et d'une réorganisation des rangs chez les républicains, la Maison Blanche semble s'éloigner pour l'instant du GOP à moins de deux ans de l'élection présidentielle. Même si en politique, la situation peut toujours évoluer au gré des rebondissements.