Le gouvernement Hamas s'est déclaré favorable jeudi à l'instauration d'un cessez-le-feu avec Israël à condition que ce dernier mette un terme à ses activités militaires dans la bande de Gaza et en Cisjordanie. Le mouvement islamiste a par ailleurs exigé des explications du président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, sur la livraison non confirmée d'un millier de fusils automatiques M-16 par Israël. "J'ai parlé aujourd'hui avec le Premier ministre (Ismaïl Haniyeh) et il a dit qu'il voulait vraiment un cessez-le-feu partout", a annoncé en hébreu sur les ondes de Radio Israël Ghazi Hamad, porte-parole du gouvernement. Contacté par Reuters, il a précisé que cette offre, qu'aucun responsable israélien n'a commenté dans l'immédiat, était soumise à condition. "Nous sommes prêts à lancer des discussions avec les factions pour parvenir à l'arrêt des tirs de roquettes à la condition qu'Israël s'engage à stopper toute action militaire contre les Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie", a-t-il dit. Le Hamas a annoncé vendredi dernier la rupture de la trêve qu'il respectait depuis seize mois et a aussitôt tiré des roquettes contre le sol israélien depuis la bande de Gaza. Mais le nombre et la fréquence de ces tirs ont diminué depuis. D'après la radio militaire israélienne, quatre roquettes se sont ainsi abattues jeudi près de la ville israélienne de Sderot, un nombre à rapporter aux 30 à 40 projectiles quotidiens juste après la fin de la trêve. L'état-major israélien y voit la conséquence directe des menaces lancées contre les responsables du Hamas. Selon le quotidien israélien Haaretz, qui cite des sources palestiniennes, Ismaïl Haniyeh aurait ainsi invité les dirigeants de la branche militaire du mouvement à mettre un terme à ces tirs après les menaces brandies par les autorités israéliennes. Au tout début de la semaine, Tzachi Hanegbi, président de la commission des Affaires étrangères et la Défense de la Knesset et haut responsable de Kadima, le parti d'Ehud Olmert, avait averti que les jours d'Haniyeh lui-même seraient menacés en cas de reprise des attentats suicide en Israël. LIVRAISON D'ARMES À LA GARDE D'ABBAS Olmert a par ailleurs donné son feu vert à la livraison d'un millier de fusils d'assaut M-16 aux services de sécurité fidèles au président palestinien Mahmoud Abbas, afin de le renforcer dans la lutte de pouvoir qui l'oppose au Hamas, écrit le Yedioth Ahronot. Le quotidien israélien précise qu'un chargement de 400 de ces armes de fabrication américaine a été livré mercredi à Ramallah, quartier général d'Abbas en Cisjordanie; 550 autres ont été acheminées dans la bande de Gaza. Mardi, le chef du gouvernement israélien avait donné son aval à ces livraisons parce que, avait-il dit, "nous manquons de temps et que nous devons aider Abou Mazen (alias Mahmoud Abbas)". Saeb Erekat, proche collaborateur d'Abbas, a démenti l'arrivée de ces armes, affirmant qu'elles se trouvaient en Jordanie depuis six mois - soit avant le triomphe du Hamas aux élections législatives - et qu'elles y étaient toujours. Mais l'information du Yedioth Ahronot a aussitôt été exploitée par le Hamas. "Nous réclamons des explications du président. Nous rejetons toute intervention israélienne dans nos affaires intérieures parce que les Israéliens cherchent à semer la division parmi le peuple palestinien", a déclaré le député islamiste Mouchir al Masri. Abbas dispose de l'appui des Occidentaux dans le bras de fer qui l'oppose aux islamistes du Hamas, parfois violemment - une vingtaine de personnes ont péri dans le mois écoulé dans des affrontements entre miliciens du Hamas et du Fatah nationaliste. Et les tensions interpalestiniennes sont avivées par le blocus financier qui empêche le gouvernement Hamas de verser les salaires des quelque 165.000 fonctionnaires des territoires. Jeudi, leur leader syndical a prévenu qu'ils allaient accentuer leur mouvement de protestation. "L'intifada de la faim a débuté", a déclaré Bassam Zakarneh.