Guy Marrache, PDG du groupe Tikida Hotels › Grand patron du groupe marocain Tikida Hotels, Guy Marrache a accepté de répondre à quelques questions du Quotidien du Tourisme. En exclusivité, il évoque ses projets, sa stratégie de développement, ses liens étroits avec le groupe TUI, la promotion touristique d'Agadir... Avez-vous d'autres projets aussi luxueux que le boutique hôtel 5* Tikida Golf Palace ? Absolument. A chaque fois qu'une opportunité de terrain s'offrira à nous, nous étudierons la possibilité de construire un nouveau Tikida Golf Palace. Mais ce n'est pas si simple, dans la mesure où nous souhaitons que chaque unité soit obligatoirement posée sur un golf, comme ici à Agadir. Ce sera un peu notre signature. Exception faite peut-être pour Marrakech ? C'est vrai. A Marrakech, nous étudions un projet sans golf, plutôt du côté du quartier résidentiel de l'Hivernage, mais rien n'est fait. En revanche à Essaouira, nous sommes en discussions avancées pour le rachat d'un terrain avec golf dans la nouvelle station d'Essaouira Mogador. Si le dossier aboutit, c'est là-bas que nous ouvrirons notre second palace, dans trois ans. Les hôtels de charme, est-ce une fantaisie pour un groupe comme le vôtre ? Notre cœur de métier reste la construction de grosses structures pour le compte notamment de TUI via ses filiales Riu ou Robinson. Mais nous regardons de près les possibilités de développer la chaîne Tikida Golf Palace au Maroc. Ouvert depuis un an, celui d'Agadir (54 suites, 1 spa Sothys, un restaurant gastronomique...) est programmé par une dizaine de TO français, de Jet tours à Nosylis en passant par Kuoni, NF, Expedia ou Royal Tours. Nous espérons très vite obtenir le label Relais&Châteaux pour profiter d'une plus grande notoriété. Toutes enseignes confondues, votre développement ne passe-t-il plus que par le luxe ? Notre politique de développement ne se fera pas forcément en haut de gamme même si nos prochaines ouvertures (Robinson Agadir, Riu Palace Tikida Oumia 5* Agadir et Riu Tikida Palmeraie Marrakech *) concernent des cinq étoiles. Dans quelques jours vous remettrez les clés du Robinson Agadir à Markus Kempen, manager de l'hôtel, qui recevra ses premiers clients le 29 avril. Avez-vous d'autres commandes de TUI ? Oui. Nous avons démarré les travaux du Club Hotel Riu Tikida Palmeraie. Premier resort de la chaîne Riu à ne pas être en bord de mer, cet établissement situé dans la palmeraie de Marrakech comptera 386 chambres. Il ouvrira en octobre 2009. Riu, Robinson... quels sont exactement vos liens avec le groupe TUI ? TUI et Tikida, c'est une amitié de 40 ans, une collaboration qui a débuté en juin 1968 pour être exact. Il a fallu attendre le début des années 90, un peu avant la guerre du Golfe, pour que TUI entre dans le capital (50%) de Holidays Services, notre filiale réceptive. Plus tard, via Riu, ils prendront aussi 30% du capital de Tikida, notre chaîne hôtelière. Nous resterons toutefois libres de nos agissements. Il y a un an, TUI est monté à 70% dans Holidays Services dont mon associé et moi sommes toujours actionnaires (30%) mais plus décisionnaires. Pourquoi vous séparer de cette activité rentable ? Pour l'argent. Notre activité prioritaire restant l'hôtellerie, nous en avions besoin pour développer nos projets. La fusion entre TUI et First Choice a-t-elle déjà des répercussions sur votre activité ? Globalement, je crois que l'impact sera très positif. Je sais que les synergies, notamment en terme de transport, ont déjà commencé entre NF, TUI France et Marmara, mais aussi que les produits Marmara seront bientôt commercialisés par les agences NF. Il me semblerait logique que ces synergies se poursuivent au niveau du réceptif. Vous imaginez, 300.000 clients français en plus à accueillir, ce serait une véritable aubaine pour Holidays Services. Comment expliquez-vous que l'ONMT annonce une fréquentation en hausse de 8% du marché français, alors que les TO, eux, sont à la peine ? Il y a plus de touristes au