Zinédine Zidane a été «super arrogant» et «je l'ai insulté», a reconnu lundi le joueur italien qui a reçu un coup de tête du Français, occasionnant son expulsion en finale du Mondial. Selon le Figaro «J'ai tenu son maillot pendant quelques secondes seulement, il s'est tourné vers moi, il m'a parlé en raillant, il m'a regardé avec super arrogance, de haut en bas: «Si vraiment tu veux mon maillot, je te le donnerai après». Je lui ai répondu avec une insulte, c'est vrai». Marco Materazzi avoue dans les colonnes de la Gazzetta dello Sport de mardi avoir provoqué le meneur de jeu tricolore. Mais il ne voit rien de scandaleux à ses paroles. Interrogé pour savoir si l'insulte visait la s?ur du joueur français, comme l'ont affirmé certains médias, il a précisé avoir proféré «une insulte de celles qu'on s'entend dire des dizaines de fois et qui nous échappent souvent sur le terrain». «Pour moi, la maman est sacrée» «Ce qui est sûr c'est que je ne l'ai pas traité de terroriste: je ne suis pas cultivé et je ne sais même pas ce que c'est un terroriste islamiste et ma seule terroriste c'est elle...», a dit Materazzi au journaliste en se tournant vers sa fille de 10 mois, dormant à ses côtés dans l'avion qui a ramené l'équipe italienne à la maison. «Je n'ai certainement pas mis en cause non plus la maman de Zidane, pour moi, la maman est sacrée», a ajouté le joueur de l'Inter Milan. Le Corriere della Sera rappelle qu'il a perdu sa mère à l'âge de 14 ans et qu'il n'aurait certainement jamais insulté celle de Zidane. Le mystère demeure donc sur ce que Materazzi a réellement dit au n°10 des Bleus pour provoquer une colère pareille. La presse italienne, notamment La Stampa, rappelle que le rugueux défenseur transalpin est coutumier des provocations et des bagarres. En février 2004, au cours d'un match contre Sienne, Materazzi a passé la seconde mi-temps à irriter le défenseur Bruno Cirillo qu'il traitait de «stupide» depuis le banc de touche. A la fin de la partie, Cirillo a accouru vers lui, avant d'être expédié au tapis d'un coup de poing au visage. Voir un florilège des plus belles fautes commises par Materazzi. Spéculations de la presse britannique Selon plusieurs journaux britanniques de mardi, le défenseur italien Marco Materazzi aurait traité Zinédine Zidane de «fils d'une pute terroriste», insulte qui aurait déclenché le violent coup de tête de dimanche soir. Après avoir consulté des experts capables de lire sur les lèvres, The Times, The Sun et le Daily Mirror, arrivent tous à la même conclusion. Alors que Zidane s'éloignait, Materazzi lui aurait dit: «On sait tous que tu es le fils d'une pute terroriste». Pour arriver à ce résultat, The Times a fait appel à Jessica Rees, une spécialiste de la lecture sur les lèvres souvent appelées à collaborer dans des affaires judiciaires en Grande-Bretagne. Le Daily Mirror arrive à la même conclusion à partir d'une version intégrale de la discussion entre Materazzi et Zidane publiée sur un site internet italien. Quant au Sun, il affirme avoir appris les termes insultants adressés par le joueur italien au meneur de jeu français via l'entourage de l'équipe de France. Réactions partagées en France Mardi matin, le président de Sos Racisme a demandé des sanctions contre les auteurs de propos racistes et singulièrement contre le joueur italien. «Nous ne pouvons pas laisser passer ce type de comportement parce qu'on voit bien depuis plusieurs semaines, plusieurs mois, voire plusieurs années d'ailleurs que le foot est quand même gangrené par ce type d'altercation raciste entre joueurs, entre le public et les joueurs», a estimé Dominique Sopo. Dans le monde politique français, les avis divergent. Si pour Philippe de Villiers, Zinedine Zidane «doit s'excuser, doit dire ses regrets» pour «ce coup de tête fatal à son image», Laurent Fabius invoque les Dieux antiques. «La mythologie grecque nous donne l'explication. Il y a les dieux, il y a les humains et il y a les demi-dieux qui s'appellent des héros. Le héros, c'est le fils d'un dieu et d'une mortelle», a-t-il rappelé. «On avait tellement fait de Zinedine Zidane une sorte de dieu qu'il est redevenu humain, c'est-à-dire un personnage qui peut craquer», a observé Julien Dray, porte-parole du PS. De son côté, François Baroin estime que l'«on fait porter sur les épaules de ces footballeurs une responsabilité absolument immense. On demande à cette équipe de France de répondre à toutes les misères de la société française». Pour sa part, Zizou a décidé d'attendre quelques jours avant de parler de cette affaire.