Deux pays centraux dans leurs régions respectives, le Maroc et le Brésil ont continué en 2022 à raffermir leur rapprochement politique à la faveur d'une coopération économique qui ne cesse de se développer et d'une complémentarité commerciale mutuellement fructueuse. Le pays sud-américain de 215 millions d'habitants, première économie latino-américaine, figure ces dernières années parmi les principaux partenaires commerciaux du Royaume, comme en témoigne l'intensité des échanges de visites et de présence des responsables des deux côtés dans les événements de tous genres organisés dans les pays riverains de l'Atlantique. Ces échanges ont permis aux deux parties de se doter d'un cadre juridique étoffé qui soutient l'essor des échanges commerciaux et de la coopération politique et économique entre les deux pays dont les économies sont tout aussi complémentaires que prometteuses. Le « rapprochement politique » dont s'était félicité le président brésilien Jair Bolsonaro, voulu et promu par les hautes autorités des deux pays, ont fait que les échanges commerciaux battent des records depuis 2016, pour atteindre un niveau sans précédent en 2021, avec un volume d'échanges à près de 3 milliards de dollars. Les exportations marocaines au Brésil ont atteint près de 2 milliards de dollars. Le Maroc qui était l'année dernière le premier exportateur arabe vers le pays le plus vaste d'Amérique latine, est désormais perçu comme un « partenaire stratégique », selon les termes utilisés par Bolsonaro. L'année 2022 est bien partie pour enregistrer un nouveau record en termes d'échanges commerciaux. Durant les 11 premiers mois, ces échanges se chiffrent déjà à plus de 3 milliards, avec un excédent commercial de 2 milliards de dollars pour le Royaume. En effet, « le Maroc, en termes économiques et commerciaux, est assez importante pour le Brésil (…) le Maroc est vraiment un partenaire stratégique pour Brasilia, notamment en matière agricole, car le Royaume joue un rôle prépondérant dans le développement d'un pays à grande vocation agricole comme le Brésil, qui dépend des importations d'engrais marocains », avait expliqué le président de la Chambre de commerce arabo-brésilienne (CCAB), Osmar Chohfi dans une déclaration à M24, la chaîne d'information en continu de l'Agence marocaine de presse (MAP). Pour lui, la coopération pourrait encore gagner en ampleur en saisissant les multiples opportunités qui s'offrent aux deux pays dans des domaines comme l'industrie aéronautique, l'industrie automobile et d'autres secteurs à grandes valeurs ajoutée, sans oublier les atouts et les avantages qu'offre le port Tanger Med pour le commerce avec le Maroc, mais aussi avec l'Afrique et le Monde Arabe. Mais au-delà de la portée économique des liens unissant le Maroc et le Brésil, les deux pays font preuve traditionnellement d'une bonne entente politique et diplomatique qui augurent de perspectives de coopération encore plus prometteuses entre deux pays influents dans leurs régions respectives, consolidées par plusieurs accords conclus entre les deux gouvernements ces dernières années. L'ancien président brésilien, Fernando Affonso Collor de Mello, a affirmé que « les relations économiques entre le Brésil et le Maroc se développent rapidement, mais il y a encore un énorme potentiel pour aller de l'avant ». Et Collor de souligner qu' »à moyen terme, nous sommes appelés à relever le défi de maintenir le rythme de croissance du commerce bilatéral, principalement par la diversification du portefeuille (des échanges commerciaux), qui est encore concentré sur quelques produits comme le sucre et les engrais », mettant en avant l'importance de ce partenariat pour la sécurité alimentaire mondiale. Même son de cloche chez l'expert brésilien en géopolitique, Vinicius De Freitas, pour qui « il serait judicieux, avant de s'orienter vers des produits plus industrialisés, que le Maroc et le Brésil travaillent ensemble pour ajouter de la valeur aux produits primaires fabriqués de part et d'autre de l'Atlantique ». Selon l'ancien président brésilien, « la conclusion d'un accord de libre-échange entre le MERCOSUR (Marché commun du sud : Argentine, Paraguay, Uruguay et Brésil) et le Maroc donnerait un grand élan aux relations économiques entre nos pays » et contribuerait à cette diversification des domaines de coopération. Ces ambitions légitimes jouissent du soutien inconditionnel des responsables des deux côtés, aux niveaux politique, diplomatique, économique, mais aussi parlementaire. Encadrées par une volonté politique et confortées par une conviction de l'importance de ce partenariat mutuellement bénéfique qui transcende les gouvernements en place, les relations de coopération semblent réunir tous les ingrédients pour la construction d'un partenariat stratégique entre le Maroc et le Brésil, durable dans le temps et solide dans le fond.