Un an après l'assaut contre le siège du Congrès américain, les élus des deux partis s'apprêtent à commémorer l'anniversaire d'une journée sombre qui a ébranlé l'un des temples de la démocratie aux Etats-Unis. Pour marquer ce triste anniversaire, le président Joe Biden et la vice-présidente Kamala Harris doivent prononcer des discours pour lancer les cérémonies dans le National Statuary Hall. Biden devrait souligner la « signification historique » du 6 janvier, selon la porte-parole de la Maison Blanche Jen Psaki, et aborder « ce que cela signifie pour le pays un an plus tard ». Les événements de jeudi comprennent également une minute de silence, des témoignages de législateurs, une discussion avec des historiens et une veillée de prière sur les marches du Capitole. Initiée par une panoplie de militants d'extrêmes droite, l'attaque du 06 janvier dernier contre le Capitole était destinée à empêcher la certification des votes des grands électeurs après la présidentielle de novembre 2020, emportée par Joe Biden. En effet, certains partisans de l'ancien président Donald Trump, encouragés par ce dernier, ont violemment rejeté le résultat des élections, estimant, malgré les nombreux recomptages des urnes, que le candidat républicain avait été victime de fraudes. →Lire aussi : USA: 4,5 millions de travailleurs ont quitté leur emploi en novembre, un record Dans la foulée de cet évènement majeur de l'histoire moderne des Etats-Unis, la quasi-totalité des élus républicains a condamné l'assaut contre le Capitole, tout en exprimant des critiques vis-à-vis de Trump jugé premier responsable de cette manifestation qui a dégénéré. Mais une année plus tard, l'écrasante majorité dans le clan républicain reste fidèle à l'ancien président Trump, qui contrôle plus que jamais la base du GOP, et ce faisant, le destin politique des élus du parti que ce soit à la Chambre des représentants ou au Sénat. Un sondage publié fin décembre dernier par l'Université du Massachusetts à Amherst a révélé que près des trois quarts des républicains (71 %) doutent de la légitimité de la victoire électorale de Biden, tandis que 21 % seulement ont déclaré qu'il était « probablement » ou « certainement » le gagnant. Depuis une année, en effet, les chefs de file du parti républicain se livrent tant bien que mal à un exercice de funambule pour ne pas froisser Donald Trump, d'une part, et ne pas minimiser la gravité des événements du 06 janvier, de l'autre. « Les actions de ce jour-là étaient illégales et aussi mauvaises que possible », a ainsi clamé le chef de la minorité républicaine à la Chambre, Kevin McCarthy, dans une lettre adressée aux membres de son parti. Le même McCarthy a ensuite accusé les démocrates d'utiliser les événements du 6 janvier « comme une arme politique partisane pour diviser davantage notre pays » et a fait valoir qu'ils devraient se concentrer sur l'amélioration de la sécurité du Capitole. Les élus ne sont toutefois pas restés les bras croisés, adoptant, dès l'été dernier, un budget de 2,1 milliards de dollars pour renforcer la sécurité autour du complexe du Capitole. Pour les démocrates, l'assaut contre le capitole est un pain béni qu'ils n'ont pas tardé à exploiter pour tenter de mettre fin, en vain, aux ambitions politiques de Donald Trump. Ainsi, la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi a désigné une commission bipartisane d'enquête sur les évènements du 06 janvier. Les deux seuls républicains qui siègent au sein de cette commission, Liz Cheney, et Adam Kinzinger, ont été immédiatement cloués au pilori par les chefs de fil du parti. Mme Cheney a ainsi été éjectée manu militari du leadership du GOP, tandis que Kinzinger a tout simplement annoncé qu'il ne représenterait plus aux élections pour un prochain mandat, lassé par les menaces de morts quasi quotidiennes à son encontre. De son côté, malgré le blocus médiatique auquel il fait face depuis un an, Donald Trump persiste et signe. L'ancien président a en effet annoncé, avant de se rétracter, une conférence de presse à Palm Beach en Floride à l'occasion du premier anniversaire des évènements du Capitole pour répéter ses allégations de fraude électorale. Selon le Wall Street Journal, ses proches alliés, dont le sénateur Lindsey Graham, auraient réussi à l'en dissuader, estimant que Trump devrait prendre ses distances par rapport à sa rhétorique sur la fraude électorale. Graham, comme ses collègues républicains, garde l'œil braqué sur les élections de mi-mandat de 2022, lors desquelles le GOP espère reprendre le contrôle du Congrès, pour peu que Donald Trump se retienne d'alimenter les arguments des démocrates en répétant ses allégations d'élections volées. Pour sa part, le ministre de la Justice, Merrick Garland, sous le feu des critiques des démocrates pour le manque de poursuites contre les proches collaborateurs de Trump, a annoncé mercredi que des procès pourraient être intentés contre de hauts responsables de l'ancienne administration. Jusqu'à présent, en effet, seuls les manifestants ayant pris part à l'assaut contre le Capitole ont été arrêtés et condamnés. Plus de 700 personnes ont été arrêtées, dont plus de 275 personnes inculpées pour entrave à l'obligation du Congrès de certifier les résultats des élections. De même, le F.B.I. a demandé au public de l'aider à identifier des centaines d'autres suspects. Le gouvernement estime que 2.500 personnes pourraient faire l'objet de poursuites fédérales. « Le ministère de la Justice reste déterminé à faire en sorte que tous les auteurs du 6 janvier, à quelque niveau que ce soit, répondent de leurs actes devant la loi – qu'ils aient été présents ce jour-là ou qu'ils soient autrement responsables pénalement de l'attaque contre notre démocratie », a martelé M. Garland. « Nous suivrons les faits où qu'ils mènent », a-t-il promis. Avec MAP