Motif essentiel : les hausses successives des prix du gasoil Suite à l'effet très limité de la dernière grève d'une vingtaine de jours qu'ils ont observée entre janvier et février, les professionnels de la pêche côtière reprennent leur mot d'ordre pour une autre grève d'une semaine, de 15 à 23 mai. Cette décision, qui a été prise lors d'une réunion entre les professionnels tenue le 5 mai à Agadir, a été annoncée officiellement à la presse avant-hier à Casablanca. Sauf qu'au lieu de grève, ils préfèrent appeler leur initiative comme arrêt d'activité auquel ils sont contraints. Motif essentiel invoqué pour ce débrayage: les hausses successives qu'ont connues les prix du gasoil. «Il ne s'agit pas d'une grève mais d'un "arrêt contraint" à cause de la flambée du gasoil, dont le prix est actuellement de 8 DH/l », a précisé le président de la Commission nationale de la pêche côtière, Mohamed Oumoud, à cette occasion. D'ailleurs, affirme-t-il, certains armateurs sont déjà restés au quai sans même attendre ce mot d'ordre «car, ils n'en peuvent plus». Outre une subvention du prix des carburants, les armateurs de la pêche côtière réclament une exonération, pour 5 ans, des impôts notamment de la taxe versée à l'Office national des pêches (ONP) sur le prix de vente des prises (16 à 17%). Il est à rappeler qu'au lendemain de la dernière grève, ils ont été reçus par le ministre de la Pêche qui leur a présenté ses propositions pour sortir de l'impasse, mais ils ont jugé que cette offre est très maigre et ne satisfait pas leurs revendications. Il s'agit notamment d'une réduction de 1% des retenues opérées par l'ONP sur le prix de vente des prises. Pour revenir à la charge, ils sont actuellement en train de fignoler la reformulation de leurs revendications. Mais, les grandes lignes de ce cahier revendicatif sont connues. Il s'agit d'un prix de la tonne du gasoil ne dépassant pas 5.000 DH la tonne. Selon eux, ce problème, qui continue à plomber les comptes de tous les armateurs, va encore s'alourdir au point de bloquer l'activité de pêche. «Si le gasoil ne représentait par le passé que 20 à 25% des coûts pour notre activité, il en représente actuellement 65 à 70%», s'alarme Mohamed Oumoud qui lance carrément un cri de détresse : «La pêche agonise !». Les armateurs se plaignent notamment du fait qu'ils n'ont pas pu répercuter les hausses des prix des carburants sur leur prix de vente. «Au moment où le prix du gasoil a évolué de 1,5 DH à 8 DH, nos prix de vente n'ont augmenté que d'une façon très timide (entre 5 et 10%)», selon un membre de la Commission nationale de la pêche côtière. Ces armateurs ont notamment tenu à faire savoir qu'ils ne profitent pas de la cherté des poissons sur le marché, mais que ce sont essentiellement les intermédiaires qui en bénéficient. «De l'armateur à la destination finale (chez l'industriel ou au marché), le poisson passe parfois par quatre à cinq intermédiaires et le prix s'en trouve parfois triplé !», s'indigne-t-il. Selon les professionnels, c'est notamment l'ONP qui est responsable de cette situation. Ils ont ainsi profité de cette occasion pour réclamer une meilleure organisation de la commercialisation du poisson. ------------------------------------------ Exonération de la TVA Il est à rappeler qu'une commission interministérielle mise en place par le gouvernement en vue de statuer sur la question a décidé en janvier dernier l'extension de l'exonération de la TVA à la flotte de pêche côtière, compte tenu des similitudes de ce segment avec l'armement hauturier (zones de pêche, espèces, marchés…). Présidée par le ministre des Affaires économiques et générales et regroupant les représentants des départements des Finances et de l'Economie et de la Pêche maritime, cette commission avait également statué sur les prix de vente du gasoil pêche qui ont connu une baisse de l'ordre de 30 centimes le litre à partir du 1er février 2008, date à laquelle le dispositif susvisé entre en vigueur. Parallèlement à ces mesures, les sociétés de distribution s'étaient engagées à réduire la différence de prix entre les segments côtier et hauturier, et ce, dans un délai n'excédant pas deux mois. Il s'agissait également d'un programme de mise à niveau et de modernisation de la flotte de pêche côtière et artisanale, « permettant une meilleure valorisation des produits débarqués et par conséquent une meilleure couverture des charges d'exploitation », selon le ministère de l'Agriculture et de la Pêche maritime. Ce ministère a également tenu des consultations avec le ministère de l'Energie et des Mines, de l'Eau et de l'Environnement et les représentants des sociétés des produits pétroliers, en vue de rapprocher, autant que possible, les tarifs appliqués à la pêche côtière à ceux dont bénéficie l'armement hauturier et également de répercuter, de façon immédiate, toute baisse survenue au niveau du prix international. Le prix de vente du carburant pêche a suivi des augmentations vertigineuses au cours des trios dernières années, au point de constituer une menace sérieuse pour la durabilité du secteur halieutique national.