Maroc, c'est un fait. Seulement ils ne passent plus forcément par les TO et boudent même les hôtels, notamment ceux de Marrakech (-20% de fréquentation). Les low cost ont sans doute précipité le phénomène mais pas seulement. Une ville comme Marrakech a très tôt encouragé la construction de centaines de villas privées avec piscine et d'appartements de standing qui se sont vendus comme des petits pains à des Belges, des Anglais, des Français, des Allemands... Autant de touristes qui ne descendent plus à l'hôtel aujourd'hui. A trop vouloir le beurre et l'argent du beurre... Un tel phénomène est-il possible à Agadir ? Je ne crois pas. Et pour deux raisons: Agadir n'a pas l'aura de Marrakech et il n'y a pas de terrain à acheter. La fréquentation dans les hôtels d'Agadir est pourtant en baisse ? C'est vrai, d'environ 15% dans nos établissements mais pour d'autres raisons. La récession d'abord, l'aménagement de la promenade et la prolongation de la corniche ensuite. Pourquoi ce déficit d'image pour Agadir ? Agadir est une ville nouvelle, qui n'a pas d'architecture, ni de souk et encore moins de médina à proposer aux touristes. Cependant, elle offre une hospitalité, une gentillesse du personnel et un service hôtelier sans comparaison avec d'autres villes du pays, y compris Marrakech. C'est le “berbérisme” qui nous rend sans doute plus cool. Je crois qu'il est grand temps d'en finir avec cette image de station balnéaire où l'on bronze idiot. Vos idées pour que cela change ? Il faut faire confiance à la ville, aux professionnels du tourisme et aux habitants. L'État doit par ailleurs encourager les entrepreneurs étrangers à créer des centres d'animation (restos branchés, lounges, spectacles...) car c'est bien ce qui fait défaut à la destination. Les travaux de prolongement de la corniche ne doivent pas vous aider ? Non, en effet. Pour l'instant, les tractopelles sur les dunes de sable obstruant la vue sur l'océan créent même un manque d'activité dans nos établissements. Mais les clients, souvent des repeaters, semblent comprendre la situation. Après réflexion, je crois qu'au final, cette promenade pourrait être une bonne chose pour la vie nocturne d'Agadir. Comment voyez-vous l'avenir du tourisme au Maroc ? Je crois que le Maroc est très bien parti pour atteindre son objectif de 10 millions de touristes en 2010. Il y a bien quelques retards ici et là mais tout est maîtrisable. Je crois toutefois que le développement à outrance de la ville de Marrakech va trop vite. La ville est déjà en surcapacité hôtelière et ce n'est bon pour personne. Retrouvera-t-on le groupe Tikida dans les stations du Plan Azur ? Pas pour l'instant, même si la station de Saïdia est intéressante. Le développement durable est tendance, que faites-vous dans ce sens ? Pour l'heure nous traitons les eaux usées et utilisons l'énergie solaire quand cela est possible. Nous venons de construire une station d'épuration (500 000 euros) sur le domaine du Robinson à Agadir qui est également équipé de panneaux solaires (50% de l'énergie de l'hôtel). Nous ferons de même dans nos hôtels Riu d'Agadir et de Marrakech. Pour le golf et le Tikida Golf Palace, nous sommes en discussion avec la municipalité d'Agadir pour la construction d'un centre de traitement des eaux usées. Bio express 1943: naissance à Essaouira Diplômé de l'École nationale d'Assurance puis de l'École nationale de commerce de Paris 1968 : Création du groupe Holidays Services (agence réceptive, 430 employés), puis de filiales: Eden Voyage (spécialisé dans l'outgoing), SMDTT (transporteur touristique) 1995: Construction du Riu Tikida Beach à Agadir (233 chambres) 2002: Construction du Riu Tikida Dunas à Agadir (406 chambres) 2005: Création de Jet4you (première low cost marocaine) 2006: Construction du Tikida Golf Palace à Agadir (54 Suites) 2008: Construction du Club Tikida Bay à Agadir (302 chambres) Marié, père de trois enfants, Guy Marrache nourrit une vraie passion pour la marche à pied et les œuvres d'art